エピソード

  • États-Unis: la fin du fact-checking sur Meta, un défi pour les médias
    2025/01/10

    Le patron de Meta, Mark Zuckerberg, a annoncé mardi 7 janvier mettre fin à son programme de fact-checking au sein de Facebook, Instagram et WhatsApp aux États-Unis. Une décision qui risque d'avoir des conséquences pour les médias.

    Suite à cette décision, les médias risquent de se retrouver encore plus dilués dans un océan de contenus d’opinion autour de rumeurs ou de « vérités alternatives », comme le dit Donald Trump, qui nuisent à la conversation autour des faits. En outre, les journalistes sont présentés comme des ennemis de la liberté d’expression alors qu’ils étaient jusque-là au cœur des 80 partenaires de Meta, regroupant des médias comme USA Today, des agences de presse telles l’AFP et Reuters ou des ONG comme Africa Check. Pour l’AFP, qui a un partenariat mondial en 26 langues avec Meta, une centaine de journalistes sont ainsi consacrés à la vérification du factuel.

    Le fact-checking, c’est ce qui permet à un contenu signalé comme suspect, car pouvant contenir de la désinformation, d’être vérifié par des journalistes qui établissent la véracité des faits. Pendant le Covid, beaucoup de contenus ont ainsi circulé sur les réseaux sociaux pour fustiger les vaccins ou conseiller des traitements fantaisistes ou dangereux. Ils étaient alors signalés, vérifiés et cela réduisait leur visibilité de 95 %, selon Meta.

    Le fact-checking est aussi très utile pour valider les déclarations politiques qui peuvent s’avérer fausses ou trafiquées, surtout à l’heure de l’IA. La propagation de ce type d’infox peut dresser des communautés les unes contre les autres, comme on a pu le voir en Birmanie avec les Rohingyas. Mais Mark Zuckerberg ne l’entend pas comme ça, puisqu’il reprend en tout point l’argumentation d’Elon Musk selon laquelle seule compte la liberté d’expression. Il veut remplacer cet outil de modération par les notes ou avis des internautes, comme sur X ou sur Wikipedia — que Trump appelle d’ailleurs Wokipedia, preuve que le participatif n’empêche pas l’accusation de wokisme.

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    Une conception qui se heurte aux règlements européens sur le numérique

    Meta dit que son programme ne s’appliquera pas, au moins dans un premier temps, à l’Union européenne. Mais Mark Zuckerberg lui-même parle de « lois institutionnalisant la censure » en Europe. S’il y a des sujets américains qui sont visés pour complaire à Donald Trump, comme la proximité des modérateurs avec le camp démocrate, Mark Zuckerberg parle d’une déconnexion des vérificateurs sur des sujets comme l’immigration et le genre. Or, ça, ça concerne aussi l’Europe. On voit d’ailleurs aux États-Unis les grandes plateformes se mettre en ordre de marche pour contester la législation européenne dans le cadre d’un rapport de force commercial. La Commission saura-t-elle faire face et conclure ses enquêtes contre les géants du web ? La discrétion de sa présidente, Ursula Von der Leyen, permet d’en douter.

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  • Quand Elon Musk sème le trouble avec une tribune pro-AfD dans le quotidien allemand «Die Welt»
    2025/01/03

    À quelques semaines des élections du 23 février prochain en Allemagne, Elon Musk publie une tribune dans Die Welt, le quotidien édité à Berlin par le groupe Axel Springer. Le milliardaire y exprime son soutien au parti d'extrême droite AfD.

    Dans l'édition dominicale de Die Welt, Elon Musk se déclare favorable à l'AfD, l'Alternative pour l'Allemagne, qui est, selon lui « la dernière lueur d'espoir pour ce pays ». Il y loue la « politique d'immigration contrôlée » de ce parti d'extrême-droite, ainsi que ses objectifs de « réduire les impôts » ou de « déréglementer le marché ».

