エピソード

  • Comment vérifier une information en direct grâce à l'intelligence artificielle ?
    2025/01/10

    « Nous allons nous débarrasser des fact-checkers ». Cette déclaration du patron de Meta, Mark Zuckerberg, ce mardi 7 janvier, a suscité beaucoup d’inquiétude chez les spécialistes de la lutte contre la désinformation. Pendant que certains veulent faire disparaître le fact-checking sur les réseaux, d’autres essayent au contraire de faciliter l’accès à des informations vérifiées. C’est le cas de l'ONG La Réponse Tech qui a récemment lancé, Vera, un bot conversationnel de vérification.

    Utiliser l’intelligence artificielle pour permettre à tout un chacun de vérifier une information en temps réel. C’est la mission que s’est lancée le collectif citoyen La Réponse Tech en développant Vera, un agent conversationnel numérique, accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Concrètement, il suffit d’appeler le numéro de téléphone de Vera, 09 47 99 12 95 ou bien de lui envoyer un message sur WhatsApp, en lui demandant si telle information est vraie ou fausse.

    Pour cet exemple, nous avons volontairement posé une question sur une infox vérifiée par la cellule Info Vérif de RFI. Mais cette intelligence artificielle se base sur le travail de plusieurs centaines de sources fiables, sélectionnées par un comité d’experts et librement consultables.

    « À partir de la question posée par l’utilisateur, Vera va d’abord chercher si des rédactions de fact-checking ont traité le sujet. Si ce n’est pas le cas, elle va chercher la réponse auprès de 300 sites de médias reconnus comme fiables, avant d’en faire une synthèse et de la proposer en temps réel », explique son fondateur, Florian Gauthier. Techniquement parlant, Vera se base sur le modèle de langage GPT-4, développé par la société américaine Open AI.

    Aujourd’hui, Vera est utilisée par environ 700 utilisateurs uniques chaque semaine.

    Une IA modelée pour éviter les erreurs

    Comme tout outil basé sur l’intelligence artificielle, Vera n’est pas infaillible. Le risque d’erreur ou de réponse incomplète existe. Mais contrairement à des chatbots comme ChatGPT, Perplexity ou Claude, Vera n’a pas été pensée pour répondre coûte que coûte à la question posée. « Vera a l’interdiction totale, d’imaginer quoi que ce soit. Dès qu’elle va formuler une réponse, c’est que cette réponse a été donnée par une source fiable qui est toujours citée. Si Vera ne trouve pas la réponse dans sa base de données, ce qui arrive par moment, elle ne va pas chercher à inventer. Elle se contentera alors de préciser qu’elle n’a pas trouvé la réponse à cette question », détaille Florian Gauthier.

    Autre limite, la base de données ne peut pas être exhaustive. Il est donc possible que Vera vous réponde qu’elle ne sait pas même si le sujet a déjà été vérifié. Mais d’après nos essais, Vera est aujourd’hui le bot conversationnel le plus efficace pour vérifier une information en temps réel. À l’avenir, ses créateurs envisagent de rendre Vera multilingue, et de proposer gratuitement le service sur d’autres plateformes et réseaux sociaux.

    Lutter contre les discours complotistes

    Au-delà de permettre ce processus de vérification en temps réel, ce genre d’agent conversationnel pourrait également permettre de limiter, chez certains utilisateurs, l'adhésion aux théories complotistes. C’est ce que montre une étude récente publiée dans la revue scientifique Nature. « De nombreuses personnes qui croient fermement à des théories du complot apparemment infondées peuvent changer d’avis lorsqu’on leur présente des preuves convaincantes. (...) Les dialogues avec l’IA réduisent durablement les croyances complotistes, même parmi les plus fervents croyants », concluent les chercheurs.

    Pour Florian Gauthier, « l’intelligence artificielle est un super outil pour propager des fausses informations. Mais l’IA peut aussi être, au contraire, une véritable piste de réponse pour combattre la désinformation ».

