Peut-on vraiment lutter contre les méga-feux ? Ces dernières années, leur fréquence et leur ampleur s'accentuent. En grande partie lié au dérèglement climatique, pour les prévenir et tenter de les empêcher, des associations et des entreprises développent des nouvelles technologies, en utilisant l'intelligence artificielle. Au salon VivaTech, le rendez-vous annuel des nouvelles technologies qui se tient à Paris, se trouve un petit objet capable de détecter un feu de forêt avant même que la fumée soit visible.
Il est vert, de forme hexagonale, pas plus grand que la paume de la main. On l'accroche à un arbre, à environ 3m du sol, explique Rachel Dang, de la startup Dryad Networks qui le commercialise. « Il y a un panneau solaire, il collecte de l'énergie, la stocke dans le super-condensateur de l'appareil, et il y a ce petit trou qui reçoit la fumée, dont les données chimiques sont ensuite envoyées vers notre plateforme cloud ».
C'est donc une sorte de nez électronique, qui détecte les gaz, notamment le monoxyde de carbone ou l'hydrogène. Les données sont transmises à la plateforme et une intelligence artificielle détermine avec précision le risque d'incendie. S'il y a bien départ de feu, l'alerte est envoyée. Et tout cela en un temps record : « Nous garantissons une détection en quinze minutes. En fait, notre solution détecte les incendies au tout début, au stade de la combustion lente ».
Avant même qu'il y ait des flammes, donc. L'objectif, c'est d'empêcher les méga-feux. Ceux qui frappent encore le Canada, ceux qui ont ravagé la Californie, la Grèce ou la France ces dernières années : « Nous avons des cas concrets en Europe et en Asie où des incendies ont été détectés et maîtrisés en quelques heures. Il faut aussi considérer que l'arrivée des secours prend du temps, surtout dans des endroits comme la Thaïlande ou les infrastructures sont limitées. Là-bas, ils éteignent le feu avec des appareils qui soufflent les feuilles et ils ont pu agir seulement grâce à la détection très précoce ».
Évidemment, tout cela a un coût. Chaque boîtier coûte cent euros, mais il en faut beaucoup pour couvrir toute une forêt. Un capteur peut surveiller une zone de la taille d'un terrain de football environ.
Si cet objet marche, c'est en grande partie grâce à l'intelligence artificielle...
Pendant trois ans, les ingénieurs ont préparé ces capteurs avec l'IA. Comment ? En leur faisant mémoriser des odeurs, des senteurs d'écorce ou de reste de plante qui brûlent. Le but, à la fin, c'est que le capteur soit capable de reconnaître, grâce à la mémoire des odeurs, un début de combustion.
On parle donc d'une technique qui utilise des capteurs chimiques. Contre les méga-feux, d'autres types de solutions reposant sur l'IA ont vu le jour ces dernières années.
Des drones, des caméras intelligentes ou des satellites par exemple. Prenons l'Australie, où des méga-feux ont détruit dix-neuf millions d'hectares entre juin 2019 et mars 2020. L'université d'Australie-Méridionale a développé Kanyini, un satellite miniature, en forme de cube, et qui intègre un système d'IA. Une fois en orbite, il analyse les images et détecte les feux avec rapidité et précision. Grâce à lui, on estime que les incendies pourraient être détectés jusqu'à 500 fois plus vite.
Avec toutes ces nouvelles technologies, qui utilisent l'IA, l'espoir, c'est d'empêcher les départs de feu qui ravagent des territoires entiers, détruisent la biodiversité, et laissent derrière eux des bilans catastrophiques. D'après plusieurs études, entre mars 2023 et février 2024, les méga-feux ont causé l'émission de 8,6 milliards de tonnes de CO2, soit 15% des émissions de gaz à effet de serre des humains.
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