エピソード

  • Etienne de Poncins: «Il faut réarmer face à des guerres hybrides où c’est la loi du plus fort qui s’impose»
    2025/01/10
    Alors que la Pologne pro-européen Donald Tusk hérite de la présidence tournante du Conseil de l’UE, nous recevons l’ambassadeur de France en Pologne, Etienne de Poncins, qui était en poste à Kiev lorsque Vladimir Poutine a déclenché sa guerre contre l’Ukraine. À la présidence du Conseil de l’Union européenne, la Pologne a succédé à la Hongrie de Viktor Orban. Pendant les six mois de sa présidence, le dirigeant hongrois a multiplié les voyages polémiques – en Russie ou en Chine, par exemple – et « la Hongrie n'a pas joué collectif. Elle n'a pas joué son rôle de présidence qui est d'essayer de faire converger les positions. Au contraire, ils ont joué leur rôle en individualiste », déplore Etienne de Poncins. La passation de pouvoir a été chaotique, cela en raison de l’asile politique accordé par la Hongrie à l’ancien vice-ministre de la Justice polonais, membre du parti d’opposition Droit et Justice (PiS), et qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par son pays : « Cela ne se fait pas entre États européens. Orban joue le jeu de l’opposition à Donald Tusk ! » estime Etienne de Poncins, qui se réjouit du bon timing de cette présidence polonaise « utile ».La Pologne a été en conflit avec Bruxelles pendant huit ans lorsqu’elle était dirigée par le PiS ultra-conservateur, pour manquement à l’État de droit. Le Premier ministre Donald Tusk a « la volonté de sortir de cette période-là. Mais il y a des difficultés pour faire passer ce retour à l'État de droit, notamment en raison d’une cohabitation très dure avec le président polonais Alexander Duda, de l'ancien parti au pouvoir », nous explique Etienne de Poncins. Donald Tusk a dû former une coalition avec des partis, centristes et libéraux, mais aussi conservateurs « donc sur tous ces sujets de société qui ont beaucoup mobilisé l'électorat que ce soit sur l'adoption de l'équivalent de notre PACS, l’union des homosexuels, ou sur l'avortement, il faut bien reconnaître que les progrès n'ont pas été aussi rapides qu’on pouvait l’espérer ».Depuis le retour au pouvoir de Donald Tusk il y a un an, la Pologne est en train de s’imposer sur la scène européenne, alors même que la France et l’Allemagne sont fragilisées par les échéances électorales. Etienne de Poncins parle d’un « moment polonais en Europe », « qui avait eu raison en alertant pendant des années sur le danger russe, apparaît comme le soutien principal ou très en pointe sur la guerre en Ukraine ». Enfin, le pays a un remarquable résultat économique, avec un chômage à 2,5 %, et sa croissance est la plus forte d’Europe.Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, qui veut imposer un cessez-le-feu très rapide en Ukraine, n’inquiète pas le diplomate outre mesure : « Du côté des Européens, il y a beaucoup de concertations pour voir comment maintenir ce soutien à l'Ukraine. Il y a des échanges à tous les niveaux, en divers formats, pour faire en sorte que l'Europe soit entendue, qu'elle soit à la table des négociations. Pour l'instant, la tendance très largement majoritaire, c'est quand même le soutien à l'Ukraine », juge l’ambassadeur, qui espère « pendant la présidence polonaise, l'adoption d'un nouveau paquet de sanctions, le 16e paquet de sanctions envers la Russie, et le maintien de ce soutien aussi longtemps qu'il le faudra ». Donald Trump emmène Elon Musk dans ses bagages à Washington. Paris a exhorté la Commission européenne à une plus grande fermeté vis-à-vis du milliardaire, qui soutient le parti d'extrême droite AfD en Allemagne. L’Europe « cherche à se réarmer dans ce domaine-là pour faire face à des guerres hybrides dans un monde où c’est la loi de la force qui s’impose, et il n’est pas trop tard », confirme Etienne de Poncins. « Il faut se préparer, se réarmer, également militairement, et c'est l'objet des programmes que nous conduisons », ajoute-t-il. Avec 4 % de son PIB dédié à la défense, la Pologne fait figure d’exemple : « Elle nous montre le chemin avec cette volonté de réarmement parce qu'elle est en première ligne, avec les pays baltes. »
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  • Bernard Quintin: «On suspend les demandes d’asile syriennes, mais les retours seront volontaires»