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  • Gaza sur les réseaux sociaux, de l’image artificielle sur de réelles atrocités
    2025/01/03
    De plus en plus simples et performants, les modèles de synthèse d'image permettent la diffusion massive de contenus artificiels, relayés comme tels mais pas seulement. Ils participent aussi à la confusion dans des conflits difficiles à couvrir pour les journalistes, menacés dans l’exercice de leur métier. À côté des véritables clichés témoignant des atrocités commises à Gaza, l’IA vient perturber la perception de la réalité factuelle. L’image suscite l’indignation. Elle montre - au premier plan - un homme âgé sous perfusion, pieds et torse nus, debout au milieu des gravas, avec - à l'arrière-plan - un char de combat se détachant sur fond de bâtiments détruits un peu flous. Les comptes qui partagent cette image sur plusieurs réseaux sociaux, Instagram, Facebook et X indiquent qu’il s’agit d’un vieillard sorti de force par les soldats israéliens lors de l’assaut mené il y a une semaine tout juste contre l’hôpital Kamal Adwan, dernier grand hôpital du nord de Gaza. Relayée dès lundi par une influenceuse et activiste pro-palestinienne suivie par plus de 300 000 comptes sur X, le cliché suscite de nombreuses réactions contre une opération militaire israélienne qui a brutalement mis hors d’état de fonctionner l’un des derniers hôpitaux de Gaza. Pourtant, cette image censée représenter une situation réelle, ne l’est pas. Création numérique trompeuseUne recherche d’image inversée permet de retrouver la première occurrence de cette image. Elle provient du compte Instagram d’un militant pro-palestinien, qui se présente comme un artiste de design numérique. Il ne s’en cache pas, ses images portent toutes la même signature, mentionnant une création d’art visuel. On découvre d’ailleurs une autre version de la scène. Le vieil homme est vu de dos, toujours devant le même char. Sur le bitume devant lui sont peints en rouge les mots « Dirty World » et la photo est barrée d’un slogan : « forced extermination », on voit aussi la signature du concepteur de l’image, en haut à droite et en bas à gauche. Il ne s’agit donc pas d’une photo à proprement parler. L’homme que l’on voit n’existe pas, c’est une composition numérique avec des éléments de décor fictifs. Le char est placé là, comme un élément du décor. Mais nombre de publications ont relayé cette image d’un réseau social à l’autre, en réduisant le cadre et du coup, en escamotant la signature. De toute façon, avec ou sans logo, en lisant les commentaires, on s’aperçoit que beaucoup d’internautes pensent avoir affaire à une image authentique, alors qu’il n’en est rien. Altération du réelLe concepteur de l’image publie sur Instagram un résumé de la situation plutôt factuel sans dire que l’illustration choisie, elle, ne l’est pas. L’intention vise manifestement à alerter l’opinion, à la suite de ce raid de l’armée israélienne qui a bel et bien eu lieu et qui a abouti à ce que les patients de l’hôpital - certains dans un état critique - soient sortis du bâtiment sous la contrainte. Or, à part quelques images du personnel soignant et du docteur Abou Safiya arrêtés par l’armée israélienne, on n’a quasiment pas vu ce qui était advenu des patients. À l'exception d’une vidéo diffusée sur la chaîne de télévision Al Jazeera, montrant des femmes et des enfants assis dans des ambulances lors de leur transfert vers l’hôpital indonésien. Leur situation est réellement dramatique, car le système de santé à Gaza est véritablement en ruine, mais l’image du vieil homme à la perfusion, seul face à un char ne rend pas compte de la situation réelle. À lire aussiGuerre Israël-Gaza: «Un système sanitaire anéanti», la santé des Gazaouis en périlQuand l’image artificielle sert la propagande israélienneLe paradoxe, c’est qu’en publiant et en relayant des images non authentiques même lorsqu’elles témoignent d’une réalité, on favorise la mise en doute des véritables photos, qui - elles - sont prises dans des conditions extrêmement difficiles. L’image du vieillard à la perfusion n’a pas circulé de façon virale. Elle a vite été retirée de X par l’influenceuse qui avait contribué dans un premier temps à sa diffusion. Mais d’autres internautes s’en sont emparés. Dont un militant pro-israélien, profitant de l’occasion pour alimenter le doute sur le sort des gazaouis. Immanquablement, sur les réseaux sociaux, la création échappe vite à son créateur. Le factuel relégué au second plan, la désinformation s’insinue. La nécessité de « documenter » le conflitLa manœuvre éclipse une autre réalité de ce conflit. À Gaza, les journalistes sont empêchés de travailler, victimes des bombardements quand ils ne sont pas volontairement ciblés et interdits sur le terrain. Cette difficulté ne justifie pas cependant l’emploi de fausses images dans la ...
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  • Égypte: de fausses rumeurs de manifestations agitent les réseaux sociaux
    2024/12/27

    En Égypte, de fausses rumeurs de soulèvement populaire sont devenues virales sur les réseaux sociaux. Après la chute du dictateur syrien Bachar el-Assad, certains affirment, à tort, que le peuple égyptien serait en train de renverser Abdel Fattah al-Sissi. En réalité, aucune manifestation anti-régime n’a eu lieu ces derniers jours en Égypte. Les images partagées sont sorties de leur contexte.

