エピソード

  • Lukaré, centre artisanal burkinabè et grenier à idées et à talents
    2025/01/12
    Direction le Burkina Faso et le quartier de Dapoya, à Ouagadougou, où est installé le centre artisanal Lukaré. Un centre qui, depuis près de 15 ans, fait figure d'excellence en matière de création de meubles et d'accessoires à base de matériaux de récupération. Au centre Lukaré, la quinzaine d'apprentis ou de créateurs aguerris sont à l'ouvrage. Perceuses, ponceuses, poste à souder... Tous ces outils – entre deux délestages – s'activent, avec Inoussa Dao comme chef d'orchestre. « Lukaré ça veut dire ''le grenier'' en pulaar. C'est un grenier où on a beaucoup d'idées. Voilà, on aimerait aussi transmettre ces idées à d'autres jeunes », explique-t-il. Il y a 15 ans, Inoussa a fondé, avec son frère Hassan Dao et deux autres artistes, le centre d'apprentissage et la galerie Lukaré, qui font référence depuis au Burkina Faso :« L'idée de Lukaré, c'est vraiment la récupération. Je peux dire que 90% de nos créations, c'est de la récupération. C'est de donner une seconde vie aux matières mortes, si on peut dire ainsi. C'est du bois, des carcasses de voitures, de la récupération de bidons. Voilà, tout ce qu'on peut recycler et leur donner une seconde vie. On fait des tables, des meubles de rangements, des accessoires comme des dessous de plat, des lampes, des meubles d'intérieur et d'extérieur. » L'art de recycler des matériaux bruts comme des racines d'arbres ou bien des pots d'échappement de mobylette, pour les sublimer en meubles uniques, a fait école au Faso . D'autant plus que le centre Lukaré accueille des jeunes qui cherchent leur voie pour les former à la technique de la récup'. Une seconde vie aux matières mortes« On n'a pas besoin d'avoir un diplôme ou une formation quelconque, c'est la motivation personnelle qui compte, souligne Inoussa Dao. Après, nous, on les place à l'atelier soudure d'abord, et après, on les place à l'atelier bois pour qu'ils apprennent ces deux métiers de base. Après, c'est à lui de choisir la branche qu'il veut. Nous, on est à côté pour les guider dans cette création. Mais c'est lui qui créé après ! »C'est ainsi que de ce phalanstère créatif sont sortis de grands noms du design burkinabè qui ont fait leur chemin depuis, comme Ahmed Ouattara, Kader Kaboré, Ousmane Kouyaté ou encore Paulin Banigabou. Ce dernier est un virtuose dans l'art d'entremêler palissandre et fer à béton pour en faire des sièges :« Actuellement, on peut dire que je travaille à mon propre compte. C'est grâce à eux aussi (les encadrants de Lukaré, NDLR), parce que je suis passé par eux qui nous ont guidés, qui nous ont montré comment faire. Actuellement , mon travail est beaucoup basé sur les tabourets et des pièces uniques aussi. Des chaises et des tables aussi quoi, parce que j'ai été formé, mais j'ai ajouté ma ''touche'' aussi. Je fais un peu différent de mon patron parce qu'il faut créer aussi ta propre identité. Ainsi il y a des gens, quand il voit ça, ils disent ''Ça, c'est Paulin !''. »Finitions nickelLes meubles et accessoires de Lukaré font le bonheur des amoureux du design comme Eliot Martin. En Allemagne, à Francfort, il est le responsable de la galerie Moogoo. Il s'extasie :« L'idée, c'est de dire :''Nous, on veut du beau ! Et qu'en plus il y ait une histoire derrière.'' On a la volonté de vendre des beaux produits. C'est vrai que les finitions (chez Lukaré, NDLR) sont nickel, quoi ! Il y a une qualité ! Pour tout ce qui est soudure, tous les gens ici qui s'y connaissent sont toujours impressionnés par leur travail. Je ne sais pas s'ils se rendent compte, mais ils n'ont pas le matos qui existe en Europe ! À part des postes à souder, ils n'ont pas beaucoup plus d'outils, quoi ! » Rendre la matière brute magnifique, c'est l'art de concilier l'indigence des moyens avec l'exigence d'artisans surdoués. Hortense Assaga, journaliste et auteur d'un ouvrage intitulé Made In Africa est, elle aussi, admirative :« Ce centre illustre vraiment bien la pratique africaine. Il y a une espèce de regroupement qui se fait entre artisans, créatifs. Et puis, ils essayent d'organiser ça. On apprend les uns des autres pour en sortir souvent les objets fabuleux. Oui, c'est une pratique à l'africaine, une transmission qui se fait tout naturellement entre artisans, et c'est vraiment ça qu'il faut saluer. » Le mot de la fin, c'est Inoussa Dao qui l'a trouvé en cherchant dans son grenier peul à idées : « On va consommer ici ce que nos braves artistes et artisans produisent. Nous consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons. »
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  • Une startup mauritanienne butine avec les abeilles
    2025/01/08