    Aussitôt, une rédactrice en chef des contributions éditoriales du journal, Eva Marie Kogel, a démissionné. Et ce n'est pas la mise au point, publiée avec la tribune, qui l'a arrêté. Dans cet article, le nouveau rédacteur en chef de Die Welt, Jan Philipp Burgard, apporte la contradiction à l'homme le plus riche du monde, propriétaire de Tesla, de StarLink et de X. « ​​​​​​​Même un génie peut se tromper »,écrit-il, rappelant qu'un dirigeant de l'AfD a utilisé un slogan nazi et que ce parti « est un danger pour nos valeurs et notre économie ».

    Publicité électorale

    Mais cette mise au point n'a pas empêché la polémique, car cette tribune est partie d'un tweet d'Elon Musk, disant que seul l'AfD peut sauver l'Allemagne. Elle permet de donner la caution, pour ne pas dire l'onction du grand quotidien libéral-conservateur, à des propos qui auraient paru inacceptables, donc impubliables, si son auteur n'avait pas été Elon Musk.

    Pour le propriétaire du réseau social X, par exemple, l'AfD ne peut pas être classée à l'extrême droite, car sa cheffe de file, Alice Weidel, est en couple avec une femme originaire du Sri Lanka. L'association des journalistes allemands a dénoncé une « publicité électorale » et rappelé que les médias ne devaient pas servir de « ​​​​​​​porte-voix à des autocrates ».

    Des principes éditoriaux bafoués

    Cette tribune pourrait être en contradiction avec les valeurs d'Axel Springer. Le groupe de médias allemand avait fait mettre, en 1967, dans chaque contrat, cinq principes éditoriaux qui incluaient de favoriser « ​​​​​​​l'unification de l'Europe » et de « rejeter toutes les formes d'extrémisme politique », deux principes antinomiques avec l'AfD que le patron Matthias Döpfner avait lui-même rappelé en 2002. Depuis, ce « Bolloré allemand » affiche sa proximité avec Elon Musk, auquel il a remis un prix de l'innovation en 2020.

    Musk, quant à lui, a pris position en faveur du leader anti-migrants Nigel Farage, au Royaume-Uni, où il estime qu'une guerre civile est inévitable après les émeutes de cet été. Il appelle à la libération d'un activiste anglais d'extrême-droite actuellement en prison, Tommy Robinson. Elon Musk a d'ailleurs rouvert son compte sur X. Si on ajoute le système autoplay sur son réseau social qui pousse par défaut des vidéos racistes et antisémites, il est temps de se demander ce qu'il y a d'extrême droite chez le futur ministre de l'Efficacité gouvernementale de Donald Trump.

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  • Trois images fortes de 2024: des tirs sur Trump, une prison syrienne, la guerre au Soudan
    2024/12/28

    Arrêt sur trois images qui ont marqué l'année 2024, aux États-Unis, en Syrie et au Soudan.

    Le premier arrêt sur image nous conduit aux États-Unis et à la photo publiée par le New York Times, quelques heures après l'attentat contre Donald Trump, le 14 juillet. On y voit l'ancien et futur président lors d'un meeting en Pennsylvanie, devant un pupitre rouge frappé du slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »). Donald Trump a une casquette rouge. Il tourne la tête et, juste à côté de lui, une trainée blanche sur un fond azur, un peu comme un avion très loin dans le ciel. C'est le sillage de la balle qui vient de lui érafler l'oreille.

    Cette photo est signée d'un photographe du New York Times, Doug Mills, qui avait, selon un spécialiste balistique du FBI, une chance sur un million de capturer cet instant précis. Après, Trump apparaît le poing levé, puis avec un pansement à l'oreille. Et d'autres images marquantes suivront, comme celle d'Elon Musk sautillant comme un enfant dans un de ses meetings. Mais cette photo miraculeuse a su saisir l'événement.

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    Deuxième arrêt sur images, direction la Syrie

    Cette fois, c'est lors d'un reportage de CNN, qui nous montre Clarissa Ward, une reporter blonde dans une prison syrienne de Damas. Elle se met en scène en expliquant être partie à la recherche du journaliste américain Austin Tice, retenu en Syrie depuis 2012. Le régime étant tombé, elle le cherche dans les cellules lorsqu'elle tombe sur un détenu sous une couverture à même le sol. L'homme la remercie avec émotion en lui prenant la main. Il a curieusement l'air bien nourri, porte un manteau en peau retourné très propre pour quelqu'un qui dit avoir passé trois mois en prison.

