エピソード

  • Une trêve de bienséance en politique aux États-Unis
    2025/01/11
    Il souffle sur Washington DC une légère brise de tolérance. Sans doute l'esprit de Jimmy Carter et Gerald Ford, ces rivaux devenus amis. La coexistence est toujours plus simple, lorsque les adversaires politiques s'accordent sur quelques valeurs communes. Mais, ici, l'harmonie ne durera que le temps que voudront certains. À la cérémonie couronnant, ce jeudi, les obsèques de l’ancien président Jimmy Carter à la cathédrale nationale, à Washington, il régnait une harmonie, qui tranche avec les tensions politiques de ces dernières années dans la capitale fédérale. D’où vient donc l’impression que ce seul événement pourrait réconcilier la classe politique américaine ?Cette harmonie est à l’image de la vie politique de Jimmy Carter, tout en bienveillance, loin de ce détestable mélange d’intolérance et de vulgarité qui semblait être devenu la norme, ces derniers temps, à Washington DC. La décence, la dignité, la bonté, le souci des autres et de l’intérêt général propres à l’ancien président comptent aussi dans la place que fait l’Histoire à chaque homme d’État. Que démocrates et républicains s’accordent à lui reconnaître ces qualités à Carter prouve que dans l’esprit de tous, elles constituent des valeurs que tous attendent des leaders politiques. Jimmy Carter était comme sous-coté. C’est à sa mort que tous semblent découvrir qui il était vraiment, alors que beaucoup se fondaient sur son échec à se faire réélire pour conclure qu’il n’avait pas été un grand président. Lui-même n’était pas assez narcissique pour vanter ce qu’il a réussi, en un seul mandat.À lire aussiLes hommages se multiplient après la mort de l'ex-président américain Jimmy CarterQu’a-t-il donc réussi, que l’on ne savait pas ?D’abord, Jimmy Carter, premier président élu après la démission de Richard Nixon, avait ramené un peu d’intégrité à la Maison Blanche, après les années Watergate. Il osait des décisions courageuses, en associant, dans un esprit bipartisan, l’opposition républicaine à l’adoption de ses textes. Il mettait l’accent sur les droits civiques, aux États-Unis, et sur les droits de l’homme, à l’étranger. Il a fait libérer des centaines de prisonniers politiques en Amérique latine, piloté les Accords de Camp David, initié la création de l'US Holocaust Memorial Museum… C’est aussi lui qui a créé le Département de l’Education ; accru les financements en faveur des étudiants les moins bien lotis ; créé la FEMA, l’Agence fédérale de gestion des situations d'urgence, en première ligne dans les ouragans, feux de forêts et autres catastrophes naturelles.Jimmy Carter a promu des femmes dans d’importants départements ministériels : Commerce, Éducation, Habitat, Développement urbain, et ce que l’on appelle aujourd’hui Éducation Santé et Bien-être… 39e président des États-Unis, il a, en un seul mandat, promu cinq fois plus de femmes et de personnes de couleur dans divers postes de responsabilité que n'en ont promu ses trente-huit prédécesseurs réunis.Jimmy Carter a, le premier, installé des panneaux solaires sur le toit de la Maison Blanche ; fait passer des lois sur l’économie d’énergie, la dérégulation des prix du pétrole, et beaucoup investi dans les énergies renouvelables, comme alternative aux énergies fossiles, sans sacrifier l’indépendance énergétique des Etats-Unis. Grâce à son audace, la consommation d’énergie des Etats-Unis baissera de 10% entre 1979 et 1983. Pour affronter les défis importants, il savait se libérer des calculs politiciens.À lire aussiÉtats-Unis: Jimmy Carter, «peut-être le meilleur ex-président de notre histoire»Pourquoi, alors, n’a-t-il pas été réélu ?La prise en otages, à Téhéran, de cinquante-deux diplomates américains par des étudiants se réclamant de l’ayatollah Khomeini lui a été d’autant plus fatal qu’il s’est refusé à risquer la vie des otages dans une opération militaire. Pour l’opinion, sa prudence était un signe de faiblesse. Bien que battu, Jimmy Carter a continué à travailler à leur libération, finalement intervenue le dernier jour de sa présidence. Il a préféré perdre l’élection, plutôt que de risquer la vie d’un seul otage. Ainsi était l'homme. Après son départ du pouvoir, il a œuvré, tous azimuts, à la salubrité démocratique et aidé, partout, les démunis. Pour cela, il inspire un respect qui lui survivra, à jamais. Il inspirait aussi le respect à ses adversaires politiques. Tel le républicain Gerald Ford, qu’il a battu… en 1976, et qui lui a rendu le plus bel éloge. Sauf que le président Ford est décédé depuis 2006. C'est son fils qui a lu l'éloge. Mais ces deux rivaux-amis s’estimaient, au point de rédiger l’éloge funèbre, l’un de l’autre. D’où l’harmonie, ce jeudi, à la cathédrale nationale, et qui règne ...
