Après les fêtes de fin d'année et du Nouvel An, dans la ville de Bukavu au Sud-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), l'heure est à la propreté des quartiers. Des travaux communautaires, communément appelés « Salongo », sont organisés dans la ville chaque samedi, entre 8 heures et 10 heures, afin de remettre les rues en ordre.
De notre correspondant à Bukavu,
Entourée des bouteilles plastiques, Neema Birugu, la trentaine et mère de trois enfants, balaye sur son avenue à Bukavu, en RDC. Pour elle, le « Salongo », c'est d'abord une discipline personnelle : « Pendant la fête, moi, mes enfants et certains amis, nous avons bu du jus. Mais après, les enfants ont jeté les bouteilles vides presque partout dans la cour, jusque dans l'avenue. Alors, ma tâche est de les ramasser. Car après la fête, c'est la propreté. »
Généralement, le « Salongo » est effectué en petits groupes, par axes, selon les affinités. Jérémie Muziraboba est membre du groupe des motards volontaires. Il a déposé sa moto pour tirer une charrette pleine d'immondices : « Il y a beaucoup de saletés. Beaucoup de commerçants ont jeté des immondices, des sachets, des paquets de biscuits, les restes des choux et légumes vendus par-ci par-là. On a jugé bon de donner de nos petites énergies pour rendre la ville propre. »
Au centre-ville, l'administrateur du marché de Nyawera Chikwanine Shanyungu Shabadeux, salue le « Salongo » et demande un coup de pouce pour faire mieux : « Je vois que c'est un peu propre, mais ce que je demande à notre gouverneur, c'est de donner un véhicule à chacune des trois communes pour l'évacuation des déchets. »
À lire aussiRDC: Bukavu en manque de denrées après le blocage des routes dû au conflit avec le M23
Des résultats, mais qui méritent de l'encadrementCe sont surtout les lieux publics comme le rond-point Major Vangu et la place de l'Indépendance qui sont visées par les jeunes membres de l'association Briquette du Kivu, pour faire bonne impression et attirer les visiteurs à l'instar de la Kényane Wanjira Mathai, directrice régionale pour l'Afrique de l'institut des ressources mondiales WRI. Elle exprime son admiration : « Nous sommes très fiers ! Ici, c'est un symbole de la restauration. Nous serons en partenariat ensemble pour la ville de Bukavu. »
Mugisho Zihalirwa Joseph est le coordonnateur de la cellule de communication à la mairie de Bukavu. Il loue les résultats de l'effort collectif : « On produit 9 896 tonnes de déchets par jour. L'autorité urbaine s'est décidée de rendre Bukavu plus propre qu'avant, et c'est dans ce sens qu'après les fêtes, le maire exhorte les habitants de se mettre au travail ! »
Le « Salongo » peut-il suffire à l'évacuation des déchets urbains ? Appolinaire Bulindi, habitant de Bukavu, pense de son côté qu'il faut aller au-delà et qu'au vu de ses conséquences sur le trafic, il faudrait l'accompagner d'autres mesures : « Quand vous faites le ''Salongo'', ça signifie que le samedi, toutes les activités sont bloquées de 8 heures à 10 heures. Il n'y a aucun véhicule qui roule. Est-ce que vous vous rendez compte de toutes ces conséquences-là ? Il faudrait réfléchir dans le sens d'engager un service pour faire la propreté. »
Des experts en environnement se disent, eux aussi, partagés sur le « Salongo » ; ils l'encouragent, mais à leurs yeux, il faudrait mieux l'encadrer.
À lire aussiRDC: ONU et officiels congolais se réunissent à Bukavu pour mobiliser des fonds en faveur du Sud-Kivu
À lire aussiRDC: à Bukavu, une manifestation contre la guerre dans l'Est et pour exiger de Kinshasa des sanctions diplomatiques