• Le lourd tribut payé par les journalistes géorgiens à la couverture de la crise

  • 2024/12/14
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Le lourd tribut payé par les journalistes géorgiens à la couverture de la crise

  • サマリー

  • La Géorgie est secouée par une crise politique depuis les élections législatives du 26 octobre, remportées par le parti Rêve Géorgien, mais contestées par l'opposition pro-occidentale pour des irrégularités. Raconter les manifestations et les violences policières et extra policières est devenu très dangereux pour la presse. Laquelle est déjà depuis longtemps sous pression du parti arrivé au pouvoir en 2012. Ils sont des figures nationales de la profession, des journalistes respectés et expérimentés envoyés pour couvrir un tournant majeur dans l'histoire de leur pays. Ces derniers jours, certains d’entre eux ne sont pourtant désormais plus dans les rues en face et autour du Parlement le soir, épicentre de la contestation, mais chez eux avec pour consigne médicale stricte de rester allongés, cela après un passage de plusieurs jours à l’hôpital. Maka Tchirladzé, journaliste sur la chaîne TV Pirvelli, et Guram Rogava reporter réputé de Formula TV, ont aussi en commun d’avoir été agressés pendant qu’ils étaient en direct sur leurs chaînes respectives. Les images ont tourné partout en Géorgie.Il y a pile une semaine, vers 21h, Maka Tchirladzé travaillait juste à côté du Parlement : « Il y avait une voiture de police au coin d’une rue, mais surtout un groupe d’hommes masqués en noir dans une rue sans éclairage en train de tabasser deux hommes », raconte-t-elle à son domicile, du canapé sur lequel elle s’installe avec difficulté. « Je leur ai demandé : "qui êtes-vous ? pourquoi est-ce que vous frappez ces hommes ?". Sept à huit d’entre eux se sont alors tournés vers nous. Je n’ai même pas pu voir celui qui s’approchait derrière moi et m’a jetée par terre. Je me suis retrouvée encerclée et frappée au sol. Mon manteau était très épais et par chance, il a en partie amorti les coups, mais j’ai vraiment cru qu’ils allaient me tuer. J’ai entendu l’un d’eux finir par dire "c’est une femme, alors on arrête et on laisse tomber maintenant". Mais un autre a répondu "ce n’est pas une femme, juste une salope de journaliste d’investigation"».« Dans mon pays désormais, je n’ai plus confiance dans les institutions ». Aucun doute pour Maka Tchirladzé : ces hommes savaient très exactement qui ils étaient en train de frapper. Cette journaliste expérimentée et mère de famille, dont les enfants continuent à aller manifester, a subi une commotion cérébrale, a un œil et un genou très abîmé, et des bleus sur tout le corps. Son caméraman a également été battu et la totalité du matériel a été volé. « Je n’ai pas peur », dit-elle sur un ton très égal, « et je n’attends qu’une chose, c’est de retourner faire mon travail. Mais ce qui me rend anxieuse, et ça, c'est beaucoup plus douloureux que mes blessures physiques, c’est que dans mon pays désormais, je n’ai plus confiance dans les institutions ». Une enquête a été ouverte, mais Maka Tchirladzé disait mercredi ne toujours pas être juridiquement considérée comme victime à ce stade. Conséquence très concrète : ni elle, ni son avocat, n’ont accès à son dossier ni aux démarches des forces de l’ordre.Guram Rogaya lui n’attend rien de la police, il est persuadé que personne ne retrouvera jamais l’homme qui aurait pu le tuer ou le laisser paralysé. Cela s’est joué à quelques millimètres près selon le récit qu’il fait de ce que lui ont dit les médecins. Le coup reçu très près de sa moelle épinière à la nuque le 29 novembre dernier lui a large minerve. Habitué à recevoir des menaces depuis de longues années, son agression en direct est pour lui un choix réfléchi qui va bien au-delà de sa personnalité et de son parcours de journaliste ayant couvert de nombreux conflits : « C’est fait pour montrer à mes collègues "regardez ce qu’il se passe si vous l’ouvrez, si vous êtes contre nous, si vous voulez montrer la vérité au public". Ce n’est pas une erreur, c’est une politique délibérée de ce système ». Pour Guram Rogaya, il y a aussi un autre sens à sa violente agression : « Le parti du rêve géorgien me signifie aussi autre chose : "Nous ne montrons pas ce qui t’es arrivé sur nos chaînes de télévision au public qui nous croit en nous". Ils veulent me dire "tu es invisible dans ce pays, tu n’as aucun droit" ».À lire aussiManifestations pro-européennes en Géorgie: la tension monte encore d'un cran à TbilissiLa vidéo du tabassage de Guram Rogaya a bien été montrée à un membre du gouvernement par une de ses consoeurs... Le ministre a ignoré le sujet.Ils sont nombreux les journalistes à faire part de difficultés de longue date avec le parti au pouvoir. C’est le cas de Nino Zaoutachvili, présentatrice star de la seule chaine de service public de l’information, progressivement puis désormais nettement mise sur la touche. Cela fait douze ...
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あらすじ・解説