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  • Panafricanistes entre verbe et actes concrets
    2025/01/04
    « L’Afrique doit s'unir », exhortait le Ghanéen Kwame Nkrumah. Elle peut difficilement espérer échapper à son état de fragilité permanente sans s’ouvrir à tous les peuples africains, qui constituent sa principale force et seront, peut-être demain, la source de sa puissance. Un des vœux les plus chers aux panafricanistes a été exaucé, ce 1er janvier 2025, au Ghana, où les détenteurs d’un passeport africain sont, désormais, dispensés d’un visa d’entrée. N’est-ce pas, là, une preuve que l’Afrique évolue dans le bon sens ?Il faut évidemment s’en réjouir. Mais comment ne pas déplorer, en même temps, que seuls cinq des cinquante-cinq États du continent concèdent une telle évidence aux Africains ! Plus de soixante ans après la création de l’Organisation panafricaine, ces chiffres sont une affligeante indication du peu de foi qu’inspire aux États l’idéal panafricaniste, surgi durant le dernier tiers du XIXe siècle des âmes meurtries des Noirs d’origine africaine installés dans les Antilles anglaises et aux États-Unis d’Amérique.Respect pour le Rwanda, les Seychelles, la Gambie, le Bénin, et donc, enfin, le Ghana, patrie du Docteur Kwame Nkrumah, le plus fervent chantre du panafricanisme en terre africaine. L’on ne cessera, cependant, de s’étonner que les autres ne comprennent pas que le droit, pour chaque Africain, de circuler librement dans toute l’Afrique relève du bon sens élémentaire. Surtout sur un continent où, autrefois, même les bergers et leurs troupeaux suivaient leurs itinéraires, au gré des verts pâturages, sans aucune contrariété de frontière.Il ne sert à rien de se gargariser d’envolées panafricanistes, si c’est pour ensuite tenir à distance ses voisins les plus immédiats, voire leur fermer sa porte. Les peuples qui se barricadent dans le rejet des autres n’ont jamais été nulle part les plus heureux de la terre. C’est, justement, l’esprit d’ouverture de son premier président qui a, par exemple, valu à un pays comme la Côte d’Ivoire de connaître la prospérité qui lui vaut, encore aujourd’hui, une place centrale, en Afrique de l’Ouest.À lire aussiGrandeur et déclin de Kwame Nkrumah, père du panafricanismeFélix Houphouët-Boigny ne passait pourtant pas pour le plus panafricaniste des dirigeants africains…Le panafricanisme véritable s’apprécie par les actes, et non par les seuls discours. Félix Houphouët-Boigny, à qui l’intelligentsia de gauche reprochait, en effet, de préférer son pays à l’Afrique, était un des rares, sinon le seul dirigeant africain à accorder, jusqu’à sa mort, le droit de vote à tous les ressortissants de l’Afrique de l’Ouest résidant en Côte d’Ivoire depuis plus de cinq ans. Et Abidjan était une ville où l’on pouvait dénombrer des citoyens de toutes les nations africaines, surtout avec le siège de la Banque africaine de développement. L’esprit d’ouverture de ce leader a permis à son pays d’avancer et de distancer, d’une manière irréversible, la Guinée voisine, parvenue à l’indépendance avec infiniment plus de richesses naturelles.Et lorsque le Mali, après deux décennies d’une aventure monétaire solitaire, a choisi de réintégrer l’imparfaite zone franc, Houphouët-Boigny a été le premier à proposer aux autres États de ne pas humilier ce pays frère, en exigeant de lui le ticket d’entrée dont il n’avait pas les moyens. « Le Vieux » avait alors obtenu de ses pairs qu’ils réintègrent le Mali, à charge de prélever sur sa part de bénéfices ce qui aurait dû être son apport au capital.Un peu comme si l’on vous faisait actionnaire d’une entreprise florissante, sans bourse délier, pour, avec vos dividendes, apurer ce que vous auriez dû avoir versé avant dans le tour de table. Parmi les panafricanistes, il faut savoir distinguer ceux du verbe de ceux des actes concrets.Quels seraient donc les panafricanistes du verbe ?Ils sont nombreux, États ou citoyens. Et vous ne pouvez imaginer la colère de tant d’Africains qui se sont battus pour la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, en découvrant que les dirigeants noirs sud-africains, gênés, se taisaient, tandis que leurs concitoyens se déchaînaient contre les Zimbabwéens, Zambiens et autres Mozambicains venus chercher un mieux-être chez eux. Du temps où ils étaient persécutés, eux trouvaient un accueil généreux en Zambie, au Mozambique et dans les pays dits de « la ligne de front ». L’Afrique qui se conduit ainsi n’est pas crédible, et aucun Africain ne devrait tolérer de telles attitudes.À lire aussiDu bon usage du Panafricanisme