    2025/01/03
    Le ministre des Affaires étrangères de Belgique, Bernard Quintin, issu du parti Mouvement réformateur, libéral (groupe Renew), revient sur le dernier Conseil européen de la présidence hongroise, le 19 décembre, qui a porté sur la place de l’Europe dans le monde. Il estime que les Vingt-Sept sont unis dans leur soutien à l’Ukraine, où ils veulent peser, discutent de leur future relation avec les États-Unis, sans envisager une guerre commerciale, et observent l’évolution de la Syrie.(Rediffusion du 20/12/2024) Sur le dossier syrien, les Vingt-Sept ont réaffirmé les conditions d'une reprise de leurs relations avec Damas : une Syrie plurielle respectant les minorités, y compris le droit des femmes : « Il faut d'abord se réjouir de la fin d'un régime dictatorial exécrable et criminel vis-à-vis de sa propre population. C'est un pays relativement morcelé, et nous appelons les nouvelles autorités syriennes à respecter l'intégrité et la souveraineté du pays, donc à respecter les droits fondamentaux ! » Mais l’interdiction des bases militaires russes ne doit pas conditionner le dialogue : « Il ne faut pas qu'on multiplie les conditions préalables », juge le diplomate, en concédant : « Quand on voit le rôle extrêmement négatif que la Russie a pu jouer avec un soutien inconditionnel à un régime criminel, on peut en tirer des conclusions : ces bases servent d'acheminement et même d'entraînement pour un certain nombre de milices russes qui sont envoyées sur des théâtres en Afrique. »Le gouvernement belge a gelé les demandes d'asile syriennes, dont 35 000 Syriens ont bénéficié depuis dix ans : c'est une « suspension de l'examen des dossiers en cours, car il y a quand même un changement fondamental sur le terrain », justifie-t-il. « Mais le retour des réfugiés répond à trois principes. Il faut qu'ils soient volontaires, sûrs et dignes. »Lors du dernier sommet hongroise de la présidence rotative, le premier du nouveau président du Conseil Antonio Costa et de la nouvelle cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas, les Européens ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine : « Rien à propos de l'Ukraine ne peut être décidé sans les Ukrainiens », prévient le ministre belge. « Il faut quand même fondamentalement respecter la volonté des Ukrainiens… Est-ce que demain il y aura des négociations entre les Américains ou sous l'égide des Américains, entre le président Zelensky et le président Trump ou entre les Ukrainiens et les Russes ? Nous le verrons. Mais il y a une chose qui est certaine, c'est que nous resterons toujours, nous les voisins de l'Ukraine. » Fait rare, le président français ne participait pas au sommet européen, mais a rencontré Volodymyr Zelensky avant, pour discuter de l'envoi de troupes sur le sol ukrainien pour garantir un éventuel cessez-le-feu : « Si on parle d'une mission de maintien de la paix, c'est trop tôt pour l'évoquer, tout simplement parce qu'il n'y a pas la paix », estime le chef de la diplomatie européenne, tout en se félicitant de la capacité des Vingt-Sept à discuter de tout sans tabou.Quand Trump menace les Européens de droits de douane intempestifs, en particulier s'ils n'achètent pas assez de gaz naturel ou de pétrole aux USA, Bernard Quintin s’inquiète que « 10 % de droits de douane plus élevés représentent 1 % du PIB européen. Le piège serait de tomber dans une forme de guerre d'isolationnisme ou de droits de douane. Nous devons nous préparer, comme je le disais, nous devons diversifier aussi nos partenariats, comme par l’accord avec le Mercosur », avance-t-il, même s’il va regarder de près cet accord et ses clauses de sauvegarde sur l’agriculture, sous pression du monde rural belge.
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  • José Manuel Albares : «Décourageons l’immigration illégale avec des filières légales»
    2024/12/27