    La vidéo la plus populaire a été vue plusieurs millions de fois ces dernières heures. On y voit des manifestants réunis de nuit, dans une rue commerçante. Certains tentent de bloquer la circulation, d’autres scandent : « le peuple veut faire tomber le système », un slogan emblématique des révolutions arabes de 2011. Les comptes qui partagent ces images parlent de « manifestations en cours au Caire pour demander le renversement du régime d'Abdel Fattah al-Sissi ».

    Vérification faîte, ces images sont datées. Grâce à une recherche par image inversée (voir ici comment faire), nous avons retrouvé un reportage de la chaîne de télévision arabe, Al Araby, publié sur Facebook en 2019. On y retrouve plusieurs extraits de manifestations filmés dans toute l’Égypte, dont ces images présentées, à tort, comme étant récentes.

    Cette vidéo remonte donc au mouvement de contestation anti-régime qui avait éclaté dans le pays en septembre 2019. À l’époque, l'homme d’affaires exilé en Espagne Mohamed Aly avait appelé à manifester, accusant Abdel Fattah al-Sissi de corruption. Ces derniers jours, aucune manifestation anti-régime n’a eu lieu en Égypte.

    Détournement de la contestation de 2019

    Une autre vidéo virale montre des manifestants en train de déchirer un portrait d’Abdel Fattah al-Sissi, en pleine rue. La légende évoque « des manifestations antigouvernementales au Caire, en Égypte ». Mais contrairement à ce que veut faire croire l’auteur de ce tweet, ces images vues des centaines de milliers de fois ne sont pas récentes.

    En faisant une recherche par mots clés, nous les avons retrouvées dans un article publié cette fois par Al Jazeera, le 21 septembre 2019. Le média évoque des manifestations dans les villes de Damiette et de Mansoura.

    On retrouve donc le même mode opératoire. Des utilisateurs rediffusent des vidéos datées de cette période de contestation en septembre 2019 et les publient telles quelles, avec une légende mensongère ou volontairement imprécise. Au total, la cellule Info Vérif de RFI a repéré près d’une dizaine de vidéos ainsi sorties de leur contexte.

    Désinformer pour modifier les comportements

    Si on ne sait pas précisément qui est derrière cette campagne de désinformation, l’analyse des comptes à l’origine de ces infox met en lumière des profils variés. Nous avons identifié des comptes égyptiens opposés au régime en place, des comptes pro-russes habitués à désinformer au Moyen-Orient, ainsi que des comptes pro-palestiniens. Quand on regarde les chiffres, on peut dire que cette campagne est relativement efficace puisque ces fausses informations ont cumulé des millions de vues en seulement quelques jours sur X, Facebook et TikTok.

    Ces comptes cherchent à raviver artificiellement la flamme de la contestation en Égypte. Une chose est sûre, leurs infox parviennent au moins à semer le trouble, comme le montrent les commentaires d’internautes qui tombent dans le piège.