    L’Afrique en Marche s’en va butiner en Mauritanie. Dans ce pays sahélien, un jeune startupper, Oumar Diallo, a décidé de se lancer dans l’apiculture et de dispenser sa science auprès d’autres Mauritaniens et Mauritaniennes pour favoriser l’élevage des abeilles, si précieuses pour leur miel, mais aussi pour l’ensemble de la biodiversité.

    « L’abeille est très fascinante ! Même dans le saint Coran, Dieu a donné une sourate complète pour les abeilles ! Et il a mentionné aussi que le miel, c’est un remède pour toutes les maladies ».

    Oumar Diallo, 34 ans, est entré en apiculture comme d’autres entrent en religion. Spécialiste des énergies renouvelables, il décide en 2018 de consacrer sa vie et son métier à la récolte du miel et donc au développement de ruches. Dès lors, il dévore tous les ouvrages disponibles sur le sujet et suit des formations au Sénégal, aux États-Unis, en Roumanie ou encore au Burkina Faso.

    « Et là, je me suis mis à faire des recherches et j’ai compris que les abeilles, c'est une société très organisée où il y a des ouvrières, architectes, des butineuses… c’est vraiment une société très organisée », s’émerveille l’apiculteur mauritanien.

    « Chacune a un rôle à jouer et parallèlement aussi, les abeilles participent à la protection de l’environnement par la pollinisation des cultures. C’est après les recherches que j’ai faites en Roumanie, aux États-Unis d’Amérique, que j’ai compris que si l’abeille meurt, l’être humain n’aura que quatre ans à vivre. Donc, pas d’abeilles, pas de vie ! Raison pour laquelle nous, on se bat jour et nuit pour développer cette filière apicole en Mauritanie d’une manière durable et responsable surtout ».

    Devenu expert en apiculture, il installe un peu moins de 100 ruches dans la région de Taybatal Moktar, au sud du pays, non loin du fleuve Sénégal. Non content de récolter et de commercialiser son miel dans sa start-up Apidev, Oumar Diallo forme également des femmes et des jeunes Mauritaniens à l’art de développer les essaims d’abeilles et de récolter leurs hectares. Il a d’ailleurs publié deux manuels, dont un en langue fulfulde pour les Peuls.

    « Nous avons eu l’occasion de former cent-cinquante femmes et quatre coopératives féminines dans la production du miel, mais aussi la valorisation des produits de la ruche. Nous avons récolté la cire ensemble, nous avons récolté le miel ensemble et nous avons fait aussi des bougies et des savons à base de cire d’abeille. Donc, je me suis dit qu’avoir un manuel en puular parce qu’eux, ils comprennent la langue puular, ce serait aussi un atout pour moi. Je l’ai mis à leur disposition, ce manuel de l’apiculture moderne durable. Ils peuvent vraiment lire, comprendre et faire de l’apiculture. C’est une manière aussi de dire à la jeunesse que nous avons des ressources à exploiter. Il faut y rester, il faut y croire ! »

    Miel d’acacia, de karité, de jujubier ou encore de moringa, la variété des parfums de ces miels permet à sa marque de se vendre avec succès au-delà même de la Mauritanie. En installant ses ruches en bois ou en ciment dans les vergers ou dans les champs, il favorise, en outre, de meilleurs rendements pour les récoltes des paysans qui l’accueillent. Car ce n’est un secret pour personne : l’abeille est un vecteur précieux de rendement et de biodiversité, comme nous l’explique Alain Chevalier, président de l’association Apiflordev : « La pollinisation par l’abeille mellifère joue un grand rôle dans la production agricole. La FAO estime que, par exemple, sur le café, l’augmentation de rendement est de 40 %. C’est-à-dire qu’on double presque la production, grâce à la pollinisation. Pour les légumes, par exemple, la pollinisation permet d’avoir des fruits de plus grosses qualités, plus réguliers et en plus grand nombre ».

