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サマリー
あらすじ・解説
2024 était l'année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des statistiques en 1850. Et pour la première fois, le réchauffement planétaire a dépassé les 1,5 degrés, non seulement en 2024 mais aussi dans la moyenne de 2023 et 2024. C'est ce qu'a annoncé l'observatoire européen Copernicus, qui fait référence en la matière. 1,5°C, c'est le fameux seuil de réchauffement fixé à la COP 21. L'accord de Paris sur le climat est-il désormais caduc ?
Non, l'accord de Paris n'est pas caduc. En effet, les pays signataires de l’accord se sont engagés à faire tout leur possible pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C . Mais ils se sont surtout mis d'accord pour contenir la hausse de la température moyenne de la planète « nettement en dessous de 2°C » (la limite au-dessus de laquelle une adaptation des écosystèmes ne sera plus possible). Par conséquent l'accord de Paris est toujours valable.
Revenons sur l’annonce de Copernicus, en fin de semaine dernière : en 2024 nous avons en effet dépassé les 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle. Mais pour savoir si cette température se consolide dans le temps, les climatologues ne se basent pas sur une mais plutôt sur vingt années. « Parce que les températures varient d'une année à l'autre d'un ou de deux dixièmes de degrés », explique Robert Vautard, co-président du groupe « physique du climat » au sein du GIEC. « Il se pourrait tout à fait qu'en 2025 on redescende en-dessous. Donc ce qui est important, c'est le niveau du réchauffement moyen à une échelle climatique. Et l'échelle climatique c'est une échelle d'au moins une décennie, voire deux décennies. Le dernier chiffre dont nous disposons concernant le réchauffement moyen sur vingt ans, c'est un chiffre d’environ 1,3°C environ en 2023 et 2024. Néanmoins, le réchauffement actuel va extrêmement vite. C'est très inquiétant. Lorsqu'on regarde l'état du monde et les effets du changement climatique en 2024, on peut difficilement s'imaginer ce que sera notre monde, même dans dix ans ».
Le CO2, déjà émis dans l'atmosphère, s'y accumuleMême si, d’un point de vue scientifique, nous n’avons pas encore dépassé les 1,5°C de réchauffement moyen, notre planète s’en rapproche dangereusement. « Il est peu probable que nous réussissions à maintenir le cap des 1,5°C », estime Robert Vautard, puisque « avec les politiques climatiques actuelles, nous sommes sur une trajectoire de 3°C . Il faut bien comprendre que chaque atome de carbone qu’on prend dans les réserves géologiques et qu’on amène en surface (par la combustion des énergies fossiles par exemple), se retrouvera sous forme de CO2 et s’accumule dans l’atmosphère ». Or le CO2 prend des décennies, voire des siècles à se désintégrer. « C’est bien au-delà du temps de notre propre vie, mais aussi de la vie de nos enfants et de nos petits-enfants », prévient le climatologue. « Il faut stopper la combustion des énergies fossiles pour pouvoir stabiliser le climat. Il n’y a pas d’autres solutions ».
Ne pas baisser les brasDepuis la signature de l’accord de Paris sur le climat, le 22 avril 2016, le seuil de 1,5°C a été au centre de tant d’attention que ce chiffre est aujourd’hui présent dans la conscience collective de l’opinion publique mondiale. Le danger de dépasser ce seuil de réchauffement planétaire comporte donc le risque d’une démobilisation générale. Pourtant, il ne faut surtout pas baisser les bras. « Qu'est-ce qu'on en conclue ? », lance Robert Vautard. « Qu'il faut abandonner et laisser filer les températures jusqu'à 4°C ? Ou bien les limiter à 2°C ou bien à 1,8°C ? Je crois que la réponse est assez simple ». D'autant plus que les solutions sont connues de tous. Nous n'avons d'autre choix que de nous retrousser les manches.