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  • Entre le Mali et la Mauritanie, la désinformation attise les tensions
    2024/12/20
    Au Mali, l’armée et ses supplétifs russes de Wagner ont fait une quinzaine de prisonniers lors d’une opération à la frontière mauritanienne, le 10 décembre 2024. Des Mauritaniens ont été arrêtés sur le sol malien, à Laghdaf, près de Fassala, avant d’être libérés. Ce nouvel incident dans une zone frontalière parfois disputée n’a pas tardé à être instrumentalisé. Dans un contexte déjà tendu entre les deux voisins, la désinformation attise encore davantage les tensions. Ce mardi 17 décembre, notre rédaction à Dakar nous alerte. Une vidéo publiée sur TikTok, affirme, à tort, que l’armée mauritanienne aurait réagi à ces arrestations en « bombardant un poste militaire malien à Laghdaf ». Selon cette infox, l’attaque aurait causé « la mort de 69 soldats maliens et mercenaires russes ». À l’image, on voit une explosion avec des flammes de plusieurs dizaines de mètres. Cette scène, impressionnante, a été filmée de nuit, par un témoin situé à une vingtaine de mètres de l’incendie. En réalité, ce récit a été fabriqué de toutes pièces. L’armée mauritanienne n’a pas attaqué le Mali. Il n’y a eu aucun bombardement, ni aucun mort. Il n’y a d’ailleurs pas de poste militaire malien dans la zone. Du côté des images aussi, il y a manipulation. La vidéo n’a pas été tournée à la frontière entre les deux voisins, mais dans la capitale, Bamako. La scène se passe dans le quartier Faladié, juste en face de l’école de la gendarmerie, bien loin de la Mauritanie.On sait que plusieurs camions citernes ont déjà pris feu à cet endroit, notamment le 30 octobre 2024. Cette vidéo est donc liée à un accident sans le secteur.Géolocalisation des imagesPour savoir ce que montre réellement cette vidéo, nous avons commencé par la géolocaliser. Pour ça, nous nous sommes appuyés sur plusieurs commentaires évoquant une scène possiblement filmée à Bamako, avant d’identifier les éléments visuels les plus marquants : un panneau publicitaire, une route bitumée de deux voies et des arbres visibles en arrière-plan.Sur des logiciels de cartographie satellite, comme Google Maps ou Yandex Maps, nous avons cherché ces éléments, sans succès. Nous avons donc fini par utiliser Mappilary, une plateforme collaborative qui permet à n’importe qui de prendre des photos d’une route, ou d’un centre-ville et de les rendre accessibles gratuitement au monde entier. Grâce à ça, nous avons pu arpenter les grands axes de la capitale. Au bout de quelques heures, nous avons fini par retrouver notre panneau et nos arbres, sur la RN7, après la Tour de l’Afrique. Désinformer pour attiser les tensionsÀ l’origine de cette infox, on retrouve un mystérieux compte TikTok suivi par plus de 250 000 personnes. Il publie presque quotidiennement des vidéos sorties de leur contexte, en affirmant, à tort, que la Mauritanie attaquerait ou envahirait le Mali. Des infox souvent virales puisque ses 31 vidéos cumulent plus de 25 millions de vues.Cette désinformation est particulièrement nocive au vu des relations déjà tendues entre les deux voisins. Les journalistes locaux sont quotidiennement confrontés à cette réalité. « La manipulation de l’information expose les populations à des risques, souligne Kissima Diagana, directeur du site InitiativeNews, présent lors du dernier webinaire du Timbuktu Institute. D’autant plus dans un pays comme la Mauritanie où il y a différentes communautés face à un pays en crise au Mali, également exposé à des tensions communautaires. C’est donc facile de créer des tensions entre les deux pays. »Ces tensions entre les deux voisins sont déjà largement palpables sur les réseaux sociaux.À lire aussiNon, cette vidéo ne montre pas la Mauritanie sur le point d’attaquer le Mali
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  • Syrie: les fausses rumeurs sur le sort de Bachar el-Assad
    2024/12/13
    Depuis la chute du régime de Bachar el-Assad en Syrie, chassé par une coalition de rebelles islamistes, de nombreuses fausses informations circulent à son propos. Ces rumeurs cumulent des millions de vues et sèment le trouble sur la fuite de l’ex-dictateur syrien. L’une des dernières infox en date affirme que Bachar el-Assad aurait officiellement démissionné, exprimant des regrets avant de fuir son pays. Cette affirmation repose sur une bande son diffusée sur les réseaux sociaux. On pense y entendre l’ex-dictateur déclarer « Chers citoyens, dans les circonstances difficiles que traverse le pays, et en raison de l'état du peuple syrien, moi, Bachar el-Assad, après avoir pleinement reconnu ma responsabilité dans ce qui s'est passé dans le pays au cours des dernières années, j'ai décidé de renoncer à la fonction de président de la République. (...) J'ai signé des décrets récents exigeant le retrait des forces étrangères et des milices, et j'appelle ces forces à se retirer du territoire syrien. Enfin, je présente mes excuses au grand peuple syrien pour mes actions ».En réalité, cet enregistrement écouté des millions de fois n’est pas réel. Bachar el-Assad n’a ni annoncé sa démission, ni présenté ses excuses. En scriptant la bande son et en faisant des recherches par mots clés, nous avons identifié une vidéo publiée sur YouTube, le 2 septembre 2023. On y retrouve exactement le même audio de 56 secondes.En légende, il est indiqué que cet audio a été généré via l’intelligence artificielle « à des fins de divertissement », ce que confirment les détecteurs d’IA que nous avons utilisés.L’avion de Bachar el-Assad victime d’un crash ?Une autre infox qui revient avec insistance avance que l'ex-dictateur syrien serait mort durant sa fuite en avion. Selon les internautes à l’origine de cette rumeur, un avion-cargo russe, transportant Bachar el-Assad, se serait crashé au nord de la Syrie. Certains assurent, images à l’appui, que l’appareil aurait été abattu par les rebelles islamistes. En réalité, tous les clichés présentés comme des preuves sont sortis de leur contexte. Nous avons identifié des images provenant des États-Unis, d’Inde, mais jamais de Syrie.Si les données de vol étrange d’un Iliouchine-76 en partance de Damas ont bien semé le doute, rien ne permet de dire qu’un avion s’est crashé, ni que Bachar el-Assad figurait parmi les passagers. Entre l’ancienneté de l’appareil et le brouillage GPS dans la zone, les données du transpondeur sont à prendre avec précautions, comme le rappelle la plateforme de tracking en ligne, FlightRadar24. Enfin, aucune carcasse d’avion n’a aujourd’hui été retrouvée sur les prétendus lieux du crash.Des découvertes farfelues dans sa résidence ?Un flot de fausses informations vise aussi les découvertes réalisées dans l’ancienne résidence de Bachar el-Assad, pillée par des civils et des rebelles. Les images authentiques montrant des dizaines de voitures de luxe, des œuvres d’art, des écrans géants, ont fait le tour du monde. Dans ce contexte, certains ont saisi l’occasion pour désinformer et faire du clic. À en croire leurs publications, le parchemin d’une torah vieille de plus de 500 ans, une collection de films pour adultes et des milliers de lingots d’or auraient aussi été retrouvés.Vérifications faîtes, l’exemplaire de la Torah a été filmé en Tunisie en 2017. La collection de films X date d’une vente aux enchères en 2021, en Australie. Quant aux lingots d’or, ils ont été générés par intelligence artificielle. Ces trois infox ont été vues des millions de fois ces dernières heures.
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  • Syrie: rumeurs infondées sur la mort d'Abou Mohammed al-Jolani, le chef des rebelles islamistes
    2024/12/06