    Un site de fact checking syrien, Verify-Sy, nous apprendra que c'est en réalité un lieutenant des services de renseignement du régime, demeuré introuvable depuis. CNN a rétabli la vérité en faisant mine d'avoir levé seule la supercherie. En Syrie, les images sont parfois menteuses.

    Des photos du journal Le Monde au Soudan

    Focus sur une série de reportages en huit épisodes, signés Eliott Brachet, et intitulée Au Soudan, une guerre totale, avec des photos d'Abdulmoman Eassa. Sur l'une d'elle, on voit au loin un groupe de cinq personnes, hommes et femmes, sur des chaises en plastique blanc, les pieds dans le Nil. On est sur l’île Tuti, près de Khartoum, juste avant la guerre fratricide entre deux généraux qui auraient fait plus de 150 000 victimes civiles depuis avril 2023.

    Cette guerre, peu de médias en parlent. Selon l'INA, sur un an, fin juin 2024, on trouve 8 700 mentions d'Israël et Gaza dans les journaux télévisés français, 4 500 mentions de l'Ukraine et seulement 128 mentions du Soudan. Une autre image ouvre le reportage du Monde : celle d'un fossoyeur près de Khartoum devant l'extension sans fin de son cimetière.

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  • Le journal «Le Monde» fête ses 80 ans
    2024/12/20

    Le quotidien Le Monde occupe une place singulière dans la presse française. Et ce 18 décembre 2024, il fêtait ses 80 ans.

    Le Monde est aujourd’hui un journal consulté essentiellement sur le numérique et diffusé à 500 000 personnes. Mais en 1944, c’est une feuille recto verso mise en page dans les locaux de l’ancien journal Le Temps, rue des Italiens, à Paris. On y compte 40 journalistes contre 540 aujourd’hui.

    Son fondateur, Hubert Beuve-Méry, est un résistant qui est aussi un ancien directeur d’études de l’École des cadres d’Uriage, sous Vichy. C’est lui que le général de Gaulle va choisir pour créer un quotidien de référence en se disant qu’il aura ainsi un allié. Or Hubert Beuve-Méry va gagner son indépendance en s’opposant à De Gaulle lorsqu’il est au pouvoir, même s’il a pu se montrer plus compréhensif sur sa politique étrangère. Et au fond, c’est un principe qui n’a pas varié : plus Le Monde s’est trouvé proche des pouvoirs en place, notamment après l’élection de Mitterrand, moins bon il a été.

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    Le Monde, un journal toujours indépendant

    Le quotidien a bien failli ne plus être indépendant en 2011 lorsqu’il est racheté par un trio d’hommes d’affaires, dont Xavier Niel, que l’on sait proche de Macron. Mais Le Monde a toujours gardé un droit de blocage de sa société des rédacteurs qui lui a permis de se protéger de tout interventionnisme. La collectivité des journalistes doit même apporter son agrément à tout changement d’actionnaire et de directeur.

    Il faut dire aussi que Xavier Niel, qui n’a pas été malmené par Le Monde, lui a apporté les moyens de son indépendance. Avec, depuis avril, une nouveauté : c’est le Fonds pour l’indépendance de la presse qui contrôle Le Monde. Ce fonds prévoit d’ailleurs une enveloppe de 200 000 euros pour soutenir des projets de journalisme.

    Le Monde doit aussi défendre ses choix éditoriaux

    Jeudi 19 décembre, un article signé Eugénie Bastié dénonçait un « malaise grandissant sur le traitement d’Israël dans le journal ». En cause : le fait que le chef adjoint du service international, Benjamin Barthe, ancien prix Albert Londres, est l’époux d’une Palestinienne rencontrée à Ramallah lorsqu’il était correspondant du journal. Cela suffit au Figaro pour reprendre une campagne à laquelle nous a habitués plutôt CNews avec le soupçon d’antisémitisme, voire de complotisme, dont rendrait compte un mur au Monde avec un autocollant « Stop Génocide ». En réalité, Le Monde a eu un traitement équilibré du conflit, rendant compte de l’horreur du 7-Octobre et documentant le massacre en cours depuis à Gaza. Eugénie Bastié, ancienne de CNews, était elle-même apparue dans un article du Monde en soutien de son directeur Alexis Brézet après une crise au Figaro liée à son refus de choisir le front anti-RN.