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  • «Messagères de guerre», quand le cinéma sert si bien l'histoire
    2024/12/28
    Pour clore cette année 2024, un film à voir, « Messagères de guerre », consacré au bataillon « Six Triple Eight » de l’armée américaine, exclusivement constitué de femmes noires, envoyées en Europe en 1944 pour débloquer dix-sept millions de lettres et colis destinés aux soldats. En quoi ce film intéresse-t-il les Africains ? Le film restitue une page d'histoire qui fait écho à celle du camp de Thiaroye, que nous évoquions ici, fin novembre. La plupart des jeunes filles du Bataillon Six Triple Eight, parti de Fort Oglethorpe, en Géorgie, s’étaient engagées pour combattre Hitler.Bien que très entraînée, cette unité peinait à obtenir une mission opérationnelle dans une US Army alors encore très ségréguée. Avec tous ses véhicules mobilisés au front, l’armée américaine ne distribuait plus leur courrier aux soldats. Et aux États-Unis, la Première Dame, Eleanor Roosevelt est alertée sur l’angoisse des familles par une femme qui campait depuis des jours devant la Maison Blanche : « Je sais qu’on n’est pas grand' chose… » commence-t-elle par expliquer à madame Roosevelt, qui l’interrompt : « On ne peut dire cela de personne ! ». À quelques semaines d’un changement de locataire à la Maison Blanche, cela fait un tel bien d’entendre l’humanisme d’Eleanor Roosevelt !Le président ordonne à la hiérarchie militaire de confier cette mission au bataillon Six Triple Eight, qui débarque à Glasgow, par un froid glacial, en février 1944. En l’absence d’un ordre de mission clair et précis, sans moyens appropriés, le bataillon travaille à l’écart des soldats blancs et vit dans des dortoirs non chauffés.C’était tout de même l’armée américaine, avec sans doute plus de moyens que les tirailleurs sénégalais…Ce n’était pas évident. Mais, ces jeunes dames étaient sous les ordres d’une femme brillante, qui leur ressemblait par ailleurs : Charity Adams (incarnée dans le film par Kerry Washington) leur tenait un discours de motivation tonifiant : « Vous n’êtes pas seulement dans l’armée. Vous êtes femmes et, en outre, vous êtes noires. Et parce que vous êtes noires et femmes, vous n’avez pas le luxe de vous contenter d’être à la hauteur des autres. Vous avez l’obligation de les surpasser ! ».Elles débordaient d’imagination et de créativité. Mais la visite d’inspection du général est d’une désarmante agressivité, tendant à démontrer leur incompétence. Parce qu’elles ouvraient les lettres avec des adresses illisibles, pour trouver des indices permettant de situer le destinataire, le général s’emporte : « Ne me dites pas que vous ouvrez et lisez des lettres qui appartiennent à des Blancs ! ».► Le bataillon Six Triple Eight de l’armée américaine« En plus, vous dépensez l’argent de l’armée en parfums ! », accuse-t-il, en apercevant quelques flacons sur une table. « Certaines femmes, explique Charity Adams, aiment vaporiser leur parfum sur leurs lettres et, par chance, quelques soldates savent reconnaître ces parfums, quand les enveloppes sont maculées. Cela nous permet de faire un rapprochement avec l’État où ces parfums sont vendus, et c’est un repère pour retrouver les destinataires ».Mais Roosevelt n’était plus là pour les honorer à leur retour… C’est là que le général décida d’abréger l’expérience, et de désigner un lieutenant blanc, pour leur apprendre à diriger une unité… Charity Adams explose alors : « Mon bataillon a travaillé jour et nuit, dans d’horribles conditions. Ces femmes ont dû mettre de l’eau dans leurs propres casques pour se laver. Vous nous avez assigné un endroit sans qu’il y ait même un lit. Les soldats blancs répandent sur elles des rumeurs méprisantes et indécentes. Alors, je le dis haut et fort : je ne vais pas me laisser marcher dessus ! ».Elle s'attendait à la cour martiale. Mais leurs résultats valurent au bataillon une mission identique à Rouen, en France. Par contre, aucune reconnaissance, à leur retour aux États-Unis, à part une tardive médaille d’or du Congrès américain.Lena Derriecott, dont la vie sentimentale porte tendrement ce film, a pu le visionner avant de décéder, centenaire, début 2024. Heureuse que la réalisatrice, Tyler Perry, ait choisi « d’aussi belles et talentueuses jeunes dames » pour les incarner. « Nous pensions juste remplir une petite tâche, et nous voici recevant, 80 ans plus tard, un si bel hommage. J’en ai les larmes aux yeux ! ». Des larmes, ce film vous en arrache, en effet.