    En Syrie, la coalition conduite par le groupe islamiste radical, Hayat Tahrir Al-Sham, poursuit son offensive contre l’armée de Bachar el-Assad. Après leur prise d’Alep, les rebelles ont capturé la ville d’Hama. Dans ce contexte, tout et son contraire circule sur les réseaux sociaux. Certains affirment notamment, à tort, que le chef du mouvement islamiste HTS, Abou Mohammed al-Jolani, aurait été tué dans un bombardement russe.

    La photo a fait le tour des réseaux sociaux ces derniers jours. On y voit le cadavre d’un homme barbu, vêtu d’une chemise de camouflage, les yeux et la bouche entrouverts. Son corps est mis en scène sur un canapé, devant un mur criblé d’impacts. En légende, les internautes parlent d'une « frappe aérienne russe contre le quartier général opérationnel dans lequel le chef du groupe HTS, Abu Muhammad al-Julani, se trouvait et aurait été tué ». D’autres évoquent aussi, sans preuve, la présence « de hauts responsables des services de renseignements ukrainiens et turcs ».

    Vérification faite, cette photo n’a rien à voir avec les combats en cours en Syrie. En faisant une recherche par image inversée, on retrouve ce même cliché dans un article publié sur un site d’information libanais, le 5 septembre 2015. Le média évoque, en arabe, la mort du terroriste jordanien, membre de l’état islamique, Abu Al-Qaqa, en Syrie, lors d’un bombardement en 2015.

    Cette version est confirmée par une publication Facebook de la 105ᵉ brigade électronique de la Garde républicaine syrienne, également datée du 5 septembre 2015.

    Une photo manipulée

    Une comparaison minutieuse entre cette photo de 2015 et celle qui circule ces derniers jours, montre que l’image a été manipulée. Sur le cliché de 2015, l’homme ne ressemble pas à Abou Mohammed al-Jolani. Il a du sang sur le nez et sur les lèvres. Son regard est vide.