    Apiflordev, depuis 20 ans, forme un peu partout en Afrique à l’art de l’apiculture. À son simple niveau, la start-up d'Oumar Diallo a remporté plusieurs prix d’excellence. Et cet apiculteur heureux réinvestit le prix de ces récompenses dans l’achat de nouvelles ruches.

    Dans nos archives :L'abeille africaine : le trésor méconnu du continent

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  • Sofar, si proche des musiciens en Afrique
    2024/12/29

    La franchise Sofar (Songs from a Room) propose depuis 2009 des concerts intimistes et secrets dans des lieux inhabituels dans le monde et en Afrique. À Lagos, à Addis-Abeba, à Maurice ou à Dakar, c'est une expérience que les amateurs de musique et de spectacle vivants apprécient.

    Depuis une bonne quinzaine d'années, les premiers concerts Sofar ont vu le jour en Angleterre et depuis, le concept de ces shows intimistes et éphémères a essaimé à travers le monde et notamment en Afrique : en Éthiopie, au Nigeria...

    Des collectifs d'amoureux de la musique s'organisent pour préparer des concerts hors normes dans la mesure où ni le lieu, ni la date, ni même les artistes qui joueront, ne sont connus jusqu'au dernier moment. C'est ainsi qu'à Maurice, le premier concert organisé par Samantha Shegobin, a eu lieu dans un salon de coiffure.

    « C’était bien » se remémore cette ambassadrice Sofar mauricienne. « C'était le tout premier, donc les gens ne connaissaient pas trop Sofar avant. Le lieu est dévoilé 36 h avant le spectacle. Et les artistes restent secrets jusqu'à ce que le show commence. Donc oui, les gens ont aimé. C'est une bonne expérience communautaire parce que je pense qu'on construit une communauté mondiale qui soutient les artistes locaux et internationaux. Chaque événement rassemble ceux qui partagent une passion pour la musique et la culture. »

    Rassembler ceux qui partagent une passion pour la musique et la culture

    Raphael Hilarion, au Sénégal, adhère, lui aussi, à cette philosophie. Il y a trois ans, avec sa camarade Marie Nore, ils ont organisé leur premier événement musical Sofar dans une galerie d'art à Dakar, Plateau.

    « En gros, c'est un événement un petit peu exclusif, où l’on va accueillir entre 50 et 70 personnes, explique Raphael Hilarion. On organise cela tous les mois et demi et dans des lieux totalement différents : dans un musée, ça peut être dans une brasserie, dans un bateau… On essaye de trouver des lieux dans lesquels on ne s'attendrait pas à avoir un concert. Sur notre page Instagram les personnes qui nous suivent doivent nous envoyer un email pour dire qu’ils sont intéressés. Les personnes qui s’inscrivent nous font confiance. On dévoile le lieu 48 heures avant et ils découvrent les artistes. Chaque artiste va jouer trente minutes et ensuite, il y a quinze minutes de pause. Du coup, les artistes peuvent discuter aussi avec ce nouveau public. On a une proximité qu'on n'a pas forcément habituellement dans des salles de concert. »

    Généralement, les performances des musiciens sont entrecoupées de défilés de mode liées à une exposition d'art plastique ou encore à des dégustations gastronomiques.

    Jouer dans un lieu qui fait sens

    « Dans une exposition qui s’est déroulée au pied du Monument de la Renaissance la thématique de l’expo portait sur l'éco féminisme et l'agroécologie, et la place des femmes dans l'agroécologie » se souvient Marie Nore en évoquant leur dernier happening musical pendant la Biennale de Dakar. « Et pour moi, c'était magique parce que même si on fait jouer des artistes, là, on les faisait jouer dans un lieu qui fait sens ».

    Succès auprès du public avide de découverte, succès également auprès des musiciens qui se prêtent volontiers au jeu de l'improvisation. « Ces concerts Sofar, ce sont des concerts intimistes, on est proche du public, il y a une connexion avec le public, raconte la chanteuse sénégalaise et joueuse de kora Senny Camara. Après le concert, c'est familial. On pose des questions et moi, j'aime beaucoup ce concept-là. C’est comme dans un salon, tu es là, tu discutes et tu partages. Un vrai partage. Bravo à eux d'avoir pensé à faire ça parce qu'on n'avait pas ça au Sénégal. C'est super pour la jeunesse. »

    Le prochain rendez-vous pour le Sofar à Dakar, ce sera d'ici fin janvier. Si vous voulez savoir où, quand et avec qui, il faudra consulter leur compte Instagram et s'inscrire pour un moment musical unique.