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  • Comme une alliance de parias…
    2024/12/21
    La campagne qui consiste à persuader certains Sahéliens du bonheur de vivre coupés de leur environnement naturel offre peu de chances de succès… Alors que la Cédéao tente de retenir le Burkina, le Mali et le Niger dans ses rangs, le chef de la junte au pouvoir à Niamey a rejeté, cette semaine, toute main tendue, insistant sur le caractère irréversible de leur décision. Est-ce à dire que les perdants, dans cette rupture, sont finalement ceux qui demeurent dans la communauté ?Il n’y aura pas de gagnants. Et les plus gros perdants seront bien les peuples des États qui claquent la porte. C’est, justement, parce que de telles décisions sont graves de conséquences qu’elles devraient demeurer le privilège de leaders ayant l’onction du suffrage universel, et pas de putschistes qui assimilent leur orgueil personnel à l’honneur de leur patrie. Entre ces États sahéliens et leurs voisins immédiats, l’interdépendance est telle que les considérations d’amour-propre ne devraient pas y prévaloir. On ne quitte pas une organisation, parce qu’elle vous applique les textes qui la fondent. Après tout, il y des règles dans toute communauté. Même la maffia a son code d’honneur, que l’on n’enfreint pas impunément !À lire aussiLa Cédéao acte la sortie du Niger, du Burkina et du Mali de l'organisation avec un délai de rétractation de 6 moisCertes, pour avoir trop souvent appliqué à la carte ses propres règles et principes, la Cédéao s’était beaucoup discréditée aux yeux des populations, ces dernières années. Mais cette rupture est une diversion, qui rejaillira sur tous les citoyens de ces États et leur diaspora, importante dans la sous-région.Ces trois États disent dispenser de visa les ressortissants des pays de la Cédéao, libres d’entrer, de circuler, et même s’établir dans l’espace de leur confédération. N'est-ce pas une preuve de bonne volonté ?C’est surtout une manœuvre grotesque, qui trahit l’inconséquence de leur démarche. Pourquoi n’appliquent-ils donc pas ces exemptions à toute l’Afrique ? Une concession aussi ciblée vise surtout à quémander, par la force, une réciprocité. Ils anticipent la réprobation de leurs concitoyens, qui ne manqueront pas de leur reprocher cette rupture, lorsqu’elle commencera à leur compliquer singulièrement l’existence. Alors, plutôt que d’assumer leur méprise, ces dirigeants accuseront les voisins d’en vouloir à leurs peuples. Lorsque l’on se saisit arbitrairement du destin d’un peuple, la décence élémentaire commande de préserver ses intérêts réels, et cette décision n’est pas dans l’intérêt de ces peuples. Les discours rejetant tous leurs malheurs sur des "ennemis extérieurs", des "traîtres internes" ou de soi-disant "renégats" ne suffiront pas à la justifier. Ils lasseront d’autant que ces militaires s’avèrent incapables d’améliorer la sécurité et les conditions de vie de leurs peuples.Plus de quatre ans après le renversement d’Ibrahim Boubacar Kéita, près de trois ans après le renversement de Roch Marc Christian Kaboré, et bientôt un an et demi après le coup d’État qui a renversé Mohamed Bazoum, ni les Maliens ni les Burkinabè et encore moins les Nigériens ne vous diront qu’ils sont un peuple heureux, en sécurité, à l’abri des privations et de la vie chère. Les nouveaux riches en treillis que l’on voit parader dans les capitales ne sont pas le meilleur indicateur du bonheur de ces peuples. Ceux qui ont cru à ces coups d’État réalisent avoir fait un mauvais calcul, qui ne fera qu’empirer après la rupture avec la Cédéao.Et pourtant, la Cédéao, vous l’avez souvent dit ici, est discréditée…Sans aucun doute. Et, pour espérer redorer un blason durablement terni, elle devra se réinventer. Mais, hormis le fait géographique, le seul dénominateur commun entre ces trois pays enclavés est d’être dirigés par des putschistes. Un peu comme une alliance de… parias ! Elle aurait été plus crédible, si elle émanait de dirigeants dûment élus.Et puis, lorsque Rawlings prenait le pouvoir au Ghana, en 1979 puis en 1981, ses concitoyens avaient une idée claire de ce qu’il pensait, et ce dont il rêvait pour son peuple. Sankara, en 1983, avait un discours d’autant plus clair qu’il n’était emprunté à personne. Mais, ici, on se demande quelle peut bien être la vision des putschistes d’aujourd’hui. L’on n’entend que des tâtonnements dans leurs discours, truffés d’extraits picorés chez Rawlings, Sankara, ou même Sékou Touré. Et c’est bien insuffisant, pour des peuples qui ont déjà donné, et que l’on voudrait, à présent, persuader du bonheur de vivre coupés de leur environnement naturel.