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  • Les Français touchés par la «fatigue informationnelle», selon une étude
    2024/12/13

    « Fatigue informationnelle », c'est l'expression mise en lumière par une étude publiée mercredi 11 décembre par la Fondation Jean-Jaurès, Arte et l'Observatoire société et consommation.

    La séquence politique actuelle peut illustrer cette fatigue ressentie par les Français : l'Élysée annonce qu'il va nommer un Premier ministre dans un délai de 48 heures, le délai est finalement dépassé, et pendant ce temps, des rédactions sont sur le pont ou en émissions spéciales pour broder sur des hypothèses... Cette façon de faire, les Français n'en veulent plus.

    L'étude publiée mercredi montre qu'un tiers des personnes interrogées seulement se déclarent intéressées par la séquence politique qui a suivi la dissolution. Et on descend en dessous de ce tiers quand il s'agit de dire que les informations ont aidé à « mieux comprendre les enjeux » ou « à voir les choses de différents points de vue ». C'est plutôt le sentiment d'un trop-plein, d'une répétition ou d'un flux incessant.

    Un mois avant les élections européennes, on trouvait moins de quatre personnes sur dix pour dire que les infos les aidaient à prendre une décision. En outre, l'actualité est de plus en plus perçue émotionnellement. Que ce soit pour l'assassinat du professeur Bernard, la guerre en Ukraine, le conflit à Gaza et les émeutes après la mort de Nahel, il y a souvent près de la moitié des Français qui se déclarent angoissés, stressés ou énervés. D'où une fatigue qui est ressentie par 54 % des personnes interrogées.

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    L'étude parle aussi d'« un exode informationnel »

    L'étude parle de « désengagement » et de « reflux », c'est-à-dire qu'on a recours à moins de canaux pour s'informer — pas plus de trois en général — et l'intérêt pour les médias a baissé en deux ans. C'est particulièrement vrai pour les chaînes d'infos, les émissions d'« actu-divertissement » et même pour les radios. Et ce sont les réseaux sociaux qui en profitent. Les TikTok, Insta, X, Facebook ou YouTube servent de plus en plus à s'informer, en bien ou en mal, puisque plus d'un Français sur deux estime qu'il peine à distinguer le vrai du faux.

    Retrouvez notre podcast :La fabrique des fake news

    Le désengagement se ressent aussi par une moindre implication dans l'actualité : on partage moins d'infos, on en discute moins avec ses proches et on éprouve moins le besoin de croiser ses sources. En outre, l'information doit se trouver une place dans la bataille des plateformes en ligne pour capter l'attention, et la tentation des médias est alors d'attirer l'œil — ou l'oreille — plutôt que d'informer. Si on est adepte du scrolling, le fait de passer d'une vidéo à l'autre, très fort chez les jeunes, on peut avoir le sentiment d'être le jouet des algorithmes, de se faire voler sa vie. La parade est alors de désactiver ses notifications et de se tenir à distance des réseaux sociaux, mais aussi de l'actualité. Finalement, ce qui ressort de cette étude, c'est que les personnes interrogées aspirent à un peu moins de boulimie et à un peu plus de mesure.

    À écouter dans 8 milliards de voisinsFatigue informationnelle : sommes-nous trop informés ?

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  • Élection présidentielle en Roumanie: suspicion de manipulation électorale sur TikTok
    2024/12/06

    En Roumanie, le deuxième tour de l'élection présidentielle devait avoir lieu ce dimanche 9 décembre mais ce vendredi, la Cour constitutionnelle roumaine a annulé le premier tour en raison de soupçons d'ingérences russes par le biais de TikTok.