    Cette semaine, nous recevons José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères au sein du gouvernement socialiste de Pedro Sánchez. Accord du Mercosur, immigration et conflits dans diverses régions du monde, il commente les défis auxquels l’Union européenne doit faire face.(Rediffusion du 13/12/2024) Alors que l’Espagne pourrait bientôt devenir le dernier grand pays social-démocrate d’Europe, son gouvernement adopte des politiques singulières sur plusieurs dossiers. Sur les migrations, tandis que de nombreux États membres durcissent leur politique d’accueil, notamment vis-à-vis des Syriens, l’Espagne vient d'adopter une réforme : elle entend régulariser 900 000 étrangers sans-papiers d'ici trois ans : «L'Afrique est le continent du futur et c'est pour cela que nous adoptons ces stratégies», explique José Manuel Albares. «Nous voulons une migration maîtrisée, sûre, ordonnée, avec nos frontières bien contrôlées. Mais en même temps, nous voulons aussi une migration humaine, qui respecte les droits de l'homme», détaille-t-il. Le chef de la diplomatie espagnole souhaite également «ne pas mentir aux citoyens» et explique que «l'immigration irrégulière est un tout petit pourcentage de tous les mouvements migratoires». Il assure que son gouvernement socialiste mène «une forte politique de développement dans certains pays africains pour pouvoir proposer à la jeunesse, des formations et des emplois» dans leurs pays d’origine, pour «lutter contre les mafias qui trafiquent des êtres humains». «Il ne faut pas oublier que la meilleure façon de décourager l'immigration irrégulière, c'est de proposer des filières d'immigration légale», estime José Manuel Albares. L’autre dossier sur lequel l’Espagne compte peser est celui de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur : «Une large majorité des pays européens est en faveur du Mercosur qui va donner lieu au plus grand marché de libre-échange de la planète. Les avantages sont beaucoup plus importants que les inconvénients», estime-t-il. Pour lui, les supposés problèmes peuvent «être très facilement nuancés par des mesures de la Commission européenne». D’un point de vue environnemental, «des mesures ont déjà été inscrites dans le traité afin que les accords de Paris et la préservation de la biodiversité soient mieux respectés par l'Amérique latine». Selon lui, ce traité porte aussi des ambitions géopolitiques : «Nous avons besoin d’amis et d'alliés dans le monde. L'Amérique latine est la région la plus euro-compatible de la planète», juge le ministre espagnol. «Si nous ne leur tendons pas la main, ils vont se tourner vers d'autres partenaires». José Manuel Albares pense que si nous souhaitons défendre la préservation de l’environnement, les États membres devraient vouloir que l’Amérique latine s’associe à l’UE plutôt qu’à des pays qui n’ont pas à cœur la question écologique. Face au conflit israélo-palestinien, l’Espagne se démarque à nouveau. Le pays a officiellement reconnu l’État de Palestine en mai 2024 : «Nous l‘avons fait par justice envers le peuple palestinien qui ne doit pas être condamné à être éternellement un peuple de réfugiés», s’émeut José Manuel Albares. «Nous l’avons également fait en pensant à la sécurité d'Israël car seul un État palestinien vivant en bon voisinage avec l'État d'Israël peut garantir prospérité et sécurité à tous les deux». La Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. À la différence de la France qui estime qu’il jouit d’une certaine immunité, le chef de la diplomatie espagnole explique qu’en tant que pays fondateur de la CPI, ils suivront «toutes les obligations que ce statut [leur] impose».En Syrie, le pouvoir de Bachar el-Assad a été renversé par des groupes rebelles. Alors qu’un gouvernement de transition se met en place, José Manuel Albares salue la chute de la dictature mais appelle à surveiller les actions des nouvelles autorités. «Nous devons nous assurer que le futur de la Syrie sera un futur pluriel, comme l'est la société syrienne, avec différentes religions, différents peuples. Nous devons garantir l'intégrité territoriale de la Syrie. Il faut que le pays devienne une source de stabilité pour le Moyen-Orient».Au sujet de la guerre en Ukraine, José Manuel Albares rappelle que «si la Russie gagne cette guerre d'agression, le monde et l'Europe seront moins sûrs demain». Alors que la Russie est accusée d’ingérence lors des récentes élections en Roumanie et en Géorgie, il apporte son soutien à ces deux pays. «Nous souhaitons que la Géorgie revienne sur le chemin européen. La Roumanie est un pays essentiel pour l'Union européenne», affirme-t-il. La Russie est ...
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  • Bernard Quintin: «On suspend les demandes d’asile syriennes, mais les retours seront volontaires»
    2024/12/20