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  • Pour le bonheur des peuples
    2024/12/14
    Très peu suffit, parfois : la chute d'une dictature en place depuis un demi-siècle, une alternance démocratique sans heurts... Ici, c'est le Ghana et la Syrie qui régalent. Sur une planète où le pire semble presque toujours certain, 2024 s'achève sur quelques notes d'espérance. Dimanche dernier était un jour de fête, à Accra comme à Damas. Au Ghana, la liesse populaire saluait l’élection de John Dramani Mahama et la consolidation d’une démocratie, tandis qu’en Syrie, elle célébrait la chute d’une dictature héréditaire. Pourquoi vouloir à tout prix relier ces deux événements, survenus dans deux mondes a priori opposés ?Bien des réalités politiques aberrantes, encore vécues par quelques peuples africains, transparaissent dans les méthodes maffieuses de cette dictature familiale qui vient de tomber à Damas. Il se trouve par ailleurs qu’au Ghana, comme dans presque toute l’Afrique, vivent d’importantes communautés libanaises, proches de la Syrie, ou syriennes. Autrefois, en Côte d’Ivoire, les adultes appelaient Syriens, y compris les Libanais. Pas par confusion de ces peuples voisins, mais parce que tous connaissaient l’histoire, la géographie et les imbrications entre ces deux peuples. Certains Libanais d’Afrique sont, en fait, des Syriens, qui n’éprouvent pas la nécessité de rectifier, même là où des Libanais, à tort ou à raison, sont indexés pour une connivence coupable avec quelques fonctionnaires véreux. Il y en a, certes, mais la plupart sont des travailleurs acharnés, qui peinent à joindre les deux bouts, et réprouvent tout autant les comportements de ceux des leurs qui jettent l’opprobre sur tous.Aussi, lorsque, depuis Accra, Abidjan, Cotonou ou Dakar, les Africains observent ce à quoi les politiques, en Syrie comme au Liban, ont réduit leur peuple, contraint de s’exiler pour espérer survivre, ils ne peuvent pas ne pas compatir à leur détresse. Le mal que les Assad, père et fils, ont fait à la Syrie et aux Syriens leur rappelle les torts que font, en Afrique, certains politiciens à leur propre peuple. Le fait que Bachar el-Assad ait rejoint le parti des perdants trouve donc un écho auprès de nombreux Africains, heureux de voir les espérances des Syriens enfin comblées.Mais pourquoi relie-t-on, au Ghana, la victoire de John Dramani Mahama à la mauvaise gestion de Nana Akufo-Addo ?Parce que les Ghanéens n’apprécient pas ce qu’il a fait de leur économie, avec cette inflation paralysante, qui n’épargne personne. Nana Akufo-Addo est, de tous les chefs d’État qui se sont succédé depuis le renouveau démocratique, en 1992, celui qui désirait le plus ardemment le pouvoir. Et, dans une Afrique en quête de leaders qui lui rendent sa fierté, il avait le discours pour plaire. Mais la seule rhétorique ne pouvait suffire à combler un peuple averti, sûr de ses conquêtes démocratiques, et en attente de résultats palpables.Akufo-Addo ne pouvant plus être candidat, c’est donc son vice-président et son parti qui paient pour ses insuffisances. Les électeurs ghanéens savent sanctionner la mauvaise gestion, comme ils l’avaient fait, il y a huit ans, avec John Dramani Mahama, congédié après un premier mandat, pour ses contre-performances économiques. Le cedi ghanéen avait alors perdu près de 37 % de sa valeur. C’est en cela que la démocratie peut être un excellent levier pour le développement économique : elle oblige les dirigeants à fournir des résultats, sous peine d’être licenciés par les urnes.Certains pays de la sous-région donnent l’air de bien s’en sortir, économiquement, même sans une démocratie franche et sincère…Peut-être pensez-vous à ceux, protégés par leur appartenance à la zone Franc, dont les contre-performances se diluent dans le bien-être des autres. Pour ceux-là, le franc CFA est, certes, un beau paravent. Mais, même entre États d’une même zone monétaire, il y a les pays qui se tiennent bien, et les autres. Le masque, un jour ou l’autre, finit par tomber, fatalement. Et le temps n’est plus loin où, partout, les dirigeants devront bien gérer, au nom des comptes qu’ils doivent à leurs électeurs. Lorsque l’on sait devoir craindre la sanction de son peuple, on gouverne toujours dans son intérêt. Là réside toute la différence avec les régimes autocratiques.Pour le reste, si les Ghanéens rappellent aujourd’hui aux affaires un homme congédié pour avoir échoué huit ans plus tôt, c’est parce que, partout, les peuples ont le sentiment qu’ils vivaient mieux, hier, qu’ils ne vivent aujourd’hui. Comme disait naguère, autour du damier, un ancien de mon quartier, à Lomé, « hier était beau ! ». Hier semble toujours plus beau ! Enfin, souvent…
