Le continent africain abrite 13% de la biodiversité et environ 20% des forêts mondiales. Pour préserver ces ressources naturelles inestimables, la création d’aires protégées joue un rôle essentiel. Mais toutes ne sont pas forcément bien gérées. Pour s'assurer que la nature est effectivement bien protégée, les partenariats publics-privés entre États et ONG de conservation de la nature font leurs preuves, selon des scientifiques.
Véritables poumons de la planète, réserves uniques de biodiversité, les forêts d'Afrique, sont en danger. En cause, le développement des routes et des villes, du secteur minier et de l'exploitation du bois, mais surtout l'agriculture. C'est la principale cause de la déforestation.
En Afrique, c'est une agriculture familiale qui fournit les deux tiers des emplois sur le continent. Face à la dégradation des sols et à l'augmentation de la population à nourrir, hectare par hectare, la forêt est peu à peu rongée. Près de4 millions d'hectares de forêts ont ainsi été perdus lors de la dernière décennie en Afrique, selon la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Plus de 9 300 aires protégées en AfriqueComment alors concilier les besoins vitaux de la population avec la protection des forêts ? Car elles sont indispensables pour lutter contre le changement climatique et pour préserver la biodiversité nécessaire à l'équilibre du vivant.
Une solution bien connue est la mise en place d'aires protégées.Il y en a plus de 9 300 à ce jour en Afrique. Elles couvrent presque 15% de la surface du continent et l'objectif international est d'atteindre 30%.
Ces parcs naturels manquent pourtant cruellement de financements, de personnels compétents et les défaillances de gouvernance compliquent la mission des États qui les mettent en place.
Plusieurs modèles de gestion alternatifs et efficaces existent cependant, comme la gestion communautaire par exemple pour impliquer la population. Depuis vingt ans, on voit aussi le développement de partenariats public-privé entre les États et des ONG de conservation de la nature. Parfois, ce sont des milliers de km² qui sont confiées à ces ONG locales ou internationales.
Concilier besoins de la population et préservation de la natureUne des clés de ces partenariats, c’est qu’ils se font sur le temps long. Les ONG apportent leur savoir-faire et arrivent à débloquer des fonds auprès des bailleurs internationaux pour mettre en place des projets et des compétences sur la durée.
Une équipe de scientifiques a recensé 127 partenariats de ce genre sur 16 États importants en termes de biodiversité comme la République démocratique du Congo, le Congo-Brazzaville, le Zimbabwe, la Zambie ou encore Madagascar. Les résultats de leur étude montrent qu’en moyenne, la déforestation diminue de 55% dans les aires protégées gérées par ces modèles.
Sébastien Desbureaux, chercheur spécialiste de l'économie de l'environnement à l'INRAE et auteur de l'étude, explique qu’au Rwanda, un des parcs connus pour ce type de gestion fructueuse est « le parc de l’Akagera, par exemple. À la fin des années 1990, il avait perdu une partie importante de sa faune. Le parc est désormais géré par une ONG sud-africaine, African park networks, qui a réussi à renforcer la gestion et à mettre en place un écotourisme important depuis le milieu des années 2000. À tel point qu’aujourd’hui, le parc est autonome financièrement grâce aux revenus du tourisme et la population de faune s’est vraiment restaurée et atteint aujourd’hui des records. »
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L'idée est de développer d'autres activités que l'agriculture et ainsi réduire la pression sur le milieu naturel, tout en permettant à la population de subvenir à ses besoins.