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  • Africa Kid, le fabricant de jouets sénégalais ludiques pour les enfants et les écoles
    2024/12/22

    Noël approche à grands pas. Une occasion pour « l’Afrique en marche » de prendre le chemin de Dakar et d’un fabricant de jouet spécifiquement sénégalais et africain. Afrika Kid propose toute une gamme de jeux ludiques, mais aussi éducatifs, aux enfants et aux écoles du Sénégal. Reportage.

    Dans les ateliers de Ouakam à Dakar, on s'active, on y coupe, ponce, vernit les jouets en bois d'Afrika Kid. Il s'agit d'une marque de jeu ludique et éducatif, que le Franco-Suisse Patrick Jacquier a conçu depuis une dizaine d'années à Dakar.

    « On à au moins une quinzaine de modèles de Memory, c'est ce jeu qui a comme objectif de faire des paires entre deux pièces qui ont un lien évident et qui permettent d'associer le chiffre avec l'écriture du chiffre, le chiffre dans une langue avec une autre langue, un drapeau avec un pays », explique-t-il. « C’est quelque chose de très puissant comme jeu éducatif. Les éléments importants en fait, c'est la fabrication 100% Dakar C'est fait à Dakar. C'est en bois, tous les produits sont naturels. La plupart des plateaux sont recouverts d’une huile végétale qui vient de Casamance, donc on essaie vraiment d'assumer le fait d'être local et puis le fait que cela vienne de la tradition sénégalaise, wolof depuis quelques siècles. »

    Assumer le fait d'être local

    Patrick Jacquier a imaginé des jeux de mémoire, de calcul, de géographie en wolof, en français, en sérère ou en langue bambara. Des jeux auxquels on souscrit plusieurs établissements scolaires de Dakar commel'école franco-sénégalaise dirigée par Cécile Chauvel.

    « Moi, j'étais en recherche de quelqu'un qui serait en capacité de fabriquer notamment du matériel de manipulation mathématique. L'approche qu'avait Patrick notamment avec le bois, le fait qu'il fasse travailler des femmes, que ce soit fait localement… ça, ce sont aussi des critères qui correspondent aux souhaits en termes de développement durable de l'établissement », se félicite Cécile Chauvel. « L'année dernière, on a fait une grosse commande de matériel de numération et c'est un matériel qu'on n'avait pas forcément de manière assez présente dans l'école pour développer la manipulation et le fait de pouvoir avoir accès à du matériel en bois - qui change du matériel plastique qu'on peut commander assez facilement - et que ce soit fait localement, c'était un point qui nous intéressait particulièrement, donc on en est très content ! »

    Des enseignants et des enfants d'autant plus contents que la finition des jeux est particulièrement soignée. Pour cela, Africa Kid a fait appel aux talents de menuisier dakarois expérimentés comme Oumar Diallo qui a son atelier à Ouakam, Cité Avion.

    « Si tu fais de la menuiserie, cela demande de la précision, de la finition. D'après ce que Patrick demande de faire cela demande beaucoup de précisions parce que c'est des bois que l’on coupe au millimètre. Il y a différents jeux, il y a le yoté. Cela développe l'esprit des enfants, ça demande de la réflexion ».

    Développer l'esprit des jeunes

    Et pour développer l'esprit des jeunes et de l'ensemble des sénégalais attachés à leur culture, Patrick Jacquier a remis au goût du jour un jeu typique : le yoté. Un jeu de plateau qui rappelle le jeu de Go ou le jeu de dames. « C'est d'abord un jeu de positionnement et après, c'est une stratégie de prise qui est intéressante et qui a quelques spécificités. Ce support, au niveau de l'oralité bien connu en Afrique, est important par rapport à l'histoire du yoté. On prend les pions de l’adversaire tout simplement comme au jeu de dames ».

    Jouer en apprenant ou bien s’éduquer en s'amusant. Les jeux d'Afrika Kid ont encore le temps d'arriver d'ici mardi, au pied du sapin ou du baobab de Noël.

    Les koras de Noël des moines de l'abbaye de Keur Moussa au Sénégal pour clore cette dernière chronique de l'année 2024.

    « Africa Kid »

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  • Low Tech Yaoundé, l'art et la manière d'accomoder le matériel de récupération au Cameroun
    2024/12/17

    Au Cameroun, Loïc Oum a fondé il y a quatre ans, une association : la Low-tech Yaoundé. Une structure qui permet de recycler des matériaux usagés afin de limiter leur impact environnemental tout en profitant à certains camerounais dont les ressources sont limitées.

