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Quand les États-Unis sous-traitent aux Philippines l'accueil d'Afghans demandeurs d'asile
- 2025/01/08
- 再生時間: 3 分
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サマリー
あらすじ・解説
En début de semaine, quelque 300 réfugiés afghans sont arrivés à Manille, aux Philippines, dans le cadre d’un accord avec les États-Unis. Depuis trois ans, les deux pays négocient l’accueil en « transit » aux Philippines, de plusieurs familles afghanes en danger dans leur pays. Ce programme d’accueil américain appelé « Allies Welcome » prévoit de donner l’opportunité à des Afghans qui ont travaillé, entre 2001 et 2024 au service des États-Unis, d’obtenir un visa pour s’y réfugier. Ce visa leur sera délivré au consulat américain à Manille. Éclairages. Avec notre correspondant aux Philippines, Nemo Lecoq-JammesL'idée de cet accord, c’est de permettre au gouvernement américain de déléguer à une autre administration les traitements des dossiers des candidats à un visa pour les États-Unis. En fait, depuis que ce programme d’accueil « Allies Welcome » a été mis en place en 2021 par Joe Biden, l’administration américaine croule sous la longue liste d'Afghans dans l’attente d’un visa. Parce que comme vous vous en doutez, rentrer sur le territoire américain, c’est compliqué. Les ressortissants afghans doivent être soumis à un contrôle médical et à plusieurs contrôles de sécurité. L'idée, c’est que tout ce processus se fasse ici aux Philippines.À lire aussiLes Philippines vont accueillir temporairement des Afghans demandeurs de visa pour les États-UnisEn attendant, quelque 300 Afghans sont nourris, logés à Manille. Ils ont accès à des soins médicaux et à un programme éducatif pour les enfants, qui sont nombreux, tout ça aux frais du gouvernement américain.Le président Ferdinand Marcos Junior a été clair : pas un seul peso ne sera dépensé par les Philippines, et surtout, les Afghans devront quitter le territoire maximum 59 jours après leur arrivée, peu importe le statut de leur demande de visa.Pourquoi les Philippines ?Ce choix peut en effet surprendre... D’un point de vue géographique, les Philippines ne sont pas vraiment sur la route de Kaboul vers les États-Unis. Mais d'un point de vue pratique, Manille est un endroit adapté pour abriter une mission diplomatique d’une telle ampleur.En raison d'une cinquantaine d'années de colonisation américaine, l'ambassade et les services consulaires sont très développés : la mission de Manille est l'un des plus grands postes du Département d'État américain. Mais il y a aussi un intérêt stratégique : Manille est un allié historique de Washington, et le président Marcos Junior a à cœur de rendre service aux États-Unis, en échange d’une collaboration, notamment militaire. Les Philippines bénéficient d’un soutien financier et sécuritaire de la part des USA. Un soutien qu’il faut entretenir face aux menaces croissantes de la Chine en mer Chine méridionale.À lire aussiPhilippines: le président Marcos assure que Manille ne se laissera jamais «intimider» par la Chine Dans son alliance avec les États-Unis, le président Marcos Junior s'est opposé à sa sœur, la sénatrice Maria Imelda Marcos, qui n’est pas vraiment favorable à l'accueil des ressortissants afghans… Depuis le début des négociations, elle exprime des craintes d’un point de vue sécuritaire et pose des questions quant aux intentions des Américains : pourquoi ont-ils voulu héberger des ressortissants afghans dans un autre pays en attendant de savoir s’ils étaient fiables ? Est-ce que les services de renseignement philippins sont en danger ? Et surtout, comment pourrait réagir le sud du pays, où des militants de l'État islamique opèrent toujours ? Toutes ces craintes ont été soumises à une enquête avant la signature de l’accord. Et pourtant, les 300 afghans arrivés aux philippines sont retenus dans un centre tenu secret, sans aucune autorisation de sortir, sauf une seule fois, pour assister à leur entretien consulaire à l'ambassade des États-Unis à Manille.