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Tunisie: quatorze ans après la chute de Ben Ali, l'avenue Bourguiba à Tunis est toujours un symbole
- 2025/01/13
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サマリー
あらすじ・解説
En Tunisie, quatorze ans après la chute du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali, l'avenue Habib-Bourguiba à Tunis reste encore un symbole pour beaucoup de Tunisiens. Si la date de l'anniversaire de la révolution tunisienne n'est plus officiellement le 14 janvier, jour du départ de Ben Ali, ce jour reste ancré dans les mémoires, quatorze ans plus tard, de ceux qui l'ont vécu de près.
De notre correspondante en Tunisie,
Dans le café Bonaparte, à quelques mètres de l'avenue Habib-Bourguiba à Tunis en Tunisie, Romdhane Drissi, 69 ans, s'affaire derrière le comptoir. Ce cafetier a toujours travaillé à proximité de l'avenue Bourguiba depuis quarante ans. Le 14 janvier 2011, il était vendeur de costumes pour hommes dans une boutique de l'avenue :
« Je me souviens du dernier discours de Ben Ali à la télé, celui qui a précédé sa chute. C'était vraiment un mauvais discours. Et ensuite, le lendemain, je suis allé au travail, j'ai ouvert la boutique et j'ai tout vu. Les manifestants qui affluaient, ceux qui ont crié devant le ministère de l'Intérieur. C'était vraiment un grand jour pour moi, même si je n'en comprenais pas l'ampleur. »
Aujourd'hui, Romdhane fait partie des déçus de la révolution et ne célébrera pas le 14 janvier. « Comme beaucoup de Tunisiens, je n'aime pas trop me remémorer la révolution, et j'espère qu'on n'en fera pas une autre. La situation économique ne s'est pas du tout améliorée après la révolution », souligne-t-il.
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La librairie El Kitab résiste à sa manièreD'autres restent fidèles à la mémoire de la date du 14 janvier comme Salma Jabbes, la propriétaire de la librairie El Kitab, symbole culturel de l'avenue Habib-Bourguiba :
« Tous nos libraires venaient tous les jours. Certains venaient à pied, certains se débrouillaient, mais venaient quand même. On a tenu bon parce que pour nous, c'était très important d'être présents, d'être là pour les manifestants. Très souvent, on ouvrait les portes pour faire rentrer les manifestants qui passaient rien que pour les faire ressortir par les portes de derrière. »
Quelques jours après la chute du dictateur, la librairie met en vitrine tous les livres interdits à l'époque de Ben Ali. Un engagement qu'elle assume jusqu'à aujourd'hui :
« Le contrôle sur les livres, sur la presse, sur les médias de manière générale, se fait de manière un peu insidieuse, où on essaye d'obliger les gens à faire de l'autocensure. Or, nous, depuis toujours, depuis la création de la librairie – c'était ma mère à l'époque qui avait démarré –, on n'a jamais voulu céder à ces pressions. »
Et dans la vitrine, la liberté d'expression est présente avec le livre d'un collectif de chercheurs, intitulé Le Pouvoir d'un seul. Ce mardi 14 janvier, si des manifestations d'opposants politiques sont prévues, la librairie restera ouverte, comme chaque année.
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