    Le ministre des Affaires étrangères de Belgique, Bernard Quintin, issu du parti Mouvement réformateur, libéral (groupe Renew), revient sur le dernier Conseil européen de la présidence hongroise, le 19 décembre, qui a porté sur la place de l’Europe dans le monde. Il estime que les Vingt-Sept sont unis dans leur soutien à l’Ukraine, où ils veulent peser, discutent de leur future relation avec les États-Unis, sans envisager une guerre commerciale, et observent l’évolution de la Syrie.

    Sur le dossier syrien, les Vingt-Sept ont réaffirmé les conditions d'une reprise de leurs relations avec Damas : une Syrie plurielle respectant les minorités, y compris le droit des femmes : « Il faut d'abord se réjouir de la fin d'un régime dictatorial exécrable et criminel vis-à-vis de sa propre population. C'est un pays relativement morcelé, et nous appelons les nouvelles autorités syriennes à respecter l'intégrité et la souveraineté du pays, donc à respecter les droits fondamentaux ! » Mais l’interdiction des bases militaires russes ne doit pas conditionner le dialogue : « Il ne faut pas qu'on multiplie les conditions préalables », juge le diplomate, en concédant : « Quand on voit le rôle extrêmement négatif que la Russie a pu jouer avec un soutien inconditionnel à un régime criminel, on peut en tirer des conclusions : ces bases servent d'acheminement et même d'entraînement pour un certain nombre de milices russes qui sont envoyées sur des théâtres en Afrique. »

    Le gouvernement belge a gelé les demandes d'asile syriennes, dont 35 000 Syriens ont bénéficié depuis dix ans : c'est une « suspension de l'examen des dossiers en cours, car il y a quand même un changement fondamental sur le terrain », justifie-t-il. « Mais le retour des réfugiés répond à trois principes. Il faut qu'ils soient volontaires, sûrs et dignes. »

    Lors du dernier sommet hongroise de la présidence rotative, le premier du nouveau président du Conseil Antonio Costa et de la nouvelle cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas, les Européens ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine : « Rien à propos de l'Ukraine ne peut être décidé sans les Ukrainiens », prévient le ministre belge. « Il faut quand même fondamentalement respecter la volonté des Ukrainiens… Est-ce que demain il y aura des négociations entre les Américains ou sous l'égide des Américains, entre le président Zelensky et le président Trump ou entre les Ukrainiens et les Russes ? Nous le verrons. Mais il y a une chose qui est certaine, c'est que nous resterons toujours, nous les voisins de l'Ukraine. » Fait rare, le président français ne participait pas au sommet européen, mais a rencontré Volodymyr Zelensky avant, pour discuter de l'envoi de troupes sur le sol ukrainien pour garantir un éventuel cessez-le-feu : « Si on parle d'une mission de maintien de la paix, c'est trop tôt pour l'évoquer, tout simplement parce qu'il n'y a pas la paix », estime le chef de la diplomatie européenne, tout en se félicitant de la capacité des Vingt-Sept à discuter de tout sans tabou.

    Quand Trump menace les Européens de droits de douane intempestifs, en particulier s'ils n'achètent pas assez de gaz naturel ou de pétrole aux USA, Bernard Quintin s’inquiète que « 10 % de droits de douane plus élevés représentent 1 % du PIB européen. Le piège serait de tomber dans une forme de guerre d'isolationnisme ou de droits de douane. Nous devons nous préparer, comme je le disais, nous devons diversifier aussi nos partenariats, comme par l’accord avec le Mercosur », avance-t-il, même s’il va regarder de près cet accord et ses clauses de sauvegarde sur l’agriculture, sous pression du monde rural belge.

