• Panafricanistes entre verbe et actes concrets

  • 2025/01/04
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Panafricanistes entre verbe et actes concrets

  • サマリー

  • « L’Afrique doit s'unir », exhortait le Ghanéen Kwame Nkrumah. Elle peut difficilement espérer échapper à son état de fragilité permanente sans s’ouvrir à tous les peuples africains, qui constituent sa principale force et seront, peut-être demain, la source de sa puissance. Un des vœux les plus chers aux panafricanistes a été exaucé, ce 1er janvier 2025, au Ghana, où les détenteurs d’un passeport africain sont, désormais, dispensés d’un visa d’entrée. N’est-ce pas, là, une preuve que l’Afrique évolue dans le bon sens ?Il faut évidemment s’en réjouir. Mais comment ne pas déplorer, en même temps, que seuls cinq des cinquante-cinq États du continent concèdent une telle évidence aux Africains ! Plus de soixante ans après la création de l’Organisation panafricaine, ces chiffres sont une affligeante indication du peu de foi qu’inspire aux États l’idéal panafricaniste, surgi durant le dernier tiers du XIXe siècle des âmes meurtries des Noirs d’origine africaine installés dans les Antilles anglaises et aux États-Unis d’Amérique.Respect pour le Rwanda, les Seychelles, la Gambie, le Bénin, et donc, enfin, le Ghana, patrie du Docteur Kwame Nkrumah, le plus fervent chantre du panafricanisme en terre africaine. L’on ne cessera, cependant, de s’étonner que les autres ne comprennent pas que le droit, pour chaque Africain, de circuler librement dans toute l’Afrique relève du bon sens élémentaire. Surtout sur un continent où, autrefois, même les bergers et leurs troupeaux suivaient leurs itinéraires, au gré des verts pâturages, sans aucune contrariété de frontière.Il ne sert à rien de se gargariser d’envolées panafricanistes, si c’est pour ensuite tenir à distance ses voisins les plus immédiats, voire leur fermer sa porte. Les peuples qui se barricadent dans le rejet des autres n’ont jamais été nulle part les plus heureux de la terre. C’est, justement, l’esprit d’ouverture de son premier président qui a, par exemple, valu à un pays comme la Côte d’Ivoire de connaître la prospérité qui lui vaut, encore aujourd’hui, une place centrale, en Afrique de l’Ouest.À lire aussiGrandeur et déclin de Kwame Nkrumah, père du panafricanismeFélix Houphouët-Boigny ne passait pourtant pas pour le plus panafricaniste des dirigeants africains…Le panafricanisme véritable s’apprécie par les actes, et non par les seuls discours. Félix Houphouët-Boigny, à qui l’intelligentsia de gauche reprochait, en effet, de préférer son pays à l’Afrique, était un des rares, sinon le seul dirigeant africain à accorder, jusqu’à sa mort, le droit de vote à tous les ressortissants de l’Afrique de l’Ouest résidant en Côte d’Ivoire depuis plus de cinq ans. Et Abidjan était une ville où l’on pouvait dénombrer des citoyens de toutes les nations africaines, surtout avec le siège de la Banque africaine de développement. L’esprit d’ouverture de ce leader a permis à son pays d’avancer et de distancer, d’une manière irréversible, la Guinée voisine, parvenue à l’indépendance avec infiniment plus de richesses naturelles.Et lorsque le Mali, après deux décennies d’une aventure monétaire solitaire, a choisi de réintégrer l’imparfaite zone franc, Houphouët-Boigny a été le premier à proposer aux autres États de ne pas humilier ce pays frère, en exigeant de lui le ticket d’entrée dont il n’avait pas les moyens. « Le Vieux » avait alors obtenu de ses pairs qu’ils réintègrent le Mali, à charge de prélever sur sa part de bénéfices ce qui aurait dû être son apport au capital.Un peu comme si l’on vous faisait actionnaire d’une entreprise florissante, sans bourse délier, pour, avec vos dividendes, apurer ce que vous auriez dû avoir versé avant dans le tour de table. Parmi les panafricanistes, il faut savoir distinguer ceux du verbe de ceux des actes concrets.Quels seraient donc les panafricanistes du verbe ?Ils sont nombreux, États ou citoyens. Et vous ne pouvez imaginer la colère de tant d’Africains qui se sont battus pour la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, en découvrant que les dirigeants noirs sud-africains, gênés, se taisaient, tandis que leurs concitoyens se déchaînaient contre les Zimbabwéens, Zambiens et autres Mozambicains venus chercher un mieux-être chez eux. Du temps où ils étaient persécutés, eux trouvaient un accueil généreux en Zambie, au Mozambique et dans les pays dits de « la ligne de front ». L’Afrique qui se conduit ainsi n’est pas crédible, et aucun Africain ne devrait tolérer de telles attitudes.À lire aussiDu bon usage du Panafricanisme
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あらすじ・解説

