Selon une enquête menée par Preply auprès de 1 500 Français, les perceptions des accents régionaux révèlent une hiérarchie assez marquée, influencée autant par des considérations esthétiques que par des stéréotypes culturels profondément ancrés.
L’accent du Sud (notamment celui de Marseille ou de la Provence) est le grand favori : 42 % des sondés déclarent l’apprécier. Cet accent est généralement perçu comme chaleureux, chantant, expressif — il évoque le soleil, la convivialité, l’humour, voire la générosité. En deuxième position, l’accent basque est également très bien vu (27 %), sans doute en raison de son caractère affirmé, exotique et de son lien avec une culture locale forte et fière.
À l’inverse, certains accents régionaux recueillent très peu d’adhésion. L’accent alsacien et l’accent breton ne séduisent que 8 % des répondants. L’accent normand et l’accent lyonnais arrivent en queue de classement avec seulement 6 % de votes favorables. Ces faibles scores s’expliquent par plusieurs facteurs.
D’abord, la musicalité perçue joue un rôle : les accents jugés "secs", "plats" ou "peu mélodieux" séduisent moins. L’accent alsacien, influencé par des sonorités germaniques, peut être ressenti comme plus "dur", plus rigide. L’accent lyonnais, plus discret et peu marqué, est souvent jugé "neutre" ou "sans charme". Le normand et le breton sont associés à des régions rurales, pluvieuses, et parfois à une image moins dynamique ou moins valorisée.
Ensuite, il faut noter l’importance de la dimension sociale et culturelle. Certains accents, comme celui du Sud, véhiculent une image positive liée à la chaleur humaine, à l’humour et à la détente. D’autres, comme le parisien, sont associés à la norme linguistique nationale. Il n’est pas massivement aimé (10 %), mais il bénéficie d’un prestige implicite, notamment dans les sphères professionnelles, éducatives ou médiatiques.
Ces préférences révèlent aussi la persistance d’une forme de glottophobie : une discrimination fondée sur la manière de parler. Dans la société française, la centralisation historique autour de Paris et l’importance accordée au français "standard" ont contribué à dévaloriser les accents régionaux pendant des décennies. Même si la fierté locale et l’identité culturelle régionale progressent, les préjugés restent forts, surtout envers les parlers considérés comme "ruraux", "difficiles à comprendre" ou "moins prestigieux".
En résumé, les accents les plus aimés en France sont ceux qui évoquent la chaleur, l’authenticité et la joie de vivre. Les moins aimés, eux, souffrent souvent d’une faible visibilité médiatique, d’une connotation austère ou d’un manque de reconnaissance culturelle. Cette hiérarchie linguistique en dit long sur les rapports que les Français entretiennent avec leur propre diversité.
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