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サマリー
あらすじ・解説
François Hollande avait fait un petit pas. Emmanuel Macron en fait un autre. Trop peu ? Trop tard ? Les pays et les familles des tirailleurs sénégalais et autres en attendent davantage. Peut-être une politique lisible, valable pour tous ? Dans une lettre à son homologue sénégalais, le chef de l’État français annonce que « la France se doit de reconnaître que la confrontation de militaires et de tirailleurs qui exigeaient l’entièreté de leur solde légitime a déclenché un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre, le 1ᵉʳ décembre 1944, au Camp de Thiaroye ». Ne devrait-on pas se féliciter pour une telle reconnaissance ?Quatre-vingts ans après cet événement douloureux, l’amertume des peuples et des familles demeure. Sans doute parce que l'on a trop longtemps ignoré leurs souffrances, pratiquement incurables, désormais. Il ne faut pas s'étonner qu'une indifférence aussi longue ait des conséquences. Très peu font le rapprochement entre ces meurtrissures aggravées par le temps et le fait que la France, en Afrique, va de déconvenue en déconvenue. Ce sont de tels contentieux qui, insidieusement, alimentent les rancœurs que d’aucuns qualifient de sentiments anti-français.À lire aussiMassacre de Thiaroye: le comité de commémoration réclame «la vérité et toute la vérité»Et Paris ne peut espérer enrayer une certaine perte de vitesse dans ce qui était jadis son pré-carré en Afrique, uniquement avec des gestes ponctuels, en direction d’un pays donné, par rapport à un contentieux précis. Pour reconquérir la bienveillance des peuples africains, la France devra s’inventer une politique claire, transparente, qui ne fluctue pas à la tête des dirigeants.Thiaroye est tout de même un symbole important…Que de symboles importants, dans le flot des contentieux historiques de la France en Afrique ! Chaque ancienne colonie a les siens. Certes, Thiaroye a donné lieu, en 1988, à un film magnifique (de Sembène Ousmane, NDLR), qui aurait dû constituer un déclic. Ceux des jeunes Africains d’aujourd’hui qui ont vu ce film y découvrent des propos, des comportements qui font écho à ce qui nourrit, chez eux, les sentiments que déplorent certains. Quelques dialogues du film leur rappellent que la mentalité qui prévalait à l’époque du massacre de Thiaroye n’a pas totalement disparu.Le film est-il si donc si réaliste ? Il vaut le détour ! Ainsi, lorsque le général rassemble les officiers supérieurs pour trancher la question du paiement aux tirailleurs de ce qui leur avait été promis, on découvre deux profils dissemblables, le meilleur, juste en face du pire.Mais, qu’est-ce qu’ils vont faire de tout cet argent, au fond de leurs cases ? s’interroge un officier, qui suggère de le leur changer à la moitié de sa valeur. Mais, ironise-t-il, le capitaine Raymond n’est pas de cet avis. Seulement, capitaine, vous ne connaissez pas les indigènes ! Et vous ne connaissez pas les colonies !Il ne s’agit pas de connaître les colonies ou les indigènes, comme vous dites. Il s’agit de simplement respecter nos engagements, répond le capitaine. À Morlaix, une avance leur a été donnée. Avec la promesse absolue qu’ils seraient intégralement payés, dès leur arrivée à Dakar. Les combattants français blancs, eux, ont été payés !Mais, chaque guerre demande une période d’austérité, lance un autre.Vous n’allez pas me dire que c’est en escroquant un millier d’indigènes que la France pourra se reconstruire, réagit Raymond.Escroquer, escroquer ! Nous nous sommes montrés très généreux avec eux ! La France est généreuse avec ses indigènes. D’ailleurs, nous les avons sortis de la barbarie…Il ne s’agit pas de générosité, rétorque Raymond, mais de justice. Quant à la barbarie, je ne sais pas si elle est chez eux ou chez nous.Et l’autre de contre-attaquer : Quant à moi, je dis que ces gens, qui sont d’un naturel primitif, ont été manipulés, voire achetés par les nazis ! Ou par les bolchéviks, pour déstabiliser l’empire ! D’ailleurs, comment auraient-ils pu revenir des camps, sinon ?Comment on peut dire, penser des choses pareilles ? s’emporte Raymond. Pour Hitler, les Juifs, les communistes, les francs-maçons, les Tziganes, les Noirs, tout ça, c’est à éliminer. Quant à nous, nous sommes allés chercher ces Noirs dans leurs villages, pour leur faire faire la guerre. À votre place, messieurs !Mais Raymond perdra son combat. Et le massacre aura bien lieu…À lire aussiMassacre de Thiaroye 1944 : l’hommage de Morlaix aux tirailleurs sénégalais