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  • La vulnérabilité des grandes démocraties
    2024/12/07
    À force de se comparer au bloc de l'Est, les démocraties occidentales ont oublié de penser leur avenir. Se croire meilleur parce que l’autre a fait naufrage n’est pas ce qu’il y a de plus stimulant comme faire-valoir. À la faveur du vote d’une motion de censure, l’Assemblée nationale a donc fait tomber le gouvernement de la France, cette semaine. C’est d’autant moins banal que le seul précédent, sous la Ve République, remontait à 1962. Est-ce, pour autant, suffisant pour soutenir, comme vous le faites, que les démocraties occidentales sont mal en point ?Au-delà de la chute du gouvernement en France, nombre de nations-phares de la démocratie occidentale vivent des crises politiques qui donnent une impression d’essoufflement, sinon de fin de cycle des systèmes. Après tout, une démocratie ne meurt pas uniquement de coups d’État militaires ou de révolutions. C’est souvent bien plus insidieux. Et certains peuples sont trop sûrs de leur système pour entendre le questionner ou le remettre en cause. Mais, les blocages fréquents des institutions, ici et là, sont le signe que ces démocraties perdent pied. Quand, par exemple, les choix parfois déconcertants des électeurs suffisent à les ébranler profondément. Après les États-Unis, la Belgique, le Canada, l’Allemagne et quelques autres nations, l’actualité en France indique que l’autosatisfaction n’est peut-être pas la meilleure attitude face aux risques qui guettent le fonctionnement des grandes démocraties.Ces pays sont-ils vraiment dans l’autosatisfaction ?Depuis l’effondrement du bloc soviétique, il y a trente-trois ans, le monde occidental vit dans la certitude que son modèle démocratique et capitaliste est l’étalon universel. Conforté, il est vrai, par le fait que même la Russie et la Chine sont désormais en économie de marché, sinon dans le pire du capitalisme sauvage. Mais l’Union soviétique n’a pas été vaincue. Elle s’est juste écroulée, juste parce qu’elle ne pouvait plus répondre aux besoins de sa population. Et l’Occident, par facilité intellectuelle, en a déduit que son système est définitivement le meilleur. Se croire meilleur parce que l’autre a fait naufrage est la pire des méprises. Pour les individus comme pour les nations. Ce n’est vraiment pas ce qu’il y a de plus stimulant comme faire-valoir. La preuve : les champions mondiaux de la démocratie ont oublié de se régénérer et ne cessent de trébucher, chaque fois que les électeurs, comme pour embarrasser des politiques agaçants, s’amusent, avec leurs bulletins de vote à rendre les pays ingouvernables.En quoi les dirigeants politiques agaceraient-ils les électeurs ?Des promesses électorales non tenues aux mensonges grossiers dont abusent parfois certains politiciens en campagne, les motifs de frustration sont légion, qui justifient des transhumances électorales capricieuses, propres à compliquer la constitution de majorités stables. Les électeurs s’agacent aussi de la désagréable propension de certains responsables politiques à sans cesse rejeter la faute sur leurs adversaires, sinon sur les électeurs. De la même façon que nombre d’institutions internationales conçues au sortir de la Deuxième Guerre mondiale ont atteint leurs limites, certains systèmes politiques sont à bout de souffle. Les dirigeants, empêtrés dans les urgences, oublient de penser l’avenir. Pour espérer des bonds qualitatifs, les peuples cherchent désormais des leaders d’envergure. Pas pour modeler la société à leur seule image, en attendant que leur successeur vienne tout défaire.Les institutions solides et durables impliquent le consensus et l’esprit d’ouverture. C’est ce que beaucoup espéraient d’Emmanuel Macron, arrivé au pouvoir alors que les principales formations qui s’y succédaient jusqu’alors avaient implosé. Il aurait pu faire l’Histoire, en saisissant cette opportunité pour redessiner le paysage institutionnel de son pays dans le sens d’un ensemble plus cohérent que les blocs irréconciliables qui figent et crispent le pays, sans offrir un début de stabilité pour gouverner. L’affaiblissement des autres, qu’il a trouvé, a juste servi à lui faciliter, un temps, la conduite du pays. Il s’est accommodé de la seule adversaire de poids qui lui restait, se servant habilement de ce qui, pour l’électorat, pouvait servir d’épouvantail chez lui. Cette méthode a atteint ses limites, et il aura du mal à convaincre n’être pour rien dans l’impasse actuelle.Quant aux peuples du monde auxquels l’on indique sans cesse quel système démocratique est le meilleur pour eux, ils risquent de se perdre, à force de voir les modèles de démocratie perdre aussi facilement pied.