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  • José Manuel Albares : «Décourageons l’immigration illégale avec des filières légales»
    2024/12/13
    Cette semaine, nous recevons José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères au sein du gouvernement socialiste de Pedro Sánchez. Accord du Mercosur, immigration et conflits dans diverses régions du monde, il commente les défis auxquels l’Union européenne doit faire face. Alors que l’Espagne pourrait bientôt devenir le dernier grand pays social-démocrate d’Europe, son gouvernement adopte des politiques singulières sur plusieurs dossiers. Sur les migrations, tandis que de nombreux États membres durcissent leur politique d’accueil, notamment vis-à-vis des Syriens, l’Espagne vient d'adopter une réforme : elle entend régulariser 900 000 étrangers sans-papiers d'ici trois ans : «L'Afrique est le continent du futur et c'est pour cela que nous adoptons ces stratégies», explique José Manuel Albares. «Nous voulons une migration maîtrisée, sûre, ordonnée, avec nos frontières bien contrôlées. Mais en même temps, nous voulons aussi une migration humaine, qui respecte les droits de l'homme», détaille-t-il. Le chef de la diplomatie espagnole souhaite également «ne pas mentir aux citoyens» et explique que «l'immigration irrégulière est un tout petit pourcentage de tous les mouvements migratoires». Il assure que son gouvernement socialiste mène «une forte politique de développement dans certains pays africains pour pouvoir proposer à la jeunesse, des formations et des emplois» dans leurs pays d’origine, pour «lutter contre les mafias qui trafiquent des êtres humains». «Il ne faut pas oublier que la meilleure façon de décourager l'immigration irrégulière, c'est de proposer des filières d'immigration légale», estime José Manuel Albares. L’autre dossier sur lequel l’Espagne compte peser est celui de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur : «Une large majorité des pays européens est en faveur du Mercosur qui va donner lieu au plus grand marché de libre-échange de la planète. Les avantages sont beaucoup plus importants que les inconvénients», estime-t-il. Pour lui, les supposés problèmes peuvent «être très facilement nuancés par des mesures de la Commission européenne». D’un point de vue environnemental, «des mesures ont déjà été inscrites dans le traité afin que les accords de Paris et la préservation de la biodiversité soient mieux respectés par l'Amérique latine». Selon lui, ce traité porte aussi des ambitions géopolitiques : «Nous avons besoin d’amis et d'alliés dans le monde. L'Amérique latine est la région la plus euro-compatible de la planète», juge le ministre espagnol. «Si nous ne leur tendons pas la main, ils vont se tourner vers d'autres partenaires». José Manuel Albares pense que si nous souhaitons défendre la préservation de l’environnement, les États membres devraient vouloir que l’Amérique latine s’associe à l’UE plutôt qu’à des pays qui n’ont pas à cœur la question écologique. Face au conflit israélo-palestinien, l’Espagne se démarque à nouveau. Le pays a officiellement reconnu l’État de Palestine en mai 2024 : «Nous l‘avons fait par justice envers le peuple palestinien qui ne doit pas être condamné à être éternellement un peuple de réfugiés», s’émeut José Manuel Albares. «Nous l’avons également fait en pensant à la sécurité d'Israël car seul un État palestinien vivant en bon voisinage avec l'État d'Israël peut garantir prospérité et sécurité à tous les deux». La Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. À la différence de la France qui estime qu’il jouit d’une certaine immunité, le chef de la diplomatie espagnole explique qu’en tant que pays fondateur de la CPI, ils suivront «toutes les obligations que ce statut [leur] impose».En Syrie, le pouvoir de Bachar el-Assad a été renversé par des groupes rebelles. Alors qu’un gouvernement de transition se met en place, José Manuel Albares salue la chute de la dictature mais appelle à surveiller les actions des nouvelles autorités. «Nous devons nous assurer que le futur de la Syrie sera un futur pluriel, comme l'est la société syrienne, avec différentes religions, différents peuples. Nous devons garantir l'intégrité territoriale de la Syrie. Il faut que le pays devienne une source de stabilité pour le Moyen-Orient».Au sujet de la guerre en Ukraine, José Manuel Albares rappelle que «si la Russie gagne cette guerre d'agression, le monde et l'Europe seront moins sûrs demain». Alors que la Russie est accusée d’ingérence lors des récentes élections en Roumanie et en Géorgie, il apporte son soutien à ces deux pays. «Nous souhaitons que la Géorgie revienne sur le chemin européen. La Roumanie est un pays essentiel pour l'Union européenne», affirme-t-il. La Russie est également fréquemment accusée ...
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  • Aurore Lalucq : «La responsabilité de la gauche, c'est donner de la stabilité au pays»
    2024/12/06