    C’est un véritable coup de théâtre qui s’est opéré ce vendredi 6 décembre 2024. La Cour a décidé d’annuler la totalité du scrutin et de relancer le processus électoral. Une décision qui a surpris dans la mesure où elle avait d’abord validé les résultats du premier tour après un recomptage des voix. Mais des documents des services de renseignements ont étayé l’idée d’un rôle massif de TikTok dans la campagne, avec la Russie aux manettes. Face à Elena Lasconi, candidate centriste pro-européenne, ancienne journaliste, Calin Georgescu, candidat surgi de nulle part, a été appuyé par une campagne redoutablement efficace sur TikTok. Or, cet ancien haut fonctionnaire, qui s’est découvert une passion pour les vidéos complotistes pendant le covid, est un admirateur de Vladimir Poutine. Il appelle à l’arrêt de l’aide à l’Ukraine.

    Surveillance du réseau TikTok

    La Commission européenne a aussi annoncé jeudi qu'elle intensifiait sa surveillance de ce réseau après avoir reçu des informations sur une possible interférence de la Russie. Bien qu'elle ne se prononce pas sur une éventuelle violation de son règlement, elle demande à la plateforme chinoise de conserver les données qui permettront d'établir une possible manipulation. On trouve d'abord, chez le candidat Georgescu, la diffusion de fausses informations sur TikTok, comme lorsqu'il prétend que les enfants ukrainiens réfugiés en Roumanie reçoivent près de 750 euros d'allocations contre 50 euros pour « un enfant roumain du même âge ». C'est une de ses vidéos les plus vues qui l'ont rendu populaire. Il y a ensuite des choses étranges comme cette centaine d'influenceurs qui ont reconnu avoir été achetés quelques centaines d'euros pour inciter à aller voter en mettant un hashtag « Equilibreetverticalité ». Or ces mots dièse renvoyaient vers la campagne de Georgescu, candidat qui n'a ni parti ni, en principe, de dépenses de campagne.

    Un candidat qui ne fait pas campagne non plus sur les médias traditionnels

    C'est ce qui rend encore plus suspecte cette offensive éclair. Début novembre, le candidat n'atteignait pas 1% dans les sondages et il finit à près de 23% des voix au premier tour. C'est qu'entre-temps, selon le Conseil de défense roumain, il a bénéficié d'une « exposition massive » sur TikTok tout en n'étant pas étiqueté « candidat politique ». Les 25 000 comptes TikTok sont devenus extrêmement actifs en sa faveur et la mobilisation s'est organisée depuis Telegram. Des logos d'institution ont été aussi détournés pour faire croire à un soutien officiel. Si on ajoute des cyberattaques venues de Russie lors du premier tour, on a là tous les signaux de ce que les spécialistes appellent une « guerre hybride ».

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  • Les médias dans le viseur du gouvernement Netanyahu
    2024/11/29

    Le gouvernement de Benyamin Netanyahu prend des mesures de répression à l'égard de la presse libre et de l'audiovisuel public en Israël.

    Le ministre israélien des Communications, Shlomo Karhi, cible ceux qui « soutiennent les ennemis de l'État » en s'en prenant au journal Haaretz, véritable institution du journalisme, créé en 1919 sous le mandat britannique. Dimanche 24 novembre, ce ministre venu de la branche dure du Likoud a fait adopter une résolution visant à rompre tout soutien, de quelque nature que ce soit, avec ce journal de centre-gauche, reconnu pour le sérieux de ses enquêtes et critique à l'égard de la guerre menée par Netanyahu.

    Haaretz sera donc privé de tous les abonnements des administrations, de toutes les publicités d'État, de toutes les aides publiques. Il est même interdit aux fonctionnaires de lui parler. Un boycott que Karhi justifie par les éditoriaux du quotidien, mais aussi par une intervention à Londres de son éditeur Amos Schocken qui a dénoncé un « cruel régime d’apartheid » imposé à la population palestinienne, tout en évoquant « les combattants de la liberté palestiniens, qu’Israël qualifie de terroristes ». Une expression dont s'est désolidarisée la rédaction, même si ce directeur a expliqué qu'il ne parlait pas alors du Hamas.

    En réalité, il s'agit d'un prétexte, car ce que vise Shlomo Karhi, c'est surtout l'expression de voix dissonantes, notamment depuis le mandat d'arrêt émis contre Benyamin Netanyahu par la CPI. Un mandat d'arrêt qui, selon Haaretz, « met à rude épreuve les liens politiques et diplomatiques d'Israël avec ses alliés et change la façon dont il est perçu ».