    « Au Cameroun et en Afrique en général, ce sont des tonnes et des tonnes de déchets électriques et électroniques qui sont déversés chaque année » ce constat, Loïc Oum le fait depuis des années. Cet ingénieur trentenaire dans le quartier d’Ekoumdoum à Yaoundé a un but dans la vie : réduire la masse de déchets électroniques qui s'amoncelle dans les décharges et dans les entrepôts du pays. Réduire et, par la même occasion, procurer à tout le confort minimal pour la vie quotidienne. Avec son association Low Tech Yaoundé, il a mis en place des solutions technologiques simples et accessibles pour des camerounais aux ressources limitées.

    « Dans d'autres pays, il y a de petites associations qui se créent où l’on répare au lieu de jeter. Et je pense que c'est la philosophie qu'on veut apporter chez nous de ne pas surconsommer parce que beaucoup dans beaucoup de villages, les gens achètent des dispositifs qui sont polluants et qui ne sont pas adaptés ou qu'on ne peut pas réparer, ici localement. Et quand ces dispositifs s'abiment, ils vont dans l'eau et les déchets polluent. Et pour nous, c'était le but, de montrer aux gens qu'ils sont capables de réparer eux-mêmes les déchets au lieu de continuellement jeter. Et deuxièmement, pouvoir les rendre autonomes. Pourquoi ne pas autonomiser aussi, la jeunesse des localités et créer même de l'émulation en terme de métier d'avenir ? Cela permettrait d’aider les jeunes localement à sortir de la pauvreté, à sortir d’une léthargie locale et pouvoir rêver d’un lendemain meilleur ».

    Avec l'aide d'associations commeSolidarité Technologique etLow Tech Lab, Loïc Oum et sa dizaine de bénévoles ont multiplié les solutions pratiques à partir de batteries, de panneaux solaires ou d'ampoules usagés qu'ils recyclent en lampe solaire, en lampadaire de village ou bien en éclairage individuel.

    « Parfois, explique Loïc, dans certains villages, selon les besoins des communautés, on fait des fours, des déshydrateurs solaires low tech, c'est-à-dire de petits fours pour sécher le manioc, le maïs, les légumes de saison. Le but aussi est de mettre en place justement des tutoriels pour permettre à d'autres communautés, de pouvoir répliquer et copier justement ces dispositifs-là. On veut permettre, avec des ateliers au plus grand nombre de pouvoir s'en approprier et en répliquer davantage ».

    L'association de Loïc Oum partage largement et gratuitement ses techniques pour fabriquer ces solutions pas chères et écoresponsables. Car dans un monde surchargé de déchets, il y a véritablement un débouché permettant de préserver l'environnement en procurant une activité à ceux qui n'en ont pas.

    À Goma en RDC, Frédéric Famba est chercheur et membre du World Ressources Institute, une organisation spécialisée dans les questions environnementales.

    « Le recyclage permet d'abord une forme de traitement pour éviter les effets néfastes de la pollution du lithium par exemple qui résulte de ces déchets et puis de l'autre côté la réutilisation ou le recyclage de panneaux permet aussi une meilleure gestion, une très bonne gestion de ressources naturelles. Du point de vue économique, cela crée d'abord de l'emploi local où le jeune profite de ce dynamisme-là pour acquérir de nouvelles compétences dans le recyclage de ces différents matériaux, mais aussi dans ces transferts-là de la technologie. Ce transfert de savoir-faire et cela permet aussi de raviver l'économie locale dans le contexte africain ».

    Et du savoir-faire. Low tech Yaoundé n’en manque pas. En revanche, ces activités se font sur fonds propres ou sur quelques dons. On a cru comprendre qu'un partenaire financier concerné par les questions d'environnement ne serait pas de trop du côté d’Ekoumdoum.