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  • Thiaroye, un contentieux historique parmi d'autres…
    2024/11/30
    François Hollande avait fait un petit pas. Emmanuel Macron en fait un autre. Trop peu ? Trop tard ? Les pays et les familles des tirailleurs sénégalais et autres en attendent davantage. Peut-être une politique lisible, valable pour tous ? Dans une lettre à son homologue sénégalais, le chef de l’État français annonce que « la France se doit de reconnaître que la confrontation de militaires et de tirailleurs qui exigeaient l’entièreté de leur solde légitime a déclenché un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre, le 1ᵉʳ décembre 1944, au Camp de Thiaroye ». Ne devrait-on pas se féliciter pour une telle reconnaissance ?Quatre-vingts ans après cet événement douloureux, l’amertume des peuples et des familles demeure. Sans doute parce que l'on a trop longtemps ignoré leurs souffrances, pratiquement incurables, désormais. Il ne faut pas s'étonner qu'une indifférence aussi longue ait des conséquences. Très peu font le rapprochement entre ces meurtrissures aggravées par le temps et le fait que la France, en Afrique, va de déconvenue en déconvenue. Ce sont de tels contentieux qui, insidieusement, alimentent les rancœurs que d’aucuns qualifient de sentiments anti-français.À lire aussiMassacre de Thiaroye: le comité de commémoration réclame «la vérité et toute la vérité»Et Paris ne peut espérer enrayer une certaine perte de vitesse dans ce qui était jadis son pré-carré en Afrique, uniquement avec des gestes ponctuels, en direction d’un pays donné, par rapport à un contentieux précis. Pour reconquérir la bienveillance des peuples africains, la France devra s’inventer une politique claire, transparente, qui ne fluctue pas à la tête des dirigeants.Thiaroye est tout de même un symbole important…Que de symboles importants, dans le flot des contentieux historiques de la France en Afrique ! Chaque ancienne colonie a les siens. Certes, Thiaroye a donné lieu, en 1988, à un film magnifique (de Sembène Ousmane, NDLR), qui aurait dû constituer un déclic. Ceux des jeunes Africains d’aujourd’hui qui ont vu ce film y découvrent des propos, des comportements qui font écho à ce qui nourrit, chez eux, les sentiments que déplorent certains. Quelques dialogues du film leur rappellent que la mentalité qui prévalait à l’époque du massacre de Thiaroye n’a pas totalement disparu.Le film est-il si donc si réaliste ? Il vaut le détour ! Ainsi, lorsque le général rassemble les officiers supérieurs pour trancher la question du paiement aux tirailleurs de ce qui leur avait été promis, on découvre deux profils dissemblables, le meilleur, juste en face du pire.Mais, qu’est-ce qu’ils vont faire de tout cet argent, au fond de leurs cases ? s’interroge un officier, qui suggère de le leur changer à la moitié de sa valeur. Mais, ironise-t-il, le capitaine Raymond n’est pas de cet avis. Seulement, capitaine, vous ne connaissez pas les indigènes ! Et vous ne connaissez pas les colonies !Il ne s’agit pas de connaître les colonies ou les indigènes, comme vous dites. Il s’agit de simplement respecter nos engagements, répond le capitaine. À Morlaix, une avance leur a été donnée. Avec la promesse absolue qu’ils seraient intégralement payés, dès leur arrivée à Dakar. Les combattants français blancs, eux, ont été payés !Mais, chaque guerre demande une période d’austérité, lance un autre.Vous n’allez pas me dire que c’est en escroquant un millier d’indigènes que la France pourra se reconstruire, réagit Raymond.Escroquer, escroquer ! Nous nous sommes montrés très généreux avec eux ! La France est généreuse avec ses indigènes. D’ailleurs, nous les avons sortis de la barbarie…Il ne s’agit pas de générosité, rétorque Raymond, mais de justice. Quant à la barbarie, je ne sais pas si elle est chez eux ou chez nous.Et l’autre de contre-attaquer : Quant à moi, je dis que ces gens, qui sont d’un naturel primitif, ont été manipulés, voire achetés par les nazis ! Ou par les bolchéviks, pour déstabiliser l’empire ! D’ailleurs, comment auraient-ils pu revenir des camps, sinon ?Comment on peut dire, penser des choses pareilles ? s’emporte Raymond. Pour Hitler, les Juifs, les communistes, les francs-maçons, les Tziganes, les Noirs, tout ça, c’est à éliminer. Quant à nous, nous sommes allés chercher ces Noirs dans leurs villages, pour leur faire faire la guerre. À votre place, messieurs !Mais Raymond perdra son combat. Et le massacre aura bien lieu…À lire aussiMassacre de Thiaroye 1944 : l’hommage de Morlaix aux tirailleurs sénégalais