    Cette semaine, nous recevons Aurore Lalucq, députée européenne de l’Alliance des socialistes et démocrates et présidente de la Commission des Affaires économiques et monétaires au Parlement européen. Elle revient sur la motion de censure qui a fait tomber le gouvernement en France et sur la manière dont Bruxelles perçoit cette crise politique.

    En France, l’Assemblée nationale a voté cette semaine une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier. Cette instabilité politique préoccupe nos voisins européens. «Il y a une grande inquiétude parce que nous connaissons le rôle de la France dans la construction européenne et son importance d'un point de vue économique», explique Aurore Lalucq.

    La députée européenne justifie le vote de la motion de censure par son camp : «Il est très compliqué, quand on est un social-démocrate, de soutenir un gouvernement qui ne va pas chercher que du soutien du côté de l'extrême droite», note-t-elle. «Le responsable de cette situation, c'est Emmanuel Macron car il a dissous l'Assemblée nationale», ajoute Aurore Lalucq. Dans une tribune écrite avec le député européen Raphaël Glucksmann, elle appelle à présent toutes les forces opposées au Rassemblement national à travailler ensemble pour trouver un accord de non censure et à mettre en place un gouvernement provisoire. «Les Français ont fait un effort et se sont mobilisés pour faire barrage au Rassemblement national, nous, les politiques, devons être à la hauteur», rappelle la députée. «Il y a cependant une réalité arithmétique qui fait que la gauche n'est pas majoritaire. Je le regrette, mais c'est ainsi. Notre responsabilité, c'est donner de la stabilité au pays», affirme-t-elle.

    En pleine crise politique, la France est également secouée par un mouvement social, marqué cette semaine par une grève nationale des enseignants. «Dans les pays de l'OCDE, nous faisons partie des pays qui payent le moins dans le domaine de l'éducation nationale. Nous sommes dans un pays où il y a très peu de dialogue social. Investir dans l’éducation, c'est une question sociale mais c’est aussi une question économique d'investissement dans l'avenir du pays», ajoute-t-elle.

    Alors que les agences de notation pourraient dégrader la note de la France, détentrice d’un déficit budgétaire record de 6,1%, la présidente de la Commission des Affaires économiques et monétaire estime qu’«elles n’ont pas à définir quelle doit être la politique économique et publique du pays». Si elle reconnaît la nécessité d’adopter «une trajectoire crédible» en termes d’économies, elle explique que «la capacité de la France à emprunter reste toujours forte

    Aurore Lalucq s'inquiète également de «la vague idéologique d'extrême droite» en Europe face à la droitisation de ses gouvernements : «La social-démocratie doit se renouveler, être forte et avoir un discours clair. Elle doit protéger les Européens sur la question du pouvoir d'achat ou de la réindustrialisation».

    Au sujet de l’accord de libre-échange entre l’Union et les pays du Mercosur, que la France refuse de signer, Aurore Lalucq dit ne pas souhaiter «l'approfondissement de la mondialisation». «À la base, je n'ai rien contre les accords de commerce international», dit-elle. «Cependant, je pense que l'urgence aujourd'hui, c'est de réindustrialiser le pays». Alors qu’elle demande à la France de ne pas signer cet accord qui va, selon elle, engendrer des problématiques d'un point de vue environnemental et social, elle doute de la capacité d’Emmanuel Macron à parvenir à le bloquer : «La parole de la France est très dégradée au niveau européen», juge-t-elle.

