À la Une en Asie aujourd’hui : les déboires du groupe français Sodexo, bien connu pour les nombreux restaurants d’entreprise qu’il gère en France... En Australie son incursion dans le secteur minier, pourtant locomotive de l’économie australienne, lui coûte au contraire, très cher.
Avec notre correspondant à Sydney,
Un géant en grande difficulté ?Absolument, il a perdu près de 10 millions d’euros l’année dernière, et plus de 100 millions d’euros, au cours des neuf dernières années… Il faut dire que l’activité qui plombe la Sodexo en Australie est loin d’être aisée, puisqu’il s’agit de gérer des camps de mineurs, des camps situés généralement dans des régions très isolées, à des centaines de kilomètres des villes les plus proches, souvent en plein désert, où le climat, est particulièrement rude.
Et pour ajouter à ces difficultés, la Sodexo a perdu en 2024 l’un de ses gros clients, le groupe Fortescue, propriété d’Andrew Forrest, la deuxième personne la plus riche d’Australie, qui lui a préféré une entreprise concurrente pour gérer ses camps de mineurs dans la région de Pilbara, où on trouve certaines des plus grandes mines de fer au monde.
Des services de Sodexo parfois critiquésOui c’est exact, ces dernières années, la Sodexo a souvent été critiquée par les mineurs, notamment pour la qualité des repas qu’elle proposait dans ces camps… Or ces mineurs, ils sont certes très bien payés, mais ils travaillent aussi dans des conditions très difficiles, ils passent plus de la moitié de l’année à des centaines, voire à des milliers de km de leur foyer, de leur famille, et donc le minimum qu’ils attendent, quand leur journée de travail est terminée, ce sont des installations correctes et des repas qui leur plaisent. Qui plus est, comme ils disposent de compétences rares, et très recherchées, ils n’ont aucun mal à trouver du travail, et ce qui peut faire la différence, quand il s’agit de choisir un employeur, et bien c’est la qualité de la cantine.
Alors ces critiques, la Sodexo les a entendus, elle a investi plus de 130 millions d’euros depuis 2017 dans sa division australienne pour monter en gamme… Ainsi dans certains de ces camps de mineurs, on peut maintenant manger de la côte de bœuf, il y a aussi des chefs asiatiques qui vous proposent des plats chinois ou vietnamiens… Le groupe prévoit également d’y mettre en place prochainement des salons de coiffure ou encore des cours de yoga.
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Une montée en gamme pour décrocher de nouveaux contratsÉvidemment, mais aussi à en renouveler certains, notamment un méga contrat de un milliard et demi d’euros conclu avec le géant minier Rio Tinto d’une durée de dix ans, et qui arrive à échéance en 2026. Le groupe a tout récemment indiqué à ses actionnaires qu’il était en train de négocier son éventuelle reconduction, et que celle-ci serait déterminante pour l’avenir du groupe en Australie. Il faut dire que la Sodexo, qui est au service de plus de 20 000 mineurs en Australie, a vu son chiffre d’affaires plus que doubler en 10 ans, il a atteint plus de 600 millions d’euros l’année dernière, mais c’est aussi le cas de ses coûts, notamment en matière de main-d’œuvre, mais aussi de matières premières.
Reste que pour l’instant, le groupe reste déterminé à s’installer durablement dans le secteur minier australien et il continue d’espérer qu’à terme, cette activité finira être rentable.