« L’Afrique doit s'unir », exhortait le Ghanéen Kwame Nkrumah. Elle peut difficilement espérer échapper à son état de fragilité permanente sans s’ouvrir à tous les peuples africains, qui constituent sa principale force et seront, peut-être demain, la source de sa puissance. Un des vœux les plus chers aux panafricanistes a été exaucé, ce 1er janvier 2025, au Ghana, où les détenteurs d’un passeport africain sont, désormais, dispensés d’un visa d’entrée. N’est-ce pas, là, une preuve que l’Afrique évolue dans le bon sens ?Il faut évidemment s’en réjouir. Mais comment ne pas déplorer, en même temps, que seuls cinq des cinquante-cinq États du continent concèdent une telle évidence aux Africains ! Plus de soixante ans après la création de l’Organisation panafricaine, ces chiffres sont une affligeante indication du peu de foi qu’inspire aux États l’idéal panafricaniste, surgi durant le dernier tiers du XIXe siècle des âmes meurtries des Noirs d’origine africaine installés dans les Antilles anglaises et aux États-Unis d’Amérique.Respect pour le Rwanda, les Seychelles, la Gambie, le Bénin, et donc, enfin, le Ghana, patrie du Docteur Kwame Nkrumah, le plus fervent chantre du panafricanisme en terre africaine. L’on ne cessera, cependant, de s’étonner que les autres ne comprennent pas que le droit, pour chaque Africain, de circuler librement dans toute l’Afrique relève du bon sens élémentaire. Surtout sur un continent où, autrefois, même les bergers et leurs troupeaux suivaient leurs itinéraires, au gré des verts pâturages, sans aucune contrariété de frontière.Il ne sert à rien de se gargariser d’envolées panafricanistes, si c’est pour ensuite tenir à distance ses voisins les plus immédiats, voire leur fermer sa porte. Les peuples qui se barricadent dans le rejet des autres n’ont jamais été nulle part les plus heureux de la terre. C’est, justement, l’esprit d’ouverture de son premier président qui a, par exemple, valu à un pays comme la Côte d’Ivoire de connaître la prospérité qui lui vaut, encore aujourd’hui, une place centrale, en Afrique de l’Ouest.À lire aussiGrandeur et déclin de Kwame Nkrumah, père du panafricanismeFélix Houphouët-Boigny ne passait pourtant pas pour le plus panafricaniste des dirigeants africains…Le panafricanisme véritable s’apprécie par les actes, et non par les seuls discours. Félix Houphouët-Boigny, à qui l’intelligentsia de gauche reprochait, en effet, de préférer son pays à l’Afrique, était un des rares, sinon le seul dirigeant africain à accorder, jusqu’à sa mort, le droit de vote à tous les ressortissants de l’Afrique de l’Ouest résidant en Côte d’Ivoire depuis plus de cinq ans. Et Abidjan était une ville où l’on pouvait dénombrer des citoyens de toutes les nations africaines, surtout avec le siège de la Banque africaine de développement. L’esprit d’ouverture de ce leader a permis à son pays d’avancer et de distancer, d’une manière irréversible, la Guinée voisine, parvenue à l’indépendance avec infiniment plus de richesses naturelles.Et lorsque le Mali, après deux décennies d’une aventure monétaire solitaire, a choisi de réintégrer l’imparfaite zone franc, Houphouët-Boigny a été le premier à proposer aux autres États de ne pas humilier ce pays frère, en exigeant de lui le ticket d’entrée dont il n’avait pas les moyens. « Le Vieux » avait alors obtenu de ses pairs qu’ils réintègrent le Mali, à charge de prélever sur sa part de bénéfices ce qui aurait dû être son apport au capital.Un peu comme si l’on vous faisait actionnaire d’une entreprise florissante, sans bourse délier, pour, avec vos dividendes, apurer ce que vous auriez dû avoir versé avant dans le tour de table. Parmi les panafricanistes, il faut savoir distinguer ceux du verbe de ceux des actes concrets.Quels seraient donc les panafricanistes du verbe ?Ils sont nombreux, États ou citoyens. Et vous ne pouvez imaginer la colère de tant d’Africains qui se sont battus pour la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, en découvrant que les dirigeants noirs sud-africains, gênés, se taisaient, tandis que leurs concitoyens se déchaînaient contre les Zimbabwéens, Zambiens et autres Mozambicains venus chercher un mieux-être chez eux. Du temps où ils étaient persécutés, eux trouvaient un accueil généreux en Zambie, au Mozambique et dans les pays dits de « la ligne de front ». L’Afrique qui se conduit ainsi n’est pas crédible, et aucun Africain ne devrait tolérer de telles attitudes.À lire aussiDu bon usage du Panafricanisme

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