    En Géorgie, des manifestations ont lieu chaque jour depuis que le gouvernement du parti Rêve géorgien a suspendu le processus d'adhésion à l'Union européenne jusqu'en 2028. La députée européenne regrette : «Non nous n’avons pas été assez engagés à l’Est. Nous devons être plus présents. Pour moi, l’avenir de la Géorgie est en Europe».

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  • Mariya Gabriel : «La nouvelle Commission européenne doit opérer avec beaucoup de minutie»
    2024/11/29

    Cette semaine, nous recevons Mariya Gabriel, ancienne commissaire européenne et ancienne ministre bulgare des Affaires étrangères. Actuellement présidente de l'Institut Robert Schuman, le think tank du Parti populaire européen, elle revient sur la validation de la nouvelle Commission européenne et les défis qui l'attendent.

    Le Parlement européen a validé, cette semaine, la nouvelle Commission européenne menée par Ursula von der Leyen avec 370 voix pour et 282 contre. «C'est une Commission qui affirme des ambitions mais qui, au vu de la diversité de la majorité du vote, doit opérer avec beaucoup de minutie», explique Mariya Gabriel. «À cause des différentes sensibilités politiques, nous pourrions nous attendre à ce que la majorité soit relativement flottante. Or, aujourd'hui plus que jamais, l'Europe a besoin d'une majorité stable où chaque institution assume sa responsabilité de maintenir l'Europe unie», ajoute celle qui a siégé dans la précédente Commission.

    Pour la première fois de l’histoire, le Collège des commissaires compte dans ses rangs un membre issu d’un parti d’extrême droite : Raffaele Fitto, un proche de la dirigeante italienne Giorgia Meloni, accède au poste de vice-président. Les partis de gauche dénoncent la fin d’un 'cordon sanitaire', mais Mariya Gabriel, une femme politique issue des rangs du PPE, rappelle que la Commission «doit prendre en considération les résultats des élections européennes» de juin 2024.

    «Aujourd'hui, plus que jamais, l'Europe a besoin d'investir massivement [dans le secteur de la défense] pour ne pas avoir à compter sur d'autres pour assurer sa propre sécurité». Sur l'Ukraine en particulier, Mariya Gabriel appelle l’Union européenne à «rester unie». «Défendre la sécurité de l'Ukraine, c'est défendre notre propre sécurité», détaille-t-elle. «Il faut éviter les erreurs faites par le passé, comme des appels entre différents pays sans prendre en considération l’avis des autres».

    La Pologne et la France refusent de signer l'accord du Mercosur. Mais pour Mariya Gabriel «l'agriculture est un secteur-clé». Si elle agrée que «nous ne pouvons pas ignorer les demandes et les préoccupations de nos agriculteurs», elle ajoute que «la question n’est pas de s'opposer à tout traité de commerce et de libre-échange car l'Europe doit se positionner». «Face aux États-Unis ou à la Chine, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de nouveaux marchés», défend-elle.

    En Roumanie, le candidat d'extrême droite pro-russe, Calin Georgescu, est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle. Sa campagne menée sur TikTok suscite aujourd'hui des suspicions. L'ancienne Commissaire en charge du Numérique rappelle qu'«aucun État européen n'est à l'abri de ce qui vient de se passer en Roumanie. Il faut trouver un équilibre entre la préservation de la liberté d'expression, le droit à l'accès à l'information sur les réseaux sociaux […] et la lutte contre la désinformation».

    Quant à son pays, la Bulgarie, il a connu sept scrutins législatifs et cinq Premiers ministres en moins de quatre ans. À cela s’ajoute la menace de la propagande russe. «La Bulgarie a une position géostratégique extrêmement importante», s'émeut Mariya Gabriel. «Il est important d'avoir dans le pays des responsables politiques qui tiennent parole, qui ont le sens du dialogue et du compromis car quand ces forces pro-européennes, pro-OTAN ne s'entendent pas, cela ouvre une brèche aux forces pro-russes, et aux populistes de toutes sortes».