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  • Au Rwanda, bien nourrir la terre pour bien se nourrir soi-même
    2024/12/08
    Agriculture durable, sécurité alimentaire et respect de l’environnement... Depuis près de sept ans l’association « Frères des Hommes » finance un programme de soutien aux paysans de la province du sud au Rwanda avec des associations locales : Duhamic-Adri et Adnya, l’objectif est d’accompagner les familles paysannes pour renforcer leur capacité à produire et à gérer leur production dans le respect de l’environnement. Permettre l'autosuffisance alimentaire, c'est bien, mais si en plus on peut se nourrir sainement, c'est mieux ! C'est, en quelque sorte, la philosophie du projet Recasé porté par l'association Frères Des Hommes depuis sept ans.Ce renforcement des capacités sociales et économiques accompagne près de 7000 paysans au Rwanda, pour s'initier aux bonnes pratiques agroécologiques en matière d'élevage ou d'agriculture. Flavie Lauvernier, responsable de la gestion des projets Frères des Hommes nous explique l'action des formateurs sur le terrain. Actions paysannes collectives« Il y a déjà toute une partie de formation en gouvernance, en gestion et la bonne gestion des fonds qui leur permettent de mettre en œuvre les actions paysannes collectives. Et puis ensuite plein d'actions concrètes qu'ils mettent en œuvre dont des pépinières et des champs collectifs pour permettre de produire des plants maraîchers, des plants fruitiers forestiers et aussi c'est toute une partie de formation sur le petit élevage et notamment la démultiplication de porc. Ce qui permet aux familles et aux enfants de ces familles d'avoir un apport en protéines également avec l'élevage de poules et de poulets ».Flavie Lauvernier insiste également sur l'aspect formation en nutrition « puisqu'on sait que la malnutrition est toujours une problématique au Rwanda, nous avons une nutritionniste sur le projet avec des paysans qui sont formés pour, eux-mêmes ensuite répliquer ces formations auprès des autres membres des collectifs pour disséminer les bonnes pratiques alimentaires, notamment basées sur les différentes productions agricoles, les légumes et les fruits qui sont produits grâce aux activités collectives. Comment bien se nourrir pour avoir les apports nécessaires, en particulier pour les enfants ». Léonie Uwamariya est l'une des formatrices dans la province du Sud, à Kigoma, Ruganza ou encore Rusenge. « Quand on utilise les engrais organiques et les pesticides naturels l'investissement est moindre. Par exemple sur la culture des haricots sur un an tu peux investir 10 000 avec la fumure organique mais lorsqu'on utilise les engrais ou les pesticides chimiques c'est 20 000. Aussi du point de vue de la santé, on sait que lorsqu'on utilise les engrais chimiques il y a des maladies qui apparaissent et des conséquences négatives sur la santé ». À cet accompagnement éco responsable des paysans rwandais s'ajoute une sensibilisation dans les écoles sur les bonnes pratiques agroécologiques. Notamment avec l'instauration de jardins potagers dans les cours d'une trentaine d'établissements scolaires où l'on mange à la cantine, ce que l'on a fait pousser dans les potagers, nous explique Léonie Uwamariya.Les acquis de cette formation, les enfants les mettent en pratique« On met en place les jardins scolaires dont les enfants peuvent s'occuper. On les forme aussi sur la gestion des déchets et nous voyons que les enfants comprennent ça. Il sont sensibilisés aussi à l'agroforesterie avec la plantation d'arbres. Et nous voyons que les élèves sont conscients de ces enjeux environnementaux. Les acquis de cette formation, les enfants les mettent en pratique après dans leurs ménages ». Bien entendu, tout cela a un coût. C'est pourquoi Frères des Hommes lance régulièrement des campagnes de financement participatif pour récolter des dons. Laure Caillier est la responsable de ces appels de fonds pour Frères des Hommes. Cagnotte en ligne« Les personnes qui vont contribuer à la page de collecte, ce sera plutôt pour financer kit de semences potagères qui sont redistribuées aux populations locales et aussi l'achat de matériels pour la construction de champs de démonstration aux pratiques agroécologiques dans les écoles, et également du matériel pour les sessions de formation pour les paysans aux pratiques durables ». Depuis 7 ans d'activité au Rwanda, Frères des Hommes a permis à plus de 1800 familles de bénéficier de dons de petits détails. À plus de 900 ménages de lutter contre la malnutrition infantile et, après de 700 élèves rwandais, d'affronter l'avenir avec les notions nécessaires aux enjeux environnementaux du moment. Si vous souhaitez donner un « coup de pouce » à cette opération en faveur des familles d’agriculteurs rwandais un financement participatif est en ligne.