    Au contraire, sur l’image partagée ces derniers jours, l’homme ressemble fortement au leader de Hayat Tahrir Al-Sham. Il n’a pas le même nez, ni les mêmes yeux. Quelqu’un a donc pris une vieille photo d’un terroriste tué en 2015, et a visiblement modifié son visage pour le faire passer, à tort, pour Abou Mohammed al-Jolani.

    Contrairement à ce qu’affirme cette infox, Abou Mohammed al-Jolani est apparu vivant ce mercredi 4 décembre 2024. Le chef du groupe islamiste a été vu, déambulant dans la citadelle d’Alep. Plusieurs vidéos amateurs le montrent en chemise et pantalon kaki, entouré par des dizaines de personnes.

    Des comptes pro-Bachar el-Assad à la manœuvre ?

    Si on ne sait pas précisément qui est à l’origine de cette infox, on sait qu’elle a notamment été poussée par des influenceurs pro-Bachar el-Assad ainsi que par des comptes pro-russes désireux de glorifier l’action de leur armée en Syrie. Des agences de presse en Afghanistan et au Yémen ont aussi relayé cette fausse information.

    Résultat, cette image manipulée et sortie de son contexte cumule actuellement plusieurs millions de vues sur les réseaux sociaux. Des dizaines d’infox de ce genre circulent présentement. Ce bruit de fond sème le trouble sur le véritable déroulement de ce conflit en cours en Syrie.

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  • Ukraine: comment la Russie exploite la menace nucléaire pour manipuler l'opinion
    2024/11/29

    Une semaine après le tir par la Russie d’un missile capable d’emporter des charges atomiques sur Dnipro en Ukraine, le chantage nucléaire brandi par le Kremlin n’a jamais semblé aussi fort. En déplacement au Kazakhstan, Vladimir Poutine a menacé ce jeudi 28 novembre de frapper Kiev avec ce nouveau missile. Dans ce contexte, certains diffusent sur les réseaux le récit d’une guerre nucléaire imminente entre la Russie et l’Otan. Ce narratif est poussé à coups d'infox, pour terroriser les Occidentaux.

    Cette petite musique alarmiste d’une guerre nucléaire imminente entre la Russie et l’Otan est omniprésente sur les réseaux sociaux. Le dernier exemple en date est une vidéo censée montrer « une nouvelle bombe nucléaire russe en cours de fabrication ». On y voit une énorme machine noire, haute comme un immeuble de dix étages, de forme cylindrique, transportée sur un plateau roulant long de plusieurs dizaines de mètres. Des ouvriers en tenue de chantier filment la scène. Côté son, l’ambiance est volontairement plutôt inquiétante. L’internaute à l’origine de cette publication parle de « rapports alarmants suggérant que la Russie intensifie ses préparatifs et son arsenal nucléaire ».

    Vérification faîte, ces images ne montrent pas une bombe nucléaire, ni une quelconque arme russe. Grâce à une recherche par image inversée, on retrouve plusieurs photos de cette même machine dans un article publié sur le site internet de l’entreprise Mammoet.

    Cette société néerlandaise est spécialisée dans le levage et le transport d'objets lourds. On y apprend qu’il s’agit en réalité d’une gigantesque colonne de régénération qui sert au traitement des produits issus du raffinage. L’appareil pèse plus de 3 000 tonnes et a été transporté vers la raffinerie de pétrole de Dangote, au Nigeria, en 2021. À ce jour, il s’agit de l'élément le plus lourd jamais transporté sur une voie publique en Afrique.

    Un faux message du gouvernement français

    Toujours pour alimenter les peurs, d’autres vidéos sorties de leur contexte simulent même le début d’une guerre nucléaire. C’est le cas d’une publication TikTok consultée des centaines de milliers de fois ces dernières heures. On y voit le symbole nucléaire jaune et noir, apposé sur des images de Paris.

    Ces visuels sont accompagnés d’un prétendu message d’alerte nucléaire du gouvernement français.

    Ce message, angoissant, semble réel. La charte graphique, le logo bleu-blanc-rouge, l’intonation de la voix, tout paraît correspondre avec les alertes officielles diffusées sur d’autres sujets par la République française. Sauf qu’en réalité, ce message a été fabriqué et diffusé sur YouTube par un vidéaste, en avril 2023. Il précise bien que c’est un « contenu fictif ». Malgré ça, sa vidéo est aujourd’hui réutilisée à des fins de désinformation.