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    L'audiovisuel public est aussi dans le viseur du gouvernement. Et pas dans la nuance. Là, il s'agit, dans les deux ans, de fermer puis de privatiser Kan, la télé publique et ses radios. La proposition de loi du ministre a déjà obtenu un vote préliminaire du Parlement. Au « nom d'une idéologie d'économie libérale », dit-il, il faut en finir avec un média « qui appelle à la haine contre l'État d'Israël » pour recéder les fréquences à des intérêts privés.

    Évidemment, une telle disposition illibérale est typique des régimes autoritaires et des mesures préconisées par l'extrême droite. Mais ce n'est pas très étonnant de la part d'un gouvernement qui interdit un média étranger comme Al-Jazeera au nom de la sécurité nationale. Il a même obligé en août Kan, le diffuseur public, à couvrir les frais de diffusion de Channel 14, une télé pro-Netanyahu, en l'installant sur la TNT israélienne. Et il prévoit d'attribuer lui-même les licences de radios, sans passer par une autorité indépendante. C'est le moment de se rappeler qu'Israël se flatte d'être la seule démocratie du Moyen-Orient. Et qu'il n'est pas de démocratie sans médias libres.

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  • La COP29 rate son rendez-vous avec les médias
    2024/11/22

    La couverture du dérèglement climatique à l'occasion de la COP29 montre que cette COP a raté son rendez-vous avec les médias.

    Il y avait beaucoup de journalistes à la COP29, on en a compté près de 3 000 à Bakou. C'est beaucoup, même si c'est tout de même 1 000 de moins que l'an dernier. Très vite, cette COP en Azerbaïdjan a été parasitée par l'élection de Donald Trump, le premier des climato-sceptiques, qui a promis de sortir son pays de l'Accord de Paris. Puis, il y a eu le G20 et l'importance des questions internationales en Ukraine et au Moyen-Orient.

    Mais surtout, c'est le choix de l'Azerbaïdjan qui s'est révélé complétement contre-productif. Non seulement c'est un pays producteur de gaz et de pétrole, ces « dons de Dieu », selon son président, Ilham Aliev, mais c'est aussi un régime autoritaire accusé d'atteintes aux droits de l'Homme au Haut-Karabakh, face à la population arménienne, ou à l'intérieur de ses frontières. Le Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe a ainsi appelé à libérer les journalistes et les militants emprisonnés.

    Bakou s'est révélé très vite l'épicentre de tensions diplomatiques beaucoup plus que de convergences de vues. On l'a vu lorsque le président argentin Javier Milei a claqué la porte. Ou lorsque la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annulé sa venue après les propos d'Ilham Aliev, accusant la France de crimes en Nouvelle-Calédonie. La question centrale du dérèglement climatique, après l'année la plus chaude de l'histoire, a souvent été masquée par ces incidents.

    À écouter, notre série de reportages :Les effets visibles du changement climatique

    Une couverture médiatique qui n'est pas à la hauteur des enjeux

    Dans l'ensemble, la couverture médiatique n'a pas été à la hauteur des enjeux, même si certains médias, dotés d'équipes conséquentes sur l'environnement, comme Le Monde, ont apporté un traitement éditorial important. Le journaliste de Reporterre, le média de l'écologie, qui est allé en train à Bakou, a pointé les attentes dans les pays du Sud : un impôt sur les ultra-riches face au coût écologique des jets privés, une hausse du financement de la transition climatique avec 1 200 milliards de dollars attendus contre 100 aujourd'hui, la fin de la répression des militants écologistes qui luttent contre la déforestation ou les gazoducs.

    Globalement, la COP29 a échoué à mobiliser les médias. En France, on mesure sur le site de l'INA data que le climat est une vague verte qui retombe à partir de 2023 dans les journaux télévisés. Des progrès ont été faits, comme le fait de ne pas illustrer une canicule par un sorbet de glace ou d'associer des catastrophes comme les inondations dans la région de Valence à la question climatique. Mais, on l'a bien vu en Espagne, les gens ne sont pas encore informés à la mesure de l'urgence.

    À écouter dans C'est pas du ventCOP29 : comment faire face au chaos ?

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