• La vulnérabilité des grandes démocraties

  • 2024/12/07
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La vulnérabilité des grandes démocraties

  • サマリー

  • À force de se comparer au bloc de l'Est, les démocraties occidentales ont oublié de penser leur avenir. Se croire meilleur parce que l’autre a fait naufrage n’est pas ce qu’il y a de plus stimulant comme faire-valoir. À la faveur du vote d’une motion de censure, l’Assemblée nationale a donc fait tomber le gouvernement de la France, cette semaine. C’est d’autant moins banal que le seul précédent, sous la Ve République, remontait à 1962. Est-ce, pour autant, suffisant pour soutenir, comme vous le faites, que les démocraties occidentales sont mal en point ?Au-delà de la chute du gouvernement en France, nombre de nations-phares de la démocratie occidentale vivent des crises politiques qui donnent une impression d’essoufflement, sinon de fin de cycle des systèmes. Après tout, une démocratie ne meurt pas uniquement de coups d’État militaires ou de révolutions. C’est souvent bien plus insidieux. Et certains peuples sont trop sûrs de leur système pour entendre le questionner ou le remettre en cause. Mais, les blocages fréquents des institutions, ici et là, sont le signe que ces démocraties perdent pied. Quand, par exemple, les choix parfois déconcertants des électeurs suffisent à les ébranler profondément. Après les États-Unis, la Belgique, le Canada, l’Allemagne et quelques autres nations, l’actualité en France indique que l’autosatisfaction n’est peut-être pas la meilleure attitude face aux risques qui guettent le fonctionnement des grandes démocraties.Ces pays sont-ils vraiment dans l’autosatisfaction ?Depuis l’effondrement du bloc soviétique, il y a trente-trois ans, le monde occidental vit dans la certitude que son modèle démocratique et capitaliste est l’étalon universel. Conforté, il est vrai, par le fait que même la Russie et la Chine sont désormais en économie de marché, sinon dans le pire du capitalisme sauvage. Mais l’Union soviétique n’a pas été vaincue. Elle s’est juste écroulée, juste parce qu’elle ne pouvait plus répondre aux besoins de sa population. Et l’Occident, par facilité intellectuelle, en a déduit que son système est définitivement le meilleur. Se croire meilleur parce que l’autre a fait naufrage est la pire des méprises. Pour les individus comme pour les nations. Ce n’est vraiment pas ce qu’il y a de plus stimulant comme faire-valoir. La preuve : les champions mondiaux de la démocratie ont oublié de se régénérer et ne cessent de trébucher, chaque fois que les électeurs, comme pour embarrasser des politiques agaçants, s’amusent, avec leurs bulletins de vote à rendre les pays ingouvernables.En quoi les dirigeants politiques agaceraient-ils les électeurs ?Des promesses électorales non tenues aux mensonges grossiers dont abusent parfois certains politiciens en campagne, les motifs de frustration sont légion, qui justifient des transhumances électorales capricieuses, propres à compliquer la constitution de majorités stables. Les électeurs s’agacent aussi de la désagréable propension de certains responsables politiques à sans cesse rejeter la faute sur leurs adversaires, sinon sur les électeurs. De la même façon que nombre d’institutions internationales conçues au sortir de la Deuxième Guerre mondiale ont atteint leurs limites, certains systèmes politiques sont à bout de souffle. Les dirigeants, empêtrés dans les urgences, oublient de penser l’avenir. Pour espérer des bonds qualitatifs, les peuples cherchent désormais des leaders d’envergure. Pas pour modeler la société à leur seule image, en attendant que leur successeur vienne tout défaire.Les institutions solides et durables impliquent le consensus et l’esprit d’ouverture. C’est ce que beaucoup espéraient d’Emmanuel Macron, arrivé au pouvoir alors que les principales formations qui s’y succédaient jusqu’alors avaient implosé. Il aurait pu faire l’Histoire, en saisissant cette opportunité pour redessiner le paysage institutionnel de son pays dans le sens d’un ensemble plus cohérent que les blocs irréconciliables qui figent et crispent le pays, sans offrir un début de stabilité pour gouverner. L’affaiblissement des autres, qu’il a trouvé, a juste servi à lui faciliter, un temps, la conduite du pays. Il s’est accommodé de la seule adversaire de poids qui lui restait, se servant habilement de ce qui, pour l’électorat, pouvait servir d’épouvantail chez lui. Cette méthode a atteint ses limites, et il aura du mal à convaincre n’être pour rien dans l’impasse actuelle.Quant aux peuples du monde auxquels l’on indique sans cesse quel système démocratique est le meilleur pour eux, ils risquent de se perdre, à force de voir les modèles de démocratie perdre aussi facilement pied.
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あらすじ・解説