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  • Sénégal: une victoire source d'angoisses
    2024/11/23
    À moins de transformer rapidement le Sénégal en un paradis terrestre, les leaders actuels de ce pays pourraient, passé la lune de miel, voir surgir une génération spontanée d’opposants virulents au Pastef, propres à leur donner des insomnies, comme eux, naguère, en donnaient à Macky Sall. Avec l’écrasante victoire du Pastef aux législatives, le duo Bassirou Diomaye Faye - Ousmane Sonko va pouvoir déployer son programme au service du peuple sénégalais. Que laisse donc présager, pour la démocratie sénégalaise, cette victoire à laquelle beaucoup s’attendaient certes, mais pas avec une telle ampleur ?Ce triomphe marque, en tout cas, une très grande confiance des Sénégalais en ce duo aux commandes de leur pays. La victoire, dès le premier tour, de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle de mars dernier, avec plus de 54 % des voix, pouvait être perçue comme la volonté d’en finir avec le président sortant et le successeur qu’il s’était choisi. Avec l’écrasante majorité du Pastef aux législatives, le doute n’est plus permis : le peuple sénégalais désire ardemment confier son destin à cette équipe nouvelle. Contrairement à ce que l’on observe dans de plus en plus de démocraties, les électeurs ne se sont pas, ici, servi de leur bulletin de vote comme d’un lance-pierre pour régler des comptes ou se venger. Ils ont choisi un président, en mars, et plébiscité, en novembre, un Premier ministre. L’on ne peut donc se méprendre sur leur volonté de confier leur destin à ces deux hommes, qui vont devoir mériter cette confiance, par des résultats palpables.À lire aussiLégislatives au Sénégal: le parti au pouvoir Pastef revendique une «large victoire»C’est maintenant que commence véritablement l’alternance. Sauf que les électeurs de base du Pastef, qui ont, ces dernières années, mené la vie dure à Macky Sall, semblent avoir des besoins d’une relative urgence. Ils ne vont peut-être pas pouvoir patienter longtemps, sous prétexte que le passif hérité du président Macky Sall serait lourd. Cette belle victoire oblige donc le duo aux commandes du Sénégal à des résultats concrets, rapidement.Faut-il comprendre qu’ils risquent l’impopularité, tous les deux ?Elle les guette, en tout cas. Car, une si écrasante majorité à l’Assemblée nationale peut s’avérer une source d’angoisse, face à des populations qui n’en peuvent plus de patienter et pourraient, assez vite, s’agacer des allusions aux difficultés héritées du prédécesseur, trop souvent servies, pas seulement au Sénégal, comme justification à la lenteur des solutions à leurs propres difficultés.N'oublions pas que le Pastef a lui-même prospéré, ces dernières années, sur les insuffisances réelles ou supposées du pouvoir de Macky Sall, face aux revendications et autres frustrations des Sénégalais lassés d’attendre. C’est ainsi que cette formation, arrivée en dernier sur l’échiquier politique, a peu à peu éclipsé ou réduit à leur plus simple expression les prétendants habituels. Il ne peut donc, décemment, appeler aujourd’hui les Sénégalais à se montrer raisonnables, ou à modérer leurs exigences pressantes.Évidemment, le duo Faye-Sonko aura un délai de répit. Mais, s’il tardait à agir massivement sur le quotidien du plus grand nombre, des nouvelles oppositions, encore plus impatientes, et des protestataires, encore plus virulents, pourraient émerger pour les gêner.À lire aussiSénégal: les chantiers prioritaires du parti Pastef, avec sa large majorité, attendus au ParlementCe n’est tout de même pas une fatalité...Non. Mais c’est une constante du jeu démocratique au Sénégal. Chaque pouvoir trouve ou génère, dans son opposition, une frange qui les embarrasse en jouant sur les frustrations. Abdoulaye Wade l’a été pour Abdou Diouf quand celui-ci n’était pas rallié, au gouvernement. Abdoulaye Wade a eu les siens, plutôt des dissidents issus du PDS, son propre parti, tel Idrissa Seck ou Macky Sall, qui lui ont, certes, donné moins d’insomnies que lui n’en a donné à Abdou Diouf. Mais Macky Sall a fini par battre maître Wade. Ousmane Sonko aura été, pour Macky Sall, ce que Wade fut pour Diouf. À moins que le Sénégal ne devienne en quelques années le paradis terrestre dont rêvent certains, il n’est pas exclu, passée la lune de miel, que surgisse une génération spontanée d’opposants virulents au Pastef. Ousmane Sonko pourrait, alors, méditer sur les insomnies qu’il donnait naguère à Macky Sall…
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