Les forêts alluviales, ou encore ripisylves, sont en péril, à cheval entre les eaux et la canopée. Le fleuve du Rhône, bien que trop souvent artificialisé, témoigne de milieux remarquables qu'il est urgent de mieux connaître, et de préserver.
Tour d'horizon des zones à enjeux et de leurs caractéristiques, une discussion avec Adeline Aird, chargée de mission botanique, phytosociologue au Conservatoire Botanique National du Massif Central.
“Les forêts alluviales, ce sont des forêts qui se développent au sein de la vallée d’un fleuve, dans des conditions particulières, en termes d’hydrométrie notamment, qui permettent le développement de différentes espèces d’arbres, d’arbustes, d’herbacés. C’est aussi un milieu qui est façonné par les crues.”
“Si on est très proche du lit du cours d’eau, on a des espèces de bois tendre – des saules, des peupliers – et plus on s’en éloigne plus on a des espèces dites de bois dur – des frênes, des ormes, voire des chênes, qui aiment moins avoir les pieds dans l’eau.”
“Dans le temps, sur le Rhône on avait un système en tresse : un réseau de bras enchevêtrés, remanié au gré des crues. L’homme a façonné et modifié la morphologie du Rhône et son paysage. On l’a chenalisé pour améliorer sa navigabilité. Plus tard, on a aussi installé des infrastructures hydroélectriques.”
“Phytosociologie, on a phyto d’un côté, sociologie de l’autre : c’est l’étude des assemblages, des cortèges de plantes entre elles. En fait, on s’est rendu compte en botanique qu’on retrouve souvent les mêmes plantes les unes à côté des autres. C’est en quelque sorte la sociologie des plantes entre elles.”
“L’epipactis du castor, cette orchidée sauvage dont nous travaillons à la préservation, a été découverte très tardivement, en 1992. Elle n’est présente que dans des conditions très spécifiques, et se cantonne donc à la moyenne vallée du Rhône dont elle est endémique. Sa présence est un indicateur du bon état écologique de son milieu, de la forêt.”
“Ce qu’on voudrait c’est préserver l’existant, et restaurer, replanter des forêts, retrouver des corridors de forêts fonctionnelles le long du Rhône.”
Un épisode présenté par Matthieu Coumoul Llamas, naturaliste au sein de l’association Des Espèces Parmi’Lyon.