La Géorgie est secouée par une crise politique depuis les élections législatives du 26 octobre, remportées par le parti Rêve Géorgien, mais contestées par l'opposition pro-occidentale pour des irrégularités. Raconter les manifestations et les violences policières et extra policières est devenu très dangereux pour la presse. Laquelle est déjà depuis longtemps sous pression du parti arrivé au pouvoir en 2012. Ils sont des figures nationales de la profession, des journalistes respectés et expérimentés envoyés pour couvrir un tournant majeur dans l'histoire de leur pays. Ces derniers jours, certains d’entre eux ne sont pourtant désormais plus dans les rues en face et autour du Parlement le soir, épicentre de la contestation, mais chez eux avec pour consigne médicale stricte de rester allongés, cela après un passage de plusieurs jours à l’hôpital. Maka Tchirladzé, journaliste sur la chaîne TV Pirvelli, et Guram Rogava reporter réputé de Formula TV, ont aussi en commun d’avoir été agressés pendant qu’ils étaient en direct sur leurs chaînes respectives. Les images ont tourné partout en Géorgie.Il y a pile une semaine, vers 21h, Maka Tchirladzé travaillait juste à côté du Parlement : « Il y avait une voiture de police au coin d’une rue, mais surtout un groupe d’hommes masqués en noir dans une rue sans éclairage en train de tabasser deux hommes », raconte-t-elle à son domicile, du canapé sur lequel elle s’installe avec difficulté. « Je leur ai demandé : "qui êtes-vous ? pourquoi est-ce que vous frappez ces hommes ?". Sept à huit d’entre eux se sont alors tournés vers nous. Je n’ai même pas pu voir celui qui s’approchait derrière moi et m’a jetée par terre. Je me suis retrouvée encerclée et frappée au sol. Mon manteau était très épais et par chance, il a en partie amorti les coups, mais j’ai vraiment cru qu’ils allaient me tuer. J’ai entendu l’un d’eux finir par dire "c’est une femme, alors on arrête et on laisse tomber maintenant". Mais un autre a répondu "ce n’est pas une femme, juste une salope de journaliste d’investigation"».« Dans mon pays désormais, je n’ai plus confiance dans les institutions ». Aucun doute pour Maka Tchirladzé : ces hommes savaient très exactement qui ils étaient en train de frapper. Cette journaliste expérimentée et mère de famille, dont les enfants continuent à aller manifester, a subi une commotion cérébrale, a un œil et un genou très abîmé, et des bleus sur tout le corps. Son caméraman a également été battu et la totalité du matériel a été volé. « Je n’ai pas peur », dit-elle sur un ton très égal, « et je n’attends qu’une chose, c’est de retourner faire mon travail. Mais ce qui me rend anxieuse, et ça, c'est beaucoup plus douloureux que mes blessures physiques, c’est que dans mon pays désormais, je n’ai plus confiance dans les institutions ». Une enquête a été ouverte, mais Maka Tchirladzé disait mercredi ne toujours pas être juridiquement considérée comme victime à ce stade. Conséquence très concrète : ni elle, ni son avocat, n’ont accès à son dossier ni aux démarches des forces de l’ordre.Guram Rogaya lui n’attend rien de la police, il est persuadé que personne ne retrouvera jamais l’homme qui aurait pu le tuer ou le laisser paralysé. Cela s’est joué à quelques millimètres près selon le récit qu’il fait de ce que lui ont dit les médecins. Le coup reçu très près de sa moelle épinière à la nuque le 29 novembre dernier lui a large minerve. Habitué à recevoir des menaces depuis de longues années, son agression en direct est pour lui un choix réfléchi qui va bien au-delà de sa personnalité et de son parcours de journaliste ayant couvert de nombreux conflits : « C’est fait pour montrer à mes collègues "regardez ce qu’il se passe si vous l’ouvrez, si vous êtes contre nous, si vous voulez montrer la vérité au public". Ce n’est pas une erreur, c’est une politique délibérée de ce système ». Pour Guram Rogaya, il y a aussi un autre sens à sa violente agression : « Le parti du rêve géorgien me signifie aussi autre chose : "Nous ne montrons pas ce qui t’es arrivé sur nos chaînes de télévision au public qui nous croit en nous". Ils veulent me dire "tu es invisible dans ce pays, tu n’as aucun droit" ».À lire aussiManifestations pro-européennes en Géorgie: la tension monte encore d'un cran à TbilissiLa vidéo du tabassage de Guram Rogaya a bien été montrée à un membre du gouvernement par une de ses consoeurs... Le ministre a ignoré le sujet.Ils sont nombreux les journalistes à faire part de difficultés de longue date avec le parti au pouvoir. C’est le cas de Nino Zaoutachvili, présentatrice star de la seule chaine de service public de l’information, progressivement puis désormais nettement mise sur la touche. Cela fait douze ...

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