À force de se comparer au bloc de l'Est, les démocraties occidentales ont oublié de penser leur avenir. Se croire meilleur parce que l’autre a fait naufrage n’est pas ce qu’il y a de plus stimulant comme faire-valoir. À la faveur du vote d’une motion de censure, l’Assemblée nationale a donc fait tomber le gouvernement de la France, cette semaine. C’est d’autant moins banal que le seul précédent, sous la Ve République, remontait à 1962. Est-ce, pour autant, suffisant pour soutenir, comme vous le faites, que les démocraties occidentales sont mal en point ?Au-delà de la chute du gouvernement en France, nombre de nations-phares de la démocratie occidentale vivent des crises politiques qui donnent une impression d’essoufflement, sinon de fin de cycle des systèmes. Après tout, une démocratie ne meurt pas uniquement de coups d’État militaires ou de révolutions. C’est souvent bien plus insidieux. Et certains peuples sont trop sûrs de leur système pour entendre le questionner ou le remettre en cause. Mais, les blocages fréquents des institutions, ici et là, sont le signe que ces démocraties perdent pied. Quand, par exemple, les choix parfois déconcertants des électeurs suffisent à les ébranler profondément. Après les États-Unis, la Belgique, le Canada, l’Allemagne et quelques autres nations, l’actualité en France indique que l’autosatisfaction n’est peut-être pas la meilleure attitude face aux risques qui guettent le fonctionnement des grandes démocraties.Ces pays sont-ils vraiment dans l’autosatisfaction ?Depuis l’effondrement du bloc soviétique, il y a trente-trois ans, le monde occidental vit dans la certitude que son modèle démocratique et capitaliste est l’étalon universel. Conforté, il est vrai, par le fait que même la Russie et la Chine sont désormais en économie de marché, sinon dans le pire du capitalisme sauvage. Mais l’Union soviétique n’a pas été vaincue. Elle s’est juste écroulée, juste parce qu’elle ne pouvait plus répondre aux besoins de sa population. Et l’Occident, par facilité intellectuelle, en a déduit que son système est définitivement le meilleur. Se croire meilleur parce que l’autre a fait naufrage est la pire des méprises. Pour les individus comme pour les nations. Ce n’est vraiment pas ce qu’il y a de plus stimulant comme faire-valoir. La preuve : les champions mondiaux de la démocratie ont oublié de se régénérer et ne cessent de trébucher, chaque fois que les électeurs, comme pour embarrasser des politiques agaçants, s’amusent, avec leurs bulletins de vote à rendre les pays ingouvernables.En quoi les dirigeants politiques agaceraient-ils les électeurs ?Des promesses électorales non tenues aux mensonges grossiers dont abusent parfois certains politiciens en campagne, les motifs de frustration sont légion, qui justifient des transhumances électorales capricieuses, propres à compliquer la constitution de majorités stables. Les électeurs s’agacent aussi de la désagréable propension de certains responsables politiques à sans cesse rejeter la faute sur leurs adversaires, sinon sur les électeurs. De la même façon que nombre d’institutions internationales conçues au sortir de la Deuxième Guerre mondiale ont atteint leurs limites, certains systèmes politiques sont à bout de souffle. Les dirigeants, empêtrés dans les urgences, oublient de penser l’avenir. Pour espérer des bonds qualitatifs, les peuples cherchent désormais des leaders d’envergure. Pas pour modeler la société à leur seule image, en attendant que leur successeur vienne tout défaire.Les institutions solides et durables impliquent le consensus et l’esprit d’ouverture. C’est ce que beaucoup espéraient d’Emmanuel Macron, arrivé au pouvoir alors que les principales formations qui s’y succédaient jusqu’alors avaient implosé. Il aurait pu faire l’Histoire, en saisissant cette opportunité pour redessiner le paysage institutionnel de son pays dans le sens d’un ensemble plus cohérent que les blocs irréconciliables qui figent et crispent le pays, sans offrir un début de stabilité pour gouverner. L’affaiblissement des autres, qu’il a trouvé, a juste servi à lui faciliter, un temps, la conduite du pays. Il s’est accommodé de la seule adversaire de poids qui lui restait, se servant habilement de ce qui, pour l’électorat, pouvait servir d’épouvantail chez lui. Cette méthode a atteint ses limites, et il aura du mal à convaincre n’être pour rien dans l’impasse actuelle.Quant aux peuples du monde auxquels l’on indique sans cesse quel système démocratique est le meilleur pour eux, ils risquent de se perdre, à force de voir les modèles de démocratie perdre aussi facilement pied.

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