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サマリー
あらすじ・解説
En 2024, les exportations de pétrole du Guyana ont explosé : +54%. Ce pays au nord de l'Amérique latine, coincé entre le sud du Venezuela et l'océan Atlantique, devient un acteur important sur le marché du pétrole. Décryptage.
Le Guyana, c'est une économie toute récente d’à peine dix ans. L'explication, c'est qu'un gigantesque gisement de pétrole a été découvert à seulement 200 kilomètres de ses côtes en 2015. Depuis, le pays de seulement 800 000 habitants connait la plus forte croissance de la planète, aux alentours de 35%. Le Fonds monétaire international (FMI) estime d'ailleurs dans ses prévisions que ça devrait continuer ainsi jusqu'en 2028. Cette situation économique entraîne ainsi une transformation pour le moins accélérée de son développement. C'était il y a peu le deuxième pays d'Amérique du Sud au plus faible revenu par habitant. C'est désormais tout l'inverse, à tel point que le Guyana est aujourd'hui l'un des pôles les plus attractifs de la région. La compagnie pétrolière Exxon Mobil l'a parfaitement saisi et y a investi des dizaines de milliards dans l'extraction de pétrole. La production est telle que le Guyana est en passe d'entrer dans le top 20 des producteurs mondiaux avec 770 000 barils par jour cette année. Ambition affichée d'1,8 million d'ici dix ans. Si l'on rapporte au nombre d'habitants, les réserves du Guyana sont équivalentes à celles de l'Arabie saoudite.
Pas de ruissellementPourtant, la population précisément ne bénéfice pas pleinement de cette activité. Si le PIB par habitant est élevé, pratiquement de la moitié de la population vit avec moins de 5,50 dollars par jour, ce qui les place sous le seuil de pauvreté. Cette croissance entraine une inflation qui ne bénéficie pas aux locaux. Les investissements étrangers ont fait exploser les prix des loyers et de l'alimentation. D'après le département d'État américain, l'inflation a atteint les 6,6% en 2023. Le pays a d'ailleurs connu un vaste mouvement de grève au printemps dernier. Le groupe américain Exxon Mobil pour sa part explique que la création d'une industrie pétrolière à partir de zéro a profité aux Guyaniens avec la création d'emplois locaux avec l'avènement de sous-traitants.
Malédiction des ressources naturellesConcrètement, le Guyana ne se repose « que » sur cette ressource qu'est le pétrole. Ce qui comporte naturellement des risques, parmi lesquels l’épuisement de cette ressource. Sans jouer les oiseaux de mauvaise augure, cette situation a un nom. La « malédiction » des ressources naturelles. Des décennies de boom économique qui enrichissent les dirigeants alors que la population reste sous le seuil de pauvreté. La situation du Guyana pourrait en être une illustration du XXIe siècle.
Pourtant, le Venezuela a des vues sur ce pétrole et une partie du Guyana. Caracas revendique la région de l'Essequibo, zone frontalière entre le Guyana et le Venezuela sous laquelle se trouvent 16 milliards de barils équivalents pétrole d'après la société de recherche énergétique Rystad. Cette réserve fait évidemment des envieux. Des envies qui pourraient être de nouveau d'actualité alors que Nicolas Maduro vient d'être renouvelé au pouvoir au Venezuela, et que les prochaines élections guyaniennes ont lieu à la fin de l’année !