    De son côté, la France connaît un déficit budgétaire record et son gouvernement risque d’être visé par une motion de censure. Mariya Gabriel estime que «l’UE a toujours eu et a toujours besoin d'une France qui soit stable et solide. Il faut outrepasser ces petits calculs politiciens et gouverner pour le bien des citoyens et pour le bien de l’Europe», conclut-elle.

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  • Stefano Sannino : «L’escalade militaire a commencé du côté de Moscou»
    2024/11/22
    Cette semaine, nous recevons Stefano Sannino, secrétaire général du Service européen d’Action extérieure, qui dirige les ambassadeurs de l’UE à travers le monde et ancien diplomate italien. Guerre en Ukraine, conflit au Proche-Orient ou élection de Donald Trump, il commente les multiples crises auxquelles l’Union européenne doit faire face. Face à la multiplication des crises et des conflits dans le monde, l’Union européenne (UE) se trouve dans une période d’incertitude. Selon Stefano Sannino, la situation est inédite : «Nous sommes dans une situation dans laquelle nous vivons des crises presque permanentes. Nous parlons de permacrises. Nous passons d’une crise à l’autre.»Le conflit en Ukraine est au cœur des préoccupations des Vingt-Sept. «Il y a une volonté de continuer à soutenir l'Ukraine», affirme le secrétaire général du Service européen d’Action extérieure. «Le soutien à l'Ukraine, ce n'est pas seulement un soutien à ce pays, c'est aussi une ligne de défense pour l'UE en tant que telle», ajoute-t-il. Le diplomate reconnaît la situation critique dans laquelle se trouvent les Ukrainiens qui s'apprêtent à vivre leur troisième hiver de guerre. «Les armements commencent à être moins présents. Il y a un déséquilibre très fort entre les capacités militaires de la Russie et les capacités militaires de l'Ukraine», dit-il. À la suite de la décision des États-Unis d’autoriser l’Ukraine à utiliser les armes longue portée contre la Russie, Stefano Sannino explique : « La décision de Biden est une réponse à celle de Vladimir Poutine d’envoyer des soldats nord-coréens sur le front ukrainien. L'escalade militaire a commencé à Moscou», martèle-t-il. «Maintenant, les Ukrainiens peuvent aussi attaquer. Il y a une volonté encore très forte de leur part de défendre leur territoire», estime-t-il. Cette décision des États-Unis a entraîné une riposte de Vladimir Poutine qui menace à nouveau d’avoir recours à l’arme nucléaire. À ce sujet, Stefano Sannino appelle à la prudence : «Nous ne pouvons pas sous-estimer ces risques dans le contexte d'une guerre».L’embrasement du conflit au Proche-Orient est un autre défi pour l’Union qui tente de peser dans l’établissement d’un processus de paix. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, appelle à la suspension du dialogue politique entre l'UE et Israël. Proposition à laquelle s’opposent plusieurs pays telle que la République Tchèque. «Ce n’est pas facile de trouver un terrain d’entente entre les Vingt-Sept», admet Stefano Sannino. S’il y a un point sur lequel s’accordent les pays membres, c’est la mise en place urgente d’un cessez-le-feu. «Tout le monde est d'accord pour cela. La souffrance du peuple palestinien est terrible et tous nos efforts doivent aller dans cette direction. Il faudra aussi faire tous les efforts possibles pour libérer les otages», ajoute Stefano Sannino.Au sujet des relations avec l’Afrique, continent où l’influence de l’UE diminue au profit de celle de la Russie ou de la Chine, le patron des ambassadeurs européens veut voir en l'Afrique «une grande opportunité et pas seulement un défi, un problème». «La question est de comment faire en sorte que l'Afrique puisse avoir un poids beaucoup plus grand dans sa capacité de décision, dans la résolution de ses propres crises et à travailler avec l'UE de manière plus utile pour les deux parties. Il faut être sur un pied d'égalité avec l'Afrique, voir quels sont leurs intérêts et quels sont nos intérêts», conclut-il.
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