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  • Afrique: une balise «magique» pour les droits d'auteurs des musiciens
    2024/12/01
    La balise GMC est une invention qui pourrait révolutionner le monde de la musique en Afrique et permettre aux musiciens de toucher le juste prix de leurs droits d’auteurs lorsqu’ils sont diffusés sur le continent. Ce système installé dans les hôtels, salles de spectacle ou radio, transmet les références nécessaires au versement des rémunérations auxquels peuvent prétendre les auteurs et les compositeurs de musique, sans risque d’erreur ou d’oubli. Une invention portée, par un certain A’salfo … C’est dans un hôtel parisien qu’A’salfo nous montre avec fierté sur son smartphone l'application qui lui permet de savoir en direct quels sont les titres de musique diffusés au même moment dans une centaine de maquis, de restaurants ou bien de café au Burkina Faso. « Tu vois, là, c'est un tableau de bord qui nous permet en direct de voir les maquis, les diffusions qui sont faites ! Actuellement, il y a 2 393 sites qui sont en diffusion. Ça, ça doit être à Ouagadougou…. au 'Palmier du 29'. Vous voyez ? là, c’est DJ Al Mourad qui est en train de jouer. Et c'est identifié comme étant un titre de 'musique africaine' ». Sur le smartphone du chanteur de Magic System défilent en direct les titres qui, minute par minute, sont joués et identifiés au Burkina Faso.C'est parce qu'il en avait assez de ne pas avoir de données précises et représentatives de la diffusion de ses titres et des droits d'auteur générés, qu’A’salfo a mis au point cette balise, couplée à une application permettant de transmettre en simultané toutes les informations nécessaires aux bureaux des droits d'auteurs africains. « Tel ou tel artiste a été diffusé à tel endroit, à telle heure, à tel moment. Y’a pas d'erreur possible ! » se félicite le chanteur ivoirien. « Le boîtier ne peut capter que ce qu’il entend et l'algorithme va donner le classement des artistes, le top 10 des artistes les plus écoutés au Burkina. Aujourd'hui, par exemple, le premier a été diffusé 141 fois. Il y a 'Magic System' qui vient avec 24 diffusions en septième position. Voilà le classement, il est fait, on peut sortir les rapports. Je peux vérifier les balises qui sont fonctionnelles ou pas dans les espaces à Ouagadougou, au 'Golden VIP' ou au 'Ouagadougou mix'. Voilà ! ces balises-là qu’on voit sont actuellement fonctionnelles ». Y’a pas d'erreur possible ! Grand comme un disque dur informatique, ce système a été adopté en avril dernier par le BBDA du Burkina Faso et 500 balises ont été implantées dans différents lieux entre Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.Patrick Lega, directeur du Bureau burkinabé des droits d'auteur, se montre satisfait du résultat. « Bien sûr que c'est quelque chose qui va venir résoudre beaucoup, beaucoup de problèmes ! Notamment les insatisfactions, les suspicions, les crises ou les revendications des acteurs puisqu’avec cet outil, on saura quel est l'artiste qui est le plus joué, la tendance, l'évolution, ainsi de suite… Là où les médias, les radios ou les utilisateurs doivent remplir, recenser et nous transmettre pour exploitation, il y a des fiches qu’ils se doivent de remplir. Mais certains ne les remplissent pas fidèlement. Donc ça pose un véritable problème dans le processus même de répartition. Voilà, entre autres, un des éléments qui nous a amenés à avoir un outil comme celui-ci pour pouvoir enclencher une répartition vraiment juste ». 12 milliards d'euros de droits d'auteursEn 2022, les revenus reversés au titre des droits d'auteur dans le monde étaient de 12 milliards d'euros. Cette même année, le continent africain, lui, n’a reversé qu'à peine 80 millions. Selon Luc Mayitoukou, spécialiste des questions des droits d'auteurs, nul doute que le système de balises automatique réglera une bonne partie du problème. « Les solutions qui permettent de casser des barrières, d'éliminer des étapes vont forcément permettre de mieux collecter ! Parce que le manque de documentation, c'est un des indicateurs qui fait qu'on a des taux de déperdition de revenus. Et un système comme celui-là, c'est une première expérience, pour les pays où c'est utilisé, de voir leurs revenus augmenter, tant dans la collecte que dans la répartition. Je suis optimiste. Il en faut plusieurs. Il nous faut encore plus de mécanismes comme cela pour permettre de réduire le manque à gagner, issu du manque de documentation ». Si la balise d’A'Salfo n'est implantée qu'au Burkina Faso pour le moment, elle pourrait faire prochainement son apparition au Bénin, au Togo et, bien sûr, en Côte d’Ivoire.
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  • Kayfo Game, l'enjeu des jeux vidéo en Afrique