    Affaiblir le soutien à l'Ukraine

    L’analyse de la propagation de ces infox alarmistes montre qu’elles sont, en partie, diffusées et amplifiées par des comptes habitués à relayer quotidiennement la propagande russe sur les réseaux sociaux. Leur but est d’installer ce bruit de fond d’une guerre nucléaire imminente entre la Russie et l’Otan, pour créer un sentiment de panique chez les Occidentaux. Cette peur pourrait engendrer une volonté de ne plus soutenir l’effort de guerre ukrainien. Cette stratégie informationnelle a été mise en place par le Kremlin depuis le lancement de son invasion de l’Ukraine.

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  • France: Michel Barnier ciblé par un nouveau deepfake
    2024/11/22

    La France envisage-t-elle d’abaisser la limitation de vitesse sur les autoroutes, passant de 130 à 90 km/h ? L’infox a fait le tour des réseaux sociaux ces derniers jours. Cette fausse rumeur s’appuie sur une vidéo manipulée du Premier ministre, Michel Barnier, en déplacement à Angers la semaine dernière pour les Assises des départements de France. En réalité, il s’agit d’un nouveau deepfake du Premier ministre français.

    La vidéo dure précisément trente-trois secondes. On y voit Michel Barnier tenir un discours derrière un pupitre, sur lequel est inscrit « Assises des départements de France ». Plusieurs bandeaux textuels, communément appelés des synthés, sont apposés sur ces images. On y retrouve notamment le logo de la chaîne de télévision française BFM TV. Côté son, on entend le Premier ministre annoncer, qu’à partir de 2025, « la vitesse sur autoroute sera limitée à 90 km/h pour les véhicules thermiques, afin de réduire les émissions de dioxyde de carbone et d’améliorer la sécurité routière. En revanche, les véhicules électriques conserveront la limitation actuelle de 130 km/h. Cette distinction vise à encourager la transition vers des technologies plus propres et à soutenir notre engagement envers l’écologie et l’innovation. Nous comptons sur votre compréhension et votre soutien dans cette démarche essentielle pour l’avenir ».

    Face à cette prétendue déclaration, des internautes s’agacent. L’un deux commente : « Ce sont des fous ! Ils sont payés pour détruire la France en faisant semblant de combattre une menace qui n’existe pas. Pendant combien de temps allez-vous les laisser vous enlever tout ? Ce sont vos pires ennemis ». En réalité, Michel Barnier n’a jamais prononcé ces mots.

    Hypertrucage généré par l’intelligence artificielle

    Vérification faîte, cette vidéo est un deepfake, un hypertrucage généré par l’intelligence artificielle. Autrement dit, la voix du Premier ministre et le mouvement de ses lèvres ont été modifiés pour lui faire dire n’importe quoi. Si la synchronisation labiale n’est pas parfaite, la voix de Michel Barnier est plutôt bien reproduite.

    La manipulation est vraiment convaincante, ce qui explique que de nombreux internautes tombent dans le panneau.

    La vérification

    Pour vérifier ces images, nous avons commencé par remonter à la source. Nous avons donc revisionné la prise de parole de Michel Barnier, diffusée sur BFM TV le 15 novembre dernier. On y retrouve bien, les mêmes gestes, le même pupitre, mais à aucun moment, Michel Barnier ne parle de la limitation de vitesse sur les autoroutes.

    À partir de là, on sait qu’il y a eu manipulation. Pour savoir de quel ordre, nous avons passé la vidéo au crible de plusieurs détecteurs d’intelligence artificielle. Les résultats sont sans appel, c’est un deepfake. Des recherches par image inversée montrent que ce deepfake a été fabriqué par un compte parodique sur TikTok.

    Un nouveau deepfake

    Parmi ceux qui partagent cette fausse information, on retrouve des comptes complotistes ou d’autres simplement opposés au gouvernement et au président Emmanuel Macron. Ce qui est intéressant, c’est que certains d’entre-eux avaient déjà diffusé un autre deepfake de Michel Barnier en septembre dernier. Là aussi, la voix du Premier ministre avait été manipulée pour lui attribuer, à tort, des mesures chocs, comme l’augmentation du carburant ou du temps de travail. Ces infox sont souvent accompagnées d’appels à la mobilisation.

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