    2024/11/24
    Le jeu vidéo — souvent sur smartphone ou sur tablette — est de plus en plus pratiqué par les jeunes en Afrique et l’on voit éclore de nouvelles sociétés de création de jeux sur le continent. À Dakar, Kayfo — qui signifie « Viens jouer » en wolof — est l’une d’entre elles. Sur votre smartphone, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire où ces jeux sont distribués, vous pouvez vous amuser et passer le temps sur Djambar Match, Kay Ludo ou Dakar Secrets. Des jeux vidéo téléchargeables et créés par Kayfo, une société sénégalaise qui, depuis cinq ans, crée des jeux à destination du public africain. Casse-tête, jeu de course, football ou bien jeux éducatifs, ces jeux présentent une unité : celle d’adopter un look et des codes africains.Candy Crush sénégalaisC’est ainsi, par exemple, que le « Candy Crush » de Kayfo fait évoluer non pas des bonbons dans des colonnes, mais des masques traditionnels. Thierno Ndiaye est l’un des concepteurs de ces jeux : « On était fans des jeux vidéo auxquels on jouait, mais souvent, on ne voit pas de personnages africains au niveau des jeux, donc c’était important pour nous de montrer une représentation des personnages africains au niveau des jeux vidéo. On a par exemple un jeu, Détective Syra, où l’ensemble des lieux est inspiré de lieux et d’environnements qu’on retrouve ici, à Dakar, et qui permet ainsi de montrer notre culture à travers ce jeu-là ». Kayfo en wolof signifie « Viens jouer ! » Cette invitation, c’est Julien Herbin, ex-Ubisoft, une major du jeu vidéo dans le monde, qui l’a lancée il y a cinq ans en débarquant à Dakar et en créant au Point E sa société Kayfo.« Le marché des jeux vidéo en Afrique est essentiellement présent sur smartphone, avec 95 % des joueurs qui jouent sur leur téléphone », explique-t-il. « La particularité de ces jeux en fait, c’est qu’ils ne s’installent pas. Ce sont des jeux instantanés, donc il suffit d’aller sur notre site web et on peut y accéder directement. On compte en nombre de joueurs uniques mensuels, environ 100 000 joueurs sur nos 4 ou 5 jeux les plus populaires. Il y a évidemment des sociétés qui font des millions, voire des dizaines de millions de joueurs mensuels, à l’échelle mondiale. Mais pour un petit studio africain qui débute, je trouve que c’est quand même assez intéressant comme chiffre. La croissance des marchés africains ne fait que grandir, largement plus vite que les autres marchés au niveau mondial ». Dakar game hub, incubateur à talents créatifsPour répondre à ce marché grandissant, il faut des compétences. Or, les écoles spécifiques de conception de jeux vidéo sont rares en Afrique. Aussi, depuis un an et demi, un « Sénégal gaming hub », un centre de jeu, a été mis en place par Kayfo et un autre studio de jeux vidéo, Masseka, en partenariat avec la Délégation sénégalaise à l’entrepreneuriat et l’Ambassade de France. « C’est l’idéal pour les jeunes qui sont incubés là-bas de pouvoir avoir cette formation en game design, pour qu’ils puissent un peu comprendre ce qu’est le game design, se réjouit Marie Pierre Thiam, coordinatrice de cet incubateur à talents créatifs. C’est beaucoup de domaines qui s’allient pour pouvoir faire des jeux vidéo. On a des artistes, des artistes en 2D, en 3D, il y a des animateurs, on a même des sound designer, des gens qui s’occupent de faire les effets sonores, la musique du jeu... L’idée, c’est de pouvoir faire en sorte qu’ils puissent travailler ensemble en synergie pour arriver à créer des jeux ».Ce « Sénégal gaming hub » a été financé par l’Ambassade de France. Mathieu Bécue est attaché de coopération, innovation et économie numérique, c’est lui qui a coordonné le projet qui accueille une dizaine « d’apprenants » tous les six mois. « Si on imagine que, à l’échelle mondiale, on a un marché du jeu vidéo qui représente 300 milliards d’euros environ et qu’un seul 1 % de ce marché est capté par le marché africain, il est important de pouvoir se dire qu’il y a un potentiel considérable avec une demande qui est exprimée. Mais la capacité de répondre à cette demande, avec la création de jeux vidéo sur des contenus africains, est extrêmement faible aujourd’hui. Donc l’idée était de pouvoir développer un écosystème favorable sur le continent, et ça, c’est une approche assez unique ». Au terme de six mois d’incubation, les apprentis concepteurs de Game Hub peuvent toucher, pour les projets les plus aboutis, une bourse afin de créer leur propre société de production de jeux vidéo et peut-être, un jour, comme Kayfo « s’amuser » à développer des jeux pour la jeunesse africaine. À lire aussiL’Afrique dans les jeux vidéo: